Avatar @ Trianon le 14/03/2018
Neyelia
Journaliste

«Avatar aura donné ce soir tout ce qu'on pouvait attendre d'eux : des bons titres, des succès comme des plus méconnus, de l'énergie, du headbang à s'en dévisser le crâne, de l'émotion, de la Majesté, du show, en somme !»

Créé 14/03/2018
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Mercredi 14 mars 2018, pour les fidèles du Hellfest cela fait 9 mois que nous n'avons pas vu les fous furieux d'Avatar, pour les autres, il faut remonter à plus d'un an, et à ce 5 décembre 2016 au Trabendo. Ce soir, le show a pris une autre envergure ! Décor de prestige, le Trianon comme écrin pour accueillir la bande de Göteborg. Et une scène aux dimensions de leur ambition et de leur installation, estrade faisant le tour de la batterie incluse. Etant donné la qualité des shows précédents, cela promet d'être explosif et monumental !

En guise de préchauffage, nous retrouvons Old Kerry McKee. Avis aux sectaristes : ceci n'est PAS pour vous. Ici, on sert de la folk/blues mélancolique. L'homme-orchestre est entouré de son ampli, sa platine vinyle, les deux caisses claires et la cymbale qui supportent la rythmique, et sa chère guitare folk sur les genoux. Il gère tout cela avec une maestria incontestable, et a tôt fait de nous embarquer pour presque une demi-heure de voyage.
Mais que fait-il en première partie d'Avatar ? Eh bien, 1/ je vous le demande, 2/ c'est Avatar, après tout, 3/ si ça ne vous suffit pas, j'ai une meilleure explication, attendez !
Il faut savoir que le grand nordique qui se trouve face à nous n'est ni plus ni moins qu'un batteur et guitariste virtuose, qui a oeuvré dans des groupes de death metal bien avant de se tourner vers la musique épurée qu'il propose aujourd'hui. Ex-guitariste de Crimson Moonlight, ex-batteur et guitariste du groupe Inevitable End, le bougre a fait ses armes avec saturation et distorsion, avant de revenir à l'essence même de la musique, l'acoustique et la mélodie dans leur plus simple appareil. Toujours est-il que ces origines plus sombres nous éclairent d'une part sur le mystère de sa présence aux côtés d'Avatar, qu'il connaît depuis le « bon vieux » temps où Avatar ressemblait à tous les groupes du cru Göteborg-death-metal, et d'autre part sur la noirceur des textes de ce cher Kerry (je vous le donne en mille : ce n'est pas son prénom de naissance !).
Aujourd'hui, le suédois nous livre une performance pour le moins intimiste, fait rare dans une salle telle que le Trianon, qui est particulièrement touchante car particulièrement authentique. Au programme, une vingtaine de minutes de guitare-batterie-voix, avec juste un vinyle pour l'ambiance, et un voyage dans le temps absolument divin avec un saltimbanque des temps modernes, mais tout de même très vintage.

Seconde partie de show, et attention, j'ai bien dit de show, pas de concert ! La bande d'Hellzapoppin débarque. Hellzapoppin, c'est un concept simple, vieux comme le monde, mais toujours aussi efficace pour chauffer une salle : un freakshow. Pour ceux qui ne seraient pas familiers du genre, explication de texte. « Un freakshow est l'exposition d'êtres humains comportant des aspects physiques sortant de l'ordinaire » (merci Wikipédia !) Depuis, le concept s'est élargi à toute performance choquante ou effrayante (mais habilement maîtrisée) qui divertit les foules comme jamais.
Du fait du caractère potentiellement choquant des numéros présentés ici, nous avons fait le choix de ne pas publier de photos de la performance, bien que, je vous l'assure, elle soit impressionnante, dans tous les sens du terme !
Les numéros se succèdent, pendant presque trois quarts d'heure. De l'homme-tronc au classique avaleur de sabre, en passant par un homme-poussin qui plante un couteau entre ses doigts, un nain qui avale un ballon de baudruche long comme lui, notre cher homme-tronc qui marche sur du verre, ou encore un fou-furieux gabarit bûcheron qui accroche à l'intérieur de ses paupières des crochets au bout desquels pendent des poids et même une boule de bowling, tout y passe, et nos estomacs également !

