Inferno Metal Festival : Jour 0 par Denis Lagrange
L’an dernier, on a mis le cap sur Bergen, en Norvège, pour expérimenter le Beyond the Gates Festival. Le report en est d’ailleurs disponible sur le site, si vous voulez savoir ce qu’on en a pensé. Comme c’était une réussite (et pas la première en termes de festivals à l’étranger, voir aussi le Mystic Festival à Gdansk), on a gardé un œil ouvert sur les annonces de groupes dans les festivals européens. Or, comme toute personne psychologiquement équilibrée, j’apprécie une petite dose de black metal, à n’importe quel moment de la journée. Batushka, Gaerea, 1349, Rotting christ, Satyricon, Behemoth ont pour points communs d’appartenir au genre, de faire partie d’au moins une de mes playlists et… d’être à l’affiche de l’Inferno Metal Festival (qu’on abrégera simplement Inferno par la suite) cette année. Pour ne rien gâcher, on a aussi Septicflesh pour la caution death sympho. C’était trop tentant pour l’ignorer (et de toute façon, j’aurais été enrôlé de force par madame si ça n’avait pas été le cas).
Notre atterrissage à l’aéroport d’Oslo Gardermoen est imminent, la météo à notre destination est clémente, avec un ciel couvert mais sec et une température de 15°. L’annonce du commandant de bord terminée, nous voici donc arrivé à Oslo le mardi soir, avec un peu d’avance (le festival débute le jeudi) pour pouvoir se familiariser un peu avec la capitale norvégienne. L’absence de pluie nous donne un peu d’espoir pour le festival, puis on se souvient que l’espoir, ce n’est pas très black metal et que cet état de grâce ne durera pas. Mais revenons à l’aspect logistique. Le train pour rejoindre le centre d’Oslo prend environ vingt minutes et part toutes les cinq à vingt minutes. Jusqu’ici, ça semble pas mal, même si l’aller simple coûte 252NOK par personne (soit 21€ au taux de change du moment). Sauf qu’il y a deux entreprises différentes qui exploitent la ligne et les tickets de l’une ne sont, bien entendu, pas valables sur l’autre. Inutile de préciser que les billets que l’on vient d’acheter ne correspondent pas au prochain train en partance, ni au suivant. Petite cerise sur le gâteau, le ticket de l’autre compagnie (VY) était presque deux fois moins cher (129NOK, soit 10€75). Bon, on pleure mais on saura pour la prochaine fois.
À l’instar du Beyond the Gates, l’Inferno est un festival en intérieur, réparti sur plusieurs salles de concerts dans la ville. Exit donc le camping (et de toute façon, mon dos se fait un peu vieux pour ça). Le festival a un partenariat avec l’hôtel Clarion the Hub en plein centre-ville et lorsqu’on a son billet, il est possible de sélectionner une chambre à un prix réduit, dont le tarif a été négocié par le festival (Cette année, le prix de départ en chambre double est de 1007NOK par nuit pour un seul occupant et 1234NOK pour deux, soit respectivement 84€ et 103€ environ). Les membres des groupes qui se produisent au festival y sont également logés (s’ils n’ont pas leur propre logement, bien sûr) et il pourrait être tentant d’en croiser un ou deux en robe de chambre et corpse paint dans l’ascenseur (chacun ses délires, on ne juge pas). Mais on a fait le choix d’un autre hôtel à deux pas du Clarion, qui nous offrait le petit-déjeuner (inclus au Clarion) mais aussi le dîner pour un prix légèrement inférieur. Il semblerait qu’il y ait des activités liées au festival au bar du Hub, à prendre en compte dans le choix, peut-être. Pour l’instant, on profite de notre demi-pension pour le dîner et on termine tranquillement notre journée.
Depuis le Clarion the Hub, comme depuis notre hôtel, toutes les salles sont accessibles à pied en moins d’un quart d’heure. La plupart des groupes jouent au Rockefeller Music-Hall ou au John Dee Live Club, de capacités respectives 1350 et 400. Les deux salles appartiennent au Rockefeller complex, à moins de dix minutes de marche de l’hôtel. Pour le reste, c’est un peu bordélique, ou au moins compliqué de s’y retrouver lorsqu’on découvre le truc. Contrairement aux deux premières salles, l’entrée est incluse avec un bracelet 4 jours, mais pas avec les tickets 1 jour. Toutes ces petites salles sont dans un mouchoir de poche autour du Rockefeller complex et semblent avant tout être des bars.
Mercredi, c’est notre jour zéro du festival et nous partons en expédition vers Holmenkollen, où se trouve une chapelle célèbre dans le milieu du black metal. En effet, la chapelle actuelle a été construite en 1996, pour remplacer la précédente, incendiée en 1992 par le trio Faust, Varg (Vikernes) et Euronymous. Ces deux premiers seront condamnés en 1994 pour l’incendie, mais Euronymous aura été assassiné par Varg avant le procès. Bref, c’est une belle stavkirke (église en bois), construite exclusivement avec des techniques traditionnelles, mais c’est aussi un lieu de pèlerinage pour les blackeux. On croisera d’ailleurs un congénère (c’est qu’ils sont assez reconnaissables, les bougres), en redescendant. Pour cette expédition, environ une heure de trajet en transport avec un changement à « Majorstuen », suivi d’une petite marche en nette montée. La chapelle est toujours utilisée comme lieu de culte, mais tout était fermé à notre arrivée. Nous n’avons donc pas pu en visiter l’intérieur, mais on s’est rattrapés sur les photos extérieures, en prenant bien sur la pose du crabe devant. Tout ça se déroule sous une pluie fine, mais très efficace pour pénétrer les vêtements. D’autant que festival en intérieur oblige, j’ai fait l’impasse sur l’imper. Je recommande de ne pas suivre mon exemple et de s’équiper selon la météo du printemps norvégien.
On rentre dîner à l’hôtel avant de faire une petite balade de reconnaissance dans la ville afin de repérer avec certitude l’emplacement des salles. La pluie a cessé, ce qui est assez agréable additionné à la température assez douce. On clôturera cette journée calme avec un petit cocktail (death spritz pour moi et gin solitude pour madame, on salue les jeux de mots de bon goût) au Kniven bar, l’une des petites salles associées au festival. On s’apercevra un peu tard qu’il y avait un warm-up au Goldie (la plus importante des petites salles du festival au coin de la rue du Rockefeller), dommage… Mais il nous reste quatre jours complets pour se rattraper !