Lord Of The Lost est un groupe allemand formé en 2007 qu’on ne présente plus tant ils ont su s’imposer à travers leur huit albums. Aujourd’hui, ils présentent « Swan Songs III », troisième opus de la trilogie du même nom dont le premier album est sorti en 2015, et le second en 2017. Pour l’occasion, le groupe s’est entouré d’un ensemble composé de Bengt Jaeschke à la guitare acoustique, Corvin Bahn à l’orgue et la harpe, Maline Zickow et Felicitas Fischbein aux violons, Ida Luzie Phlipp à la viole, Miriam Göbel au violoncelle, Julia C. Pfänder à la contrebasse, et Daniel Möhrke et Henrik Petschull aux percussions.
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‘A Splintered Mind’ offre une excellente entrée en matière à « Swan Songs III » avec une longue introduction mêlant la voix grave au timbre reconnaissable de Chris Harms et une ligne de clavier. La simplicité du morceau fait tout son succès, ce qu’on retrouve dans ‘A One Ton Heart’, sobre et maîtrise. Joy Frost joint alors sa voix à la performance du groupe pour ‘Dying On The Moon’, une balade sur laquelle le frontman donne presque dans le style crooner. De façon surprenante, ‘Zunya’ n’est pas sans rappeler l’atmosphère de certains albums de Power/Heavy qui piochent dans les influences médiévales. Très douce, ‘Unfeel’ propose de belles variations, notamment permises par la présence de violons et un ton un peu old school et romantique. Lente et dramatique, ‘Agape’, mot grec signifiant « divin » et « inconditionnel, reste dans la lignée de ce que nous propose le groupe depuis le premier titre. Soyons honnêtes, avec ‘Hurt Again’, on peut commencer à se demander si le groupe est capable de sortir de cette ambiance sombre et sensible pour proposer autre chose…
Si les guitares viennent renforcer la ligne mélodique du clavier sur ‘Amber’ dans un beau mouvement d’ensemble, le flegme de Lord Of The Lost commence à réellement se faire sentir, ce qui est d’autant plus dommage qu’on connaît l’énergie que le groupe peut déployer en live (ce qui n’a rien à voir avec la conviction dont ils habillent leurs chansons). C’est tout une chorale, le Heaven Can Wait Choir, qui vient renforcer la prestation du groupe sur ‘We Were Young’, une énergie nouvelle très appréciable. Lord Of The Lost reprend ‘4’33’’’, un morceau iconique de John Cage où il laisse le silence planer ; mais ce titre, normalement unique car chaque salle où joue le pianiste émet différents bruits pendant ces 4 minutes et 33 secondes n’a aucun sens ni aucun intérêt sur album. C’est ensuite une version de ‘Dying On The Moon’ sans Joy Frost qui est proposée aux auditeurs, puis une nouvelle version de ‘We Were Young’, toujours avec le soutien du Heaven Can Wait Choir.
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Sur le second album, qui présente quand même une plus grande diversité de propositions, Lord Of The Lost propose des nouvelles versions de chansons d’anciens albums avec les musiciens qui les accompagnent pour « Swan Songs III ». On retrouve ainsi :
- ‘Lorelei’ (« 10 Thorns (The Thornstar Naked Versions) », 2018)
- ‘Morgana’ (« Till Death Us Do Part - Best Of », 2018)
- ‘Black Halo’ (« 10 Thorns (The Thornstar Naked Versions) », 2018)
- ‘Cut Me Out’ (« 10 Thorns (The Thornstar Naked Versions) », 2018)
- ‘In Silence’ (« Empyrean », 2016)
- ‘Seven Days Of Anavrin’ (« Antagony », 2011)
- ‘My Heart Is Black’ (« Die Tomorrow, 2012)
La conclusion, ‘Letters To Home’, est la seule chanson entièrement nouvelle de ce second CD de « Swan Songs III ».
Si « Swan Songs III » est une œuvre globalement réussie, Lord Of The Lost donne parfois l’impression de se laisser aller à la mélancolie sans chercher à proposer autre chose. La présence d’une chorale sur certains titres, et bien sûr des musiciens classiques, apporte beaucoup, mais ne compense pas pleinement le manque d’audace de cet album.