Et nous revoilà partis en Pologne pour une nouvelle édition du Mystic Festival. Arrivés mardi, la veille du premier jour, nous en profitons pour venir collecter nos bracelets au Wydzial Remontowy, et aller manger des pierogi, ces raviolis polonais qui nous ont bien manqués. Gdansk n’a pas beaucoup changé, en dehors d’une inflation qui n’a rien à envier à celle que l’on vit en France.
Premier jour, warm-up day. La main stage n’est pas encore ouverte, mais déjà de gros noms à l’affiche. Kreator, Body Count, Vio-lence, même si personnellement je suis plus hypé par Ten56, Textures et Villagers of Ioannina City.
Cocorico ! Quelle est la première chose que l’on fait en arrivant dans un festival en Pologne ? Aller voir les compatriotes de Ten56, bien sûr ! Quatrième groupe à jouer pour cette édition, les français posent un metalcore propre à décaper la Desert stage. L’accueil par le public est excellent, avec mosh pits et walls of death au rendez-vous, dont un mosh pit que le groupe réserve à la gente féminine. L’attention est appréciée On ressort de ce set avec l’impression d’avoir pris une baffe et d’avoir aimé ça !
Pas le temps de respirer qu’on se dirige vers la Park stage, à l’autre bout du festival, pour y retrouver les néerlandais de Textures. Ces derniers ont récemment annoncé leur reformation (ils avaient fait une tournée d’adieu en 2017) et il était hors de question que je manque leur retour. Et force est de constater qu’ils n’ont rien oublié, car ils nous livrent une performance détonante. Mention spéciale à l’ouvrier sur le balcon du bâtiment, à l’extérieur du festival, qui nous a gratifiés de son meilleur headbanging sur l’intro de « Storm Warning ». Nous ne verrons pas l’intégralité du set, car si la pluie fine qui commence sur le troisième titre est supportable, ça n’est pas le cas de l’averse torrentielle qui suit quelques minutes plus tard, surtout sans imperméable (Note à moi-même : penser au K-way l’an prochain).
On en profite pour vérifier que les bars à cocktails n’ont pas baissé en qualité, à commencer par le bar Jäger. On n’est pas déçus, même si les prix semblent un peu plus élevés que l’an dernier (+20%). Tout en sirotant, on consulte l’appli du festival (qui est assez bien conçue, soit dit en passant) pour voir si un groupe ne pourrait pas éveiller notre curiosité. Le groupe suivant sur la Shrine stage, Tottenmesse, nous y est décrit comme du metal sacrilège, énervé et brutal, mais plus encore « dangereux », avec des références à « Grand Declaration of War » de Mayhem et « Rebel Extravaganza » de Satyricon. Il n’en faut pas plus pour nous convaincre et on y passe une tête. L’appli n’a pas menti, la recette fonctionne. Du « noir metal » bien énervé, avec quelques emprunts au genre death, qui se mêlent à des passages que l’on qualifierait presque d’ambiant. Le look du chanteur ne manque pas de nous intriguer. Un genre de mélange des styles qui semble aléatoire. De bas en haut : New Rocks, pantalon de survêt Adidas noir, ceinture cartouchière, perfecto en cuir avec rien en dessous, une belle moustache chenille et un crâne rasé. Malheureusement, au bout d’une vingtaine de minutes, leur prestation est interrompue par une coupure de courant et le problème ne sera pas réglé à temps pour les voir reprendre. Tottenmesse n’est pas le seul groupe affecté, Ingested est également interrompu à peine cinq minutes après le début de leur set. Heureusement pour les anglais et leurs fans de deathcore, ces derniers auront l’occasion de récupérer un créneau pour jouer malgré tout, en toute fin de journée sur la Sabbath stage.
Coup de chance, les terminaux de paiement électronique du bar Jäger fonctionnent sur batterie, ce qui nous permet de nous assurer (conscience journalistique) que leurs cocktails n’ont pas baissé en qualité en une demi-heure. La coupure de courant est apparemment due à l’orage et la totalité du Klub B90, qui regroupe les deux scènes intérieures et la Desert stage, est à l’arrêt durant plus d’une heure. Mais sur la Park stage, qui semble dépendre d’une autre alimentation électrique, Fear factory profite d’une éclaircie pour tout défoncer (pour dire les choses clairement).
Puis, avec quelques minutes de retard, Evil Invaders profitera du retour de l’électricité sous la Shrine stage pour ravir les amateurs de Thrash à l’ancienne. C’est moins ma tasse de thé donc c’est à nouveau depuis le bar que j’y prête une oreille (à ce moment, le barman n’était pas loin de nous embaucher).