Il nous faudra bien les vingt minutes de changement de plateau pour nous remettre de nos émotions. Vingt minutes où, pour nous tenir compagnie, ce n'est pas l'habituelle musique, à base d'AC/DC et consorts, qu'on connaît tous, c'est la Radio Officielle du Royaume d'Avatar. Son Altesse Royale Kungen s'adresse même à ses sujets entre deux titres. En guise d'introduction, « Glory to Our King », l'hymne du royaume, retentit, et l'on peut admirer une bannière portant inscription des paroles de cet hymne, afin que chaque citoyen puisse l'entonner main sur le coeur comme il se doit. Besoin d'un cours de rattrapage ? Je vous l'offre ! « Glory to Our King, Our Lord, the Master of Steel, Glory to Our Knight in shining armor, long live Our King, My Lord, we raise our swords, the Legend has come true, You've come to save us. »
Sur ces belles paroles, on est lancés dans une heure et demie de show dantesque comme seul Avatar sait nous en livrer.
Il ne serait pas rendre justice au Roi de commencer par autre chose qu'une chanson en Son honneur. C'est donc « Legend of the King » qui ouvre les hostilités, et c'est un choix audacieux au vu de la longueur du titre. Pour lancer la machine, on retrouve ensuite le combo « Let it Burn » / « Paint Me Red », bien plus efficace, et les chevelures, sur scène comme en fosse, ne tardent pas à virevolter en rythme.
Pour ceux qui avaient assisté à la performance olympique du Trabendo, croyez-moi, on est encore un cran au-dessus. Plus en place, plus affuté techniquement comme scéniquement, et toujours cet incroyable charisme de Johannes Eckerström, qui volerait presque la vedette à notre Emblème Royal, Kungen.
Les titres s'enchaînent aisément, le show est rodé sans paraître scénarisé, Johannes, alias porte-parole du Royaume, insiste sur l'importance de Paris dans l'histoire d'Avatar, et se permet même un rapide sondage sur l'ancienneté des citoyens avant d'attaquer « War Zone », très vieux titre de 2006, dont il dira que c'est « la première chanson qui ressemble à quelque chose que le Roi ait écrite, et en fait la première chanson qui ressemble à quelque chose que nous ayons écrite ». Les vieux fans comme moi apprécieront la diversité de la setlist qui va même piocher dans les archives l'incroyable « Reload » du tout premier album du groupe, et laisse tout de même la part belle aux titres les plus récents, puisque c'est bien eux que les suédois sont venus promouvoir.
Côté public, ça bouge beaucoup, en solo à se détruire les cervicales ou en groupe à se percuter joyeusement, le moins que l'on puisse dire est que l'assistance est tout sauf passive ! Il faut dire que les cinq fous qui se partagent la scène nous y aident bien et donnent comme toujours la moindre once de leur énergie.
Avatar aura donné ce soir tout ce qu'on pouvait attendre d'eux : des bons titres, des succès comme des plus méconnus, de l'énergie, du headbang à s'en dévisser le crâne, de l'émotion, de la Majesté, du show, en somme ! Je ressors en trépignant d'impatience jusqu'au Download, et encore plus conquise qu'au Trabendo.

Setlist :
1. Glory To Our King
2. Legend of the King
3. Let It Burn
4. Paint Me Red
5. King's Harvest
6. Bloody Angel
7. For the Swarm
8. The King Wants You
9. Puppet Show
10. Tower
11. The Eagle Has Landed
12. War Song
13. Raven Wine
14. Reload
15. Smells Like a Freakshow
16. A Statue of the King
17. The King Welcomes You To Avatar Country
18. Hail the Apocalypse