EINAR SOLBERG (SOLO PROJECT)
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Progressive Rock

16
Enora
Journaliste

EINAR SOLBERG (SOLO PROJECT)

« Ciselée avec élégance et magie, "16" est une oeuvre-fleuve magistrale qui illustre le génie d'Einar Solberg qui signe ici un album qui promet de marquer durablement les esprits et les coeurs. »

11 titres
Progressive Rock
Durée: 70 mn
Sortie le 02/06/2023
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Vous connaissez sans doute Einar Solberg comme chanteur et auteur-compositeur du groupe Leprous (Progressive Metal, Norvège), mais il vient de dévoiler son premier album solo. Intitulé "16", celui-ci revient sur les passages marquants de sa vie entre ses seize et ses dix-neuf ans et s'annonce comme une plongée en apnée dans son esprit !

C'est avec le morceau éponyme, '16', que s'ouvre cet album. En featuring avec le comparse d'Einar Solberg, Raphael Weinroth-Browne (Leprous, Kamancello) au violoncelle, cette composition ne tarde pas à se révéler à l'auditeur dans toute sa douceur et sa sobriété. Sans fioriture aucune, les deux artistes nous font glisser lentement de notre réalité à l'univers qu'ils dessinent sous nos yeux. Poursuivons cette découverte avec 'Remember Me', un morceau intimiste avec quelques accents de rage qui incarne peut-être encore plus que le précédent le message de cet opus : "It’s called 16 because that’s when the first really, really bad things started happening to me in life. From 16 to 19, there were a lot of very life-defining moments that happened to me, and that changed me. That’s when I kind of lost my innocence and I started realising that life is serious and bad shit can happen. A lot of pretty drastic things happened within those three years. But this album is not only about the bad things. It’s also about some of the career-defining moments, like the moment I started playing with the band and began to find a community to belong to. Emotionally, I’m a bit of everything, so it covers the entire emotional spectrum!" pour citer l'artiste.

Toute sa palette vocale rayonne sur la céleste 'A Beautiful Life' et ses aigus vertigineux et si bien maîtrisés. Au-delà de la performance technique, on ne peut que frissonner devant la sensibilité de ces créations dans lesquelles on se plonge avec un ravissement renouvelé ! Après ces deux morceaux, voici une nouvelle collaboration, cette fois-ci avec Star Of Ash, également connue sous le nom d'Ihriel qui n'est autre que la chanteuse, claviériste et auteure du groupe Peccatum (Avant-garde Metal, Norvège) aux côtés de son mari Ihsahn. 'Where All the Twigs Broke' est une composition complexe qui fait lentement monter la tension grâce à des jeux vocaux et des touches de clavier qui répondent à des orchestrations fantasmagoriques. Sur la très organique et hypnotique 'Metacognitive', on retrouve le violoncelle de Raphael Weinroth-Browne. Ce qui est le plus stupéfiant avec cet album c'est qu'au-delà de constituer une sorte de confession d'Einar Solberg, il nous parle de l'universalité de l'adolescence à travers des chansons extrêmement modernes (qui peuvent faire penser à The Weekend tout autant qu'à Arstidir pour ne citer que ces deux exemples) mais aussi cinématographiques (en particulier des ambiances à la "Dune" (2021)). Elles peuvent d'ailleurs entrer en résonnance avec tout le monde tant elles ne sont ancrées dans aucune réalité tangible, ni géographique ni temporelle.

Il suffit d'écouter la très surprenante 'Home' pour se persuader de cette folle diversité puisqu'on y retrouve du Queen, des éléments de la musique afro-américaine, des touches d'Electro, enfin bref un mélange que personne n'aurait osé penser sous cette forme et qu'Einar Solberg nous offre sur un plateau d'argent auquel on ajoute le passage Rap signé Ben Levin de Bent Knee (Art Rock, Etats-Unis) et le saxophone de Jon Henrik Rubach ! 'Blue Light' nous ramène ensuite vers des ambiances plus proches du début d'album avec un featuring avec Asger Mygind, chanteur et guitariste du groupe Vola (Progressive Metal, Danemark). Profitons-en pour citer les musiciens qui accompagnent Einar Solberg sur l'ensemble des morceaux comme Keli Gudjonsson à la