La suite du programme passe par Body count, qui entame par leur incontournable « body count in the house ». Le groupe de hardcore n’est pas là pour niaiser et malgré la pluie qui reprend sur leur troisième titre, ils enflamment le public. Ice-T émettra tout de même un doute sur la proximité de tout ce matériel électrique avec la pluie, dans un « j’espère que je ne vais pas m’électrocuter ! ». Pour notre part, on est déjà heureux qu’ils aient de l’électricité. Dans les bémols, j’ai été déçu de la présentation faite de la chanson « Manslaughter », où le front man nous explique qu’il n’y a pas de masculinité toxique, mais juste « des hommes qui refusent de se féminiser et de geindre comme des gonzesses »… On espère qu’il trouvera le moyen de sortir du XIXe siècle d’où sortent ce genre d’idées (à moins que ce ne soit du second degré, mais à écouter les paroles de la chanson, ça n’en n’a pas l’air).
On quitte les américains un peu avant la fin de leur set, dans l’espoir d’entendre les dernières notes de Mork. On ne connait pas les Norvégiens, mais ce qu’on en a lu nous donne envie. Malheureusement, la Sabbath stage est bondée et la forme de la salle, toute en longueur, nous empêche d’assister aux derniers titres. Contre mauvaise fortune, bon cœur, on décide de s’accorder un petit répit pour manger un morceau.
La pluie qui ne tarit pas fait affluer les gens à l’intérieur et on délaisse donc le confortable food court pour un food truck à l’extérieur qui propose des tenders de poulet frits et des frites belges (en polonais dans le texte). La nourriture est tout à fait à la hauteur de nos attentes et la fonction appareil photo de Google Trad nous sauve à nouveau pour décrypter les menus (avec quelques marrades dues à certaines traductions un peu flokloriques).
On ne passe qu’en coup de vent pour voir Vio-lence, qui a l’air de délivrer un set très propre, pour aller voir Suffocation. On n’en verra cependant pas grand-chose, car le groupe transcende la Desert stage, qui s’avère trop petite pour accueillir le public et on n’atteindra jamais un endroit d’où l’on voit correctement la scène. De ce qu’on en voit, malgré une scène un peu petite pour leur nombre, les américains mettent le feu au public et le mosh pit est ininterrompu.
On enchaîne immédiatement avec Kreator, qui occupe la Park stage. Même sans être fan, j’y apprécie une belle prestation, similaire à celle qu’ils ont délivrée à l’Olympia l’an dernier, d’après notre séduisant photographe. On ne comprend pas complètement le chanteur, qui commence par annoncer son plaisir d’être « de retour ici », avant de continuer en disant que c’est la première fois qu’ils jouent à Gdansk, mais on n’est pas spécialistes…
Bref, on quitte la Park stage dix minutes avant la fin, car on ne veut pas manquer une miette de Villagers of Ioannina city. On m’a très chaudement recommandé le groupe et je compte bien en profiter. Verdict : les grecs sont bluffants. Un style très inspiré et une interprétation sans faute. Le public est conquis, avec même un noyau dur de pogo continuel au centre de la fosse (chacun sa manière d’apprécier du post folk). Seul bémol, l’ingé lumière semble nous avoir pris en grippe et a décidé de plus éclairer le public que le groupe. Pour ma part, les gros projos dans la tronche pendant tout le set, je trouve que ça nuit un peu à l’expérience. Villagers of Ioannina City obtient tout de même le titre de meilleur set de la journée dans mon classement personnel.
Ce serait le final parfait pour une journée riche en rebondissements mais on jettera quand même un rapide coup d’œil à Ingested. Les anglais rattrapent leur créneau perdu sur la Sabbath stage, juste à côté. Vu depuis le fond de la salle, on est sur du Deathcore propre qui décape. On restera juste assez longtemps pour voir le groupe simuler une autre coupure d’électricité, juste pour la blague. Le chanteur semble trouver cette dernière hilarante, même si on entend quelques « kurwa » (équivalent polonais de « putain » avec un arôme de « connard ») fuser depuis le public en réaction. En même temps, quand on entend parler polonais dans ce festival, il est rare qu’il y ait une phrase sans ce mot…
Il est amplement temps de rentrer se coucher, d’autant que le soleil se lève (très !) tôt par ici, à cette époque de l’année. La suite dans le prochain numéro !