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The Congregation (acoustic)

Enora
Journaliste

Einar Solberg (solo project)

Cette version acoustique permet à l’incroyable Einar Solberg de déployer toute sa technique vocale mais aussi et surtout de nous émouvoir grâce à une palette d’émotions d’une grande profondeur.
11 titres
Progressive Rock
Durée : 64
Sorti le 16/02/2024
949 vues

Après avoir purement et simplement adoré « 16 », le premier album solo d’Einar Solberg (02/06/2023, InsideOut Music), le fantastique chanteur de Leprous revient vers nous avec une version acoustique de « The Congregation » (2015, InsideOut Music), le quatrième album de son groupe.

Cet enregistrement est en fait tiré d’un livestream datant de février 2022 au cours duquel Einar Solberg, alors à Kolbotn en Norvège, avait donné une performance en piano et voix de l’album dans son intégralité. Il n’y a donc pas de surprise dans la tracklist qui suit exactement celle de l’album original de Leprous mais la sobriété de cette version acoustique permet de redécouvrir les compositions dans leur technicité et leur sensibilité. La qualité de l’enregistrement brut préserve l’air et la matière du piano que l’on entend « respirer » dans les notes qui s’étirent et durent de ‘The Price’ par exemple. On en était déjà convaincu mais la magnifique voix d’Einar Solberg prouve une nouvelle fois qu’elle n’a besoin d’aucun artifice pour impressionner tant elle prend une dimension religieuse dans le dépouillement de ces morceaux.

Si ‘The Price’ se démarque par l’époustouflante montée vocale et émotionnelle sur laquelle le chanteur passe d’une voix enragée à des notes aérienne, ‘Third Law’ donne davantage dans la Soul avec une technique bien spécifique pour les longues notes en voix de tête. ‘Within The Fence’ et ‘The Flood’ sont indéniablement des prouesses vocales mais la maîtrise dont fait preuve Einar Solberg donne l’impression que tout lui est facile, sans pour autant être prétentieux. Avec ‘Red’, il délivre des suites de notes aux intervalles complexes avec calme et un vibrato mesuré, sur ‘Triumphant’, il glisse d’un demi-ton à l’autre avec grâce et dépouillement, et avec ‘Moon’, il nous offre l’une des plus belles ouvertures de l’album avec une tension dramatique croissante tout au long du titre jusqu’à culminer dans les deux dernières minutes.

Je ne vais pas m’attarder sur chaque morceau dans cette chronique et pourtant ils méritent tous d'être écoutés, réécoutés et discutés ! Mais dans sa globalité, « The Congregation (acoustic) » éclaire d’un nouveau jour la complexité de l’œuvre de Leprous grâce à la simplicité d’un duo piano-voix qui ne pardonne aucune erreur. Plus les morceaux défilent, plus les quelques approximations du chant (rares et minimes, que cela soit dit) résonnent en nous parce que l’émotion de l’interprète prend le dessus et rend la performance imparfaite et donc profondément humaine. Einar Solberg l’admet d’ailleurs lui-même : « Habituellement, tous les musiciens de nos jours (moi y compris) corrigent des choses en post-production, mais ici, nous n’avons rien fait ! Je trouve que c’est cool de parfois oser montrer un côté plus fragile et moins ‘parfait’ de soi-même. »

On ne peut qu’acquiescer quand le chanteur déclare : « ‘The Congregation’ est probablement l’album le moins approprié pour en faire une version acoustique, mais le résultat s’est avéré étonnamment bon ! ». Cette version épurée est une occasion rêvée pour mesurer l’ampleur de l’œuvre de Leprous, sa technicité et sa richesse émotionnelle. Bien sûr, nombreux sont les chanteurs et les chanteuses à aspirer à une maîtrise comparable à celle d’Einar Solberg mais là où il se démarque le plus c’est en ne laissant jamais cette technique prendre le pas sur l’émotion. Cette dernière est d’ailleurs contrôlée, sans doute par pudeur, mais cela ne l’empêche absolument pas de nous saisir et de nous amener au bord des larmes.


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