Interview audio et écrite avec Colin d'AMENRA pour la sortie de "De Doorn" ! Interview audio et écrite avec Colin d'AMENRA pour la sortie de "De Doorn" ! 

Interview audio et écrite avec Colin d'AMENRA pour la sortie de "De Doorn" !
Anibal BERITH
Journaliste

27/06/2021
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Interview réalisée le 15 juin avec Colin



URN : Bienvenu sur United Rock Nations Colin. Nous sommes ensemble pour parler d’Amenra et de ce nouvel album intitulé « De Doorn », disponible le 25 juin via Relapse Records. Pour quelqu’un qui n’a jamais écouté Amenra, à quoi peut-il s’attendre?

Colin : Ca va dépendre de la sensibilité de la personne. Chaque expérience est unique et chaque personne la vit à sa manière. Je crois qu’Amenra délivre une expérience très personnelle grâce à des histoires intenses et puissantes. C’est une expérience transcendante mais de là à dire ce que peut ressentir quelqu’un, je ne le sais pas. Ce que j’espère surtout, c’est que nous touchions les personnes et qu’elles ne nous oublient jamais, que l’expérience Amenra les touche profondément.



URN : J’aime ta réponse Colin, car personnellement, je n’ai jamais vu Amenra en live mais toutes les personnes que je connais, qui ont eu la chance de vivre cette expérience en ressortent bouleversées. Comment peux-tu expliquer cette sensation que ressentent les gens après un show d’Amenra ?

Colin : Je ne sais pas. C’est effectivement souvent le retour que nous avons du public. C’est très difficile pour moi de parler du groupe et de savoir pourquoi nous sommes si spéciaux et pour quelle raison nous avons de si bons retours sur nos prestations. Probablement parce que nous donnons tout ce que nous avons, je pense. On ne triche pas. Nous avons peut-être une forte présence sur scène, quelque chose qui marque le public, je ne sais pas. Je ne peux pas comparer Amenra à un autre groupe et je ne le veux pas.



URN : Pas mal de changements avec la sortie ce nouvel album : la fin de la série « Mass », un nouveau label, un line-up qui s’enrichit de Carol au chant et de Tim à la basse depuis l’an passé. Peut-on dire que le groupe prend une nouvelle direction ?

Colin : Non, Amenra continue dans la même direction que depuis son existence en 1999. Pour nous, « De Doorn » est une suite logique sans être une évolution. Nous faisons toujours ce que nous avons toujours fait depuis le début. Nous racontons les histoires de la vie, de nos vies. Nous parlons de la misère, de l’obscurité, des périodes les plus sombres de la vie humaine et comment nous pouvons nous en sortir.
Pour Tim, il est dans le line-up depuis quatre ans maintenant. Il était avec nous pour les tournées donc ce n’est pas vraiment un changement. Carol n’est pas vraiment dans le line-up; elle nous a rejoint pour cet album. Elle a apporté beaucoup de dynamisme à la création des morceaux.
On a changé de nom car le concept « Mass » reprenait les expériences traumatisantes de chacun des membres des groupes de façon individuelle (la perte d’un être cher, la dépression , le divorce, etc… les accidents de vie). « De Doorn » est un album qui est basé sur les rituels, les cérémonies, nous avons eu envie d’écrire quelque chose là-dessus et de s’imprégner de cette dynamique. C’est un changement sans être un changement. Nous nous sommes inspirés d’histoire de gens qui ne sont pas forcément dans le groupe tout en écrivant comme nous le faisons depuis toujours.



URN : Pour résumer, avec les « Mass » albums, vous étiez dans un concept plus intimiste et individuel; avec « De Doorn », c’est davantage une expérience commune à chacun d’entre-vous ?

Colin : C’est çà. Avec « Mass », nous parlions de notre histoire et les gens étaient témoins de çà. C’était uniquement notre histoire sans impliquer des gens extérieurs au groupe. Avec « De Doorn », je parle du Mal, du Feu, de la Nuit, de rituels et de toute la communication qu’il peut y avoir autour de çà. C’est tout ce qui se peut passer entre-nous et hors de nous.



URN: Pour arriver à insuffler cette dynamique, avez-vous vous changer votre façon de travailler ?

Colin : Oui, notre guitariste a composé différemment car il n’a pas écrit des chansons pour un album mais pour un rituel, uns situation de vie. Nous avons commencé à écrire il y a trois ans. C’était comme une sorte de libération, nous avions les images en tête, nous savions comment ça allait finir. Nous n’étions pas conscients que nous écrivions un album.



URN : Je comprends ce que tu as ressenti en écrivant cet album. Il est composé de 5 pistes mais en l’écoutant, j’ai eu l’impression que c’est une seule chanson coupée en 4 parties.

Colin : Oui, c’est vrai.



URN : Si bien que si je vous voyais pour cet album en live, je m’attends à ce que vous le jouiez intégralement, car chacune des chansons est dissociable. Est-ce exact ?

Colin : Je suis d’accord avec toi sur le fait que cet album est un bloc unique et qu’il s’écoute d’une traite, comme une seule entité mais nous ne sommes pas sûrs de le jouer intégralement sur scène. Habituellement nous ne faisons pas de choses logiques et je pense que nous aurons envie de jouer des chansons que nous avons écrit par le passé. Je pense que c’est que nous allons faire et que nous verrons ce que ça donne.



URN : Si nous parlions des textes. C’est la première fois que vous vous exprimez en flamand. Pourquoi ce choix ?

Colin : Plus les chansons avançaient dans le processus créatif, plus elles s’imprégnaient des rituels et des cérémonies de notre pays. 90% des gens que nous connaissons parlent le flamand et nous avons eu envie de leur parler. Nous avions déjà fait çà par le passé sur des reprises de chansons belges des 70’s. Le flamand nous a permis d’avoir plus de possibilités que l’anglais, plus de profondeur pour ce que nous voulions dire. C’est notre première sortie d’album auprès d’un gros label international, Relapse, du coup, pour nous, c’était logique de sortir quelque chose qui nous ressemble plutôt que d’en mettre plein la vue avec un disque qui ne nous ressemble pas. On voulait montrer qui nous sommes vraiment; nous vivons en Belgique, nous sommes flamands et c’est le langage avec lequel nous nous exprimons. C’est ce que nous sommes et c’est notre histoire. Ca donne du sens à ce que nous faisons. Nous avons testé plusieurs langages dans nos chansons par le passé (en français, en anglais, en allemand) mais le flamand est notre langue maternelle et çà donne du sens à notre histoire.



URN : Nous pouvons noter également un changement au niveau de la pochette de l’album par rapport aux précédents disques. Quelle est la signification de cet artwork ?

Colin : Cet album s’appelle « De Doorn » - L’Epine -; je suis fasciné par les formes, par les différents formes des branches d’arbres et j’aime l’idée que la nature ait pu créer çà, comme des armes organiques. J’aime l’idée que l’essence des fleurs, des plantes peuvent protéger le corps et du coup je transpose cette idée sur l’être humain. L’être humain nait et se développe avec sa propre forme et se protège lui-même en s’établissant par lui-même dans ce monde. Et en même temps nous évoluons selon des règles qui nous sont imposées. J’ai voulu donc prendre l’idée de représenter chaque membre du groupe ayant participé à cet album par des branches de différentes formes. Il y en a 6. Chacun d’entre-elle est spécifique et c’est la vision que j’ai du groupe où chacun d’entre-nous se protège mutuellement selon nos règles et c’est l’histoire que nous racontons; une histoire collective.



URN : Je rebondis sur ce que tu dis à propos de cette communion avec ces branches car nous pouvons retrouver le concept en image pour le single « Voir Immer » qui a été mis en ligne.

Colin : Les images que nous avons choisi tâchent de représenter cette notion de rituels et de cérémonies que nous exprimons tout au long du disque. Nous ne voyons pas très bien ce qui se passe, c’est très introspectif. En fait on n’est pas en train de regarder un film mais en train d’écouter une chanson tout en regardant des images. Pour nous ce feu, ces ombres, c’est ce qui symbolise le groupe, le fait de voir ces statues sortir des flammes, ça symbolise l’espoir, la puissance du moment et nous en sommes témoins.



URN : Est-ce que la pandémie vous a inspiré, vous a apporté quelque chose de plus ou de différent dans la composition de ce disque ?

Colin : Non car l’album était déjà prêt avant la pandémie. Nous avons composé l’album au cours des trois dernières années et nous l’avons enregistré en janvier 2020. La pandémie s’est installée en mars 2020 et nous avons fini le mix et le mastering au tout début de la pandémie. Cette situation ne nous a donc pas influencé dans le processus de création; en revanche, elle nous a influencé sur le choix de la sortie de ce disque.



URN : A la vue de la situation qui semble s’améliorer, avez-vous prévu une tournée dans les mois à venir et l’année prochaine ?

Colin : Oui, nous avons des dates de prévues. A la fin du mois de juin en Hollande. Nous regardons ce qui se passe autour de nous et quels sont les pays susceptibles d’autoriser des concerts. Nous regardons aussi les conditions dans lesquelles nous pouvons nous exprimer en live car notre musique ne peut pas être jouée face à un parterre de gens assis. Cela n’aurait aucun sens. Donc si ça perdure, nous préférons ne pas nous produire en live. C’est difficile car nous aimerions pouvoir jouer le plus tôt possible.