Ce vendredi, c’est la troisième et avant dernière journée du Mystic festival. En se réveillant le matin, on vérifie les prévisions météo, qui annoncent de la pluie. Ça n’est pas engageant, mais on s’habille en conséquence (toujours sans imper), et on va voir des gens énervés hurler dans des micros (parce qu’on aime ça, il faut bien l’avouer).
La fatigue commence à s’accumuler et le démarrage a été poussif, si bien qu’on arrive tout juste à temps pour Insomnium, sur la main stage. Les finlandais ne déçoivent pas, les riffs puissants et les mélodies sombres vous prennent aux tripes. Le groupe a l’air d’avoir bien compris où il a atterri, car sans donner l’impression de parler polonais, il sème des « kurwa », ici et là. Petite envie de cocktail pour accompagner ça. On est loin du bar Jäger ou Tanqueray qui sont devenus nos favoris, donc on se rabat sur le bar Kraken (On est déjà dans l’après-midi, c’est permis, non ?). Comme ça on ne loupe rien du set. On sirote donc en écoutant, puis on se dirige vers l’autre bout du festival, car « on enchainerait bien sur un gin»…
Ce dernier en main, on revient vers la Park stage, où Crowbar ne va pas tarder à commencer. Sans surprise, on est sur Sludge bien lourd, qui tabasse. Une fois n’est pas coutume, on est restés pour l’intégralité du set. Kirk Windstein est charismatique et la lenteur du tempo ne fait que mettre en valeur la puissance des riffs, un véritable rouleau compresseur. Quelques gouttes de pluie éparses n’ont pas plus perturbé les américains de la Nouvelle Orléans que fixé le nuage de poussière au sol. Pour ceux qui ont aimé leur set, on peut ensuite retrouver le groupe pour une séance dédicace dans le klub B90.
C’était bien, mais on est de nouveau lessivés et on décide donc de faire l’impasse sur Life of Agony, à regret (d’autant plus que les copains qui y étaient nous ont rapporté que le concert était exceptionnel).
Ça nous permet tout de même de trouver un canapé de libre sur la mezzanine de la Shrine stage, en attendant Mysticum, dont la description me vend du rêve (oui, il semblerait qu’ils étaient déjà connus, je débarque après la bataille). Mais la courte bio qu’on trouve dans l’appli ne m’avait pas préparé au mur de son que je prends en pleine poire. Les norvégiens n’ont pas décroché plus de deux mots en dehors de leurs morceaux et pourtant on sent qu’ils ne font qu’un avec leur public. On ne peut pas s’empêcher d’être admiratif de la performance physique que représente leur set. La musique prend aux tripes et on est comme hypnotisé (la vidéo qui leur sert de back drop n’aide pas, tout en flous et tourbillons).
On en ressort comme sur un petit nuage et on se dirige un peu à tâtons vers la main stage, où Paradise Lost a déjà commencé à jouer.
Enfin, ça devrait être le cas. D’après les collègues qui étaient sur place, les réglages s’éternisent, des tensions apparaissent, si bien que le groupe commence à jouer avec une dizaine de minutes de retard. Le début du set est poussif avec des problèmes techniques et des musiciens qui ne se dérident pas immédiatement. Ce n’est qu’au bout du cinquième titre que l’on semble sorti des défaillances et on sent l’ambiance se détendre. Si j’en crois les fans, le reste du set est plus à la hauteur du groupe. En effet, j’ai quitté la main stage, pour me rendre au market. Il semblait apparemment indispensable à ma dame d’acheter l’édition polonaise de Dracula (rappelons qu’elle ne parle ni ne lit le polonais). Bref, quarante zlotis bien dépensés !
On se console en allant voir Accept sur la Park stage. Ces derniers sont fidèles à eux-mêmes. Sans révolutionner quoique ce soit, les allemands nous assènent un heavy puissant aux riffs rapides. Un bon moment pour les amateurs (et il y en a beaucoup, ici !).
On ne reste cependant pas pour tout le set. D’une part, je ne suis pas un fan inconditionnel de speed metal et d’autre part, Mimi Barks joue sur la Sabbath stage dans peu de temps.
Petite appréhension pour entrer dans la salle, car celle-ci semble bondé. On avait eu une mauvaise expérience l’année passée pour un concert dans cette salle. On avait tenté de se faufiler pour voir la scène, en vain. Et il nous avait fallu une demi-heure pour en ressortir, tant la foule était compacte (il se peut qu’on en garde quelques séquelles psychologiques). On persévère cependant et on fait bien, car on trouve rapidement un coin d’où on voit assez bien sans être complètement comprimés. Le groupe avait ouvert pour Combichrist à Paris en 2022 et je les avais loupés à l’époque. Je suis content d’avoir pu rectifier ça aujourd’hui. Mimi Barks, ça ne rentre dans aucune case et ça rentre dans toutes les cases à la fois. Avec des touches d’indus et de punk, une base électro et des emprunts à tellement d’autres styles, il faut écouter soi-même pour se faire une idée. Et c’est en live qu’on comprend le mieux ce qui en fait la puissance. La présence sur scène est incroyable. On se fait insulter durant la moitié du set, mais on ne s’en plaint pas.
Prochains : Megadeth ! Les légendes sont au rendez-vous sur la main stage. Vic Rattlehead constitue un backdrop magistral. Mustaine déborde d’énergie et se donne à 100%, tout comme les autres membres du groupe. Toujours pas fan de thrash, mais difficile de critiquer une recette qui fonctionne aussi bien.
Wayfarer constituera notre concert de clôture pour aujourd’hui, sur la Shrine stage. C’est une découverte pour moi et une bonne ! Les américains de Denver, Colorado nous demandent d’entrée de jeu si nous sommes prêt pour du « cow-boy shit ». Le public hurle son approbation et le chanteur répond simplement par « let’s ride », avant d’envoyer la sauce. On pourrait se demander comment on peut mélanger les styles cow-boy et black metal, mais Wayfarer y parvient avec brio. Dès que le groupe commence à jouer, on s’imagine bien dans les grandes plaines du Colorado, à dos de cheval, mais avec un bon corpse paint sur la tronche. Si je devais établir un classement des concerts de la journée, celui-ci arriverait sans doute en tête.
Finalement, on s’en est bien sortis, il n’est quasiment pas tombé de pluie aujourd’hui. Mais on est rincés quand même et on rentre donc se coucher avec des étoiles plein les yeux et les oreilles qui bourdonnent un peu. Demain est le dernier jour du festival et il serait dommage de ne pas en profiter.