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Interview avec Michael Weikath d'HELLOWEEN pour la sortie de leur nouvel album !

CARMZIOFA
Rédacteur en Chef
Power/Speed Metal
23/05/2021
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Traduction by Émilie Calas / Des milliers de mots
Des milliers de mots

Salut tout le monde, nous sommes en excellente compagnie avec Michael d’Helloween. Comment vas-tu ?


Je vais bien, je commence tout juste ma journée. Je prends mon premier café, à 17h (rire)

Tout d’abord, on aimerait savoir comment tu vis cette pandémie, aux niveaux personnel et professionnel.


Ça ne change pas grand-chose pour moi parce que de toute façon, je passe mes journées à la maison, à faire mes trucs. Avant la pandémie, on me regardait un peu de travers : « Il ne fait rien de ses journées, il se lève tard ». Mais je me fiche de l’heure qu’il est, ou de savoir si c’est normal ou pas. En ce moment, je regarde ce qui est ouvert ou non. Je ne me sens pas amer parce qu’au moins, pendant la pandémie, je ne suis pas le seul à rester chez moi, les autres aussi sont confinés. Donc, ce n’est pas un grand changement pour moi, je me lève naturellement assez tard.

Parlons un peu du nouvel album. L’idée de cet album, avec le retour de Kai et Michael est-elle venue pendant la tournée ou plus tard ?


L’idée nous est venue parce que tout s’est passé à merveille. On a vu que la sauce prenait et on était tous ravis. Et bien sûr, les fans et le label poussaient dans ce sens, après l’enregistrement de Pumpkins United. Tout le monde nous disait :« Vu que ça a été une réussite, vous devez faire un album, maintenant ». J’envisageais un format plus court, comme un EP, parce que je pensais qu’on allait reprendre les live. Mais en fait, on a eu pas mal de temps pour préparer tout ce qui ne se fait pas sur scène. Donc au final, c’est un format complet, produit par Charlie Bauerfeind et Dennis Ward, et c’est super.

On sait tous que les musiciens peuvent avoir un certain égo. Comment Andy et Sascha ont-ils réagi à l’idée de travailler avec des figures emblématiques comme Kai Hansen et Michael Kiske ?


Très bien, car ce sont des gars matures. Enfin, on ne murira jamais vraiment, on sera toujours un peu fous, mais ça ne veut pas dire qu’on est incapable de voir une occasion de faire un truc génial quand elle se présente. Et c’est vraiment ça qui c’est passé, car on voyait les fans des premiers rangs pleurer de joie pendant les concerts, et ils nous transmettraient ce bonheur. On ne pouvait pas passer à côté de ça. Alors oui, on a tous notre égo mais concrètement, on est sept musiciens qui gardons toujours en tête ce qui nous anime et les objectifs que nous visons. Ça aurait été dur de faire ça à contre cœur mais le management a géré la situation avec beaucoup de tact : « Voilà les gars, il y a ça et ça qui est possible, vous y réfléchissez ». On a tous fait les choses à notre manière. Deris est toujours ouvert à plein de choses. Par exemple, il y a des siècles de ça, il m’avait dit : « On pourrait faire quelque chose avec Kai Hansen un de ces quatre ? » Je lui ai répondu : « Ça dépend si ce que tu veux faire s’accorde avec lui. » Il y a eu une longue phase de préparation pour mettre en contact tout le monde. C’était chouette parce que le management nous disait :« Il y a une réunion de groupe, là, faites en sorte de bien vous entendre », c’était une bonne méthode. Parce que sans connexion entre nous, les choses ne se seraient sûrement pas déroulées aussi bien.

Passons aux chansons de l’album. S’agit-il de nouvelles compositions ?


Je ne suis pas sûr mais je pense que oui. Tout a plus ou moins été écrit pour l’occasion. Je suis resté chez moi pendant deux mois et demi, et je suis très content d’être avec toi, là. On se réunissait à huit heures, à midi on avait fini ou presque, à 14h on allait déjeuner puis on revoyait ce qu’on avait fait, et le lendemain, on faisait les modifs nécessaires, ajouts, retraits, etc. La nuit dernière j’écoutais un fichier stéréo et je me suis demandé ce que c’était. Puis, je me suis rendu compte que c’était la tablature d’une démo de quelques parties sorties des fonds de tiroir. La dernière fois que je l’avais écoutée remontait à deux ans, et ça ne m’avait pas suffisamment plu à l’époque. Sur le coup, j’avais été fier de cet enregistrement, je m’étais dit : « Ça va être bon, ça ». Et au final, j’ai décidé de supprimer ces parties du morceau pour les remplacer par d’autres. C’était marrant, cette petite balade dans le passé. Tout le monde a apporté du neuf, la seule vieillerie vient de moi, c’est la première chanson de l’album. Cette mélodie devait avoir une quinzaine d’années, c’était à l’époque du film d’Al Gore Une Vérité Qui Dérange. J’ai vu ce film à sa sortie et une mélodie m’est venue dans la tête. J’avais déjà essayé de l’intégrer dans 7 Sinners mais bizarrement, je n’étais pas satisfait de la construction du morceau et il n’est pas apparu sur l’album. Il y avait quelque chose qui clochait, mais maintenant, c’est beaucoup mieux. Tout ce dont je me souviens, c’est que c’est un truc qui vient du passé.

Helloween a maintenant trois chanteurs, comment se répartissent-ils les textes ?


Ça se fait spontanément, chacun donne son avis, réfléchit à ce qui serait bien. Ils s’étaient organisés dès le départ, tous avaient écrit quelque chose. En général, un chanteur en particulier chantait une certaine partie, puis ils faisaient de petits, voire aucun changement, par rapport à ce qui avait été proposé et les démos pouvaient prendre une dimension plus intéressante. On écrivait les paroles, on corrigeait les textes, etc. Ensuite, on se servait de couleurs différentes, rouge, vert, bleu pour Hansen, Kiske, et Deris. Il y avait de la communication et du respect entre les gars :« Si tu as envie de chanter ça, vas-y ». Ça s’est fait naturellement.

L’enregistrement a été fait avec la batterie originale d’Ingo, au studio H.O.M.E à Hambourg. Vous aviez envie de reprendre les ingrédients qui ont fait le succès d’Helloween ?


En fait, le colocataire d’Ingo avait gardé la batterie de la tournée The Keeper. Je ne sais plus si elle avait déjà servi sur The KeeperI. Plus tard, il a eu une batterie blanche. On a mis la batterie en acajou d’Ingo là où il a enregistré l’album Chameleon, au studio Château du Pape, qui a été renommé H.O.M.E Studio. C’est le même endroit, on a juste remplacé la batterie par celle sur laquelle Ingo avait joué pendant la tournée The Keeper à l’endroit où il a enregistré Chameleon. Dans le même ordre d’idée, le solo de Dani en live, il l’a reproduit à partir des vieilles vidéos d’Ingo, et ça rend super bien. Ça a été la première étape qui nous a amenés à nous dire :« Hé, on a cette ancienne batterie ». Bien sûr, on a beaucoup réfléchi à ça. Une rumeur circulait comme quoi j’avais toujours cette batterie et qu’il fallait s’en servir, c’est chose faite.

À l’instar des deux chefs d’œuvres Keeper of the Seven Keys parts I and II, votre album contient également une chanson de plus de 12 minutes, Skyfall. Est-ce une référence au passé, ou un désir de marquer les esprits, cette chanson reprenant tous les marqueurs des morceaux légendaires d’Helloween ?


On a fait avec ce qui était déjà là, Kai Hansen a créé Skyfall bien plus tard, vers la fin de la phase de pré-production. On est allé à Hambourg en novembre ou décembre et à la fin, l’idée de Skyfall a commencé à germer dans sa tête. Il a rassemblé différentes parties, il les a peaufinées, enregistrées et à la fin, il a présenté la chanson à tout le monde. Au moment de l’enregistrement, le morceau était quasiment fini, on a juste revu la version finale. Il nous a dit :« Regardez, j’ai composé ça, ça pourrait être pas mal du tout »et ça a plu à tout le monde. On a donc enregistré cette chanson ainsi que les autres compos qu’on avait commencées plus tôt.

Il existe deux versions de cette chanson, un single de 7 minutes et la version de 12 minutes sur l’album, avec une véritable orchestration de chaque voix. Pourquoi avez-vous fait deux versions ?


Pour le clip, il fallait une version plus courte, même si 7 minutes, ça reste long. C’est une réminiscence du vieux morceau Halloween, qui a été réduit à 5 minutes sur les 14 originales. On a choisi celle-là parce que c’est la plus représentative et on pensait qu’elle plairait au public. Il y a tout, dedans. Il me semble qu’il y a une autre version où la voix de Kai est plus présente, et encore une autre où la voix de Michael Kiske est moins présente, pour varier les plaisirs, en fonction de si on préfère le son de type Walls of Jericho, ou celui de Keeper. On peut donc passer dans des bars metal ou chez soi la version qu’on veut : « Alors, aujourd’hui on va mettre la version de Hansen, ou celle de Kiske ».

Tu as composé Out For The Glory. Je trouve que cette chanson aurait parfaitement trouvé sa place dans Master of the Rings, ou même BetterThan Raw. Parle-nous un peu de ce morceau.


C’est ce dont je parlais toute à l’heure, la mélodie qui m’est venue après le visionnage de Une Vérité qui dérange, d’Al Gore. J’engrangeais des accords depuis longtemps mais je n’étais jamais satisfait de la manière dont ils s’enchainaient. Il y avait toujours un accord manquant pour le refrain. Je savais que le refrain serait génial s’il était fait correctement, mais concrètement, il y avait toujours un accord que je trouvais bizarre et qui ne me convenait pas. Comme on avait du pain sur la planche, j’ai mis ça de côté pour une occasion spéciale. Je me disais : « Un jour, tu finiras ce morceau comme il faut », et c’est bien ce qui s’est passé. J’ai travaillé dessus, j’ai remplacé certaines parties, comme sur tous les autres morceaux que je compose. Je suis passé par une période de doutes.Tous les jours, en me réveillant, je me demandais : « Qu’est-ce qui pourrait être ennuyeux au bout d’un moment et devrait être remplacé ? Qu’est-ce qui est vraiment bon ? Que devrais-je réenregistrer en jouant de la guitare plus proprement ? Et sur la démo mon chant ressemble un peu à un croassement, donc il y a encore des choses à améliorer ». Donc voilà, j’ai passé beaucoup de temps à régler des détails. Je me suis dit : « Bon, après deux ou trois ans d’écoute, ça va être super chiant, trouve une solution. Quelle nouveauté peux-tu apporter ? » Et c’est ça que j’ai fait. J’ai imaginé une histoire : un homme rentre chez lui après une dure journée de travail, il s’endort et rêve de devenir empereur. Il se sent tellement bien dans ce rêve qu’il ne veut pas se réveiller. Puis, il est sorti du sommeil par une sonnerie ou un domestique, et il constate qu’il est véritablement devenu empereur.

Je parlais précédemment de Skyfall, qui a des sonorités proches des débuts d’Helloween, mais certaines chansons, comme Best Time ou Mass Pollution, se rapprochent d’un Helloween plus récent. Vous aviez le désir de mélanger plusieurs styles ?


J’ai envie de répondre oui, sans aucun doute, mais d’un autre côté les choses se sont faites naturellement. Deris a son style, Markus a son style. Indestructible reflète la manière de composer typique de Markus.Il y a trois ou quatre approches différentes. Et c’est ça qui en est ressorti. Avec Best Time, Sascha et Deris ont travaillé ensemble. Sascha se disait qu’ils pourraient coopérer là-dessus. On était à l’hôtel, et au bout de quelques heures, ils avaient tout fini. Ils ont présenté le morceau au groupe, puis aux producteurs : « On a fini Best Time, écoutez ça. ». Ça s’est fait spontanément. Évidemment, chacun décide de ce qu’il veut écrire, transmettre et mettre en avant et je suis sûr qu’il y avait derrière tout ça un désir de représenter les différentes époques d’Helloween. On voulait se servir de cette grande variété.

Parlons de la pochette de l’album, créée par l’artiste berlinois Eliran Kantor. On y retrouve un bon nombre d’éléments chers àHelloween, comme les clefs, les anneaux, la boule de cristal, le mage. Tu peux nous en dire plus ?


À la base, on nous a présenté trois artistes, Kantor et deux autres. Notre choix s’est rapidement porté sur Kantor. Il avait représenté le Gardien avec l’horloge, c’était la base. Comme ça nous a beaucoup plu à tous, on lui a demandé :« C’est génial mais il faudrait rajouter des choses, ça serait possible de faire apparaitre des clefs, des anneaux et le gars à la trompette ? » Donc au final, il en a fait un paysage où on voit aussi les guitares volantes, le vaisseau spatial, etc. Cette pochette représentant un paysage est une très bonne idée. Comment faire rentrer tous ces éléments dans une image ? On n’a qu’à faire un paysage.

Concernant les tournées, la pandémie a dû bouleverser vos plans. Après la tournée Pumpkins United, vous deviez repartir sur les routes en 2020 mais tout a été repoussé à 2021,et maintenant à mai 2022. Comment vivez-vous ces reports à répétition ?


On doit répéter et se familiariser avec les nouveaux morceaux, et pour ça, il faut se voir régulièrement. On avait de super planning pour la première tournée prévue, et vu les circonstances, on pourrait faire comme ça, parce que sinon, ça serait trop de travail d’organiser les voyages pour tous ceux qui vivent à droite et à gauche, on est trois à Hambourg, les autres sont à Tenerife et encore ailleurs. C’est beaucoup d’organisation et c’est difficile de répéter nos nouveaux sons en pleine pandémie. C’est perturbant parce qu’on est prêt à partir et là on nous dit : « En fait, il va se passer ça. Non en fait, ça va être comme ça ».On devrait peut-être passer en mode réflexion le temps que les choses reviennent dans l’ordre.

Peut-on espérer que cet album ait une suite ?


Je l’espère. Ça nous a plu de faire ça. Ça a été beaucoup de travail mais nous sommes extrêmement fiers du résultat. On a envie de continuer comme ça. C’est à ça que ressemble Helloween, maintenant. Il faut qu’on reste sur la lancée de Pumpkins United et qu’on continue à profiter. On aime ce qu’on fait. C’est sûr qu’on continuera quoi qu’il arrive, aussi longtemps que possible. On va essayer de nouvelles choses, parce que c’est sympa et que c’est important, aussi. Des signaux positifs sont envoyés au monde, à travers la musique et autres moyens d’expression. Ce sont des actions positives et importantes et je suis sûr que des millions de personnes sont en demande.

Merci beaucoup, Michael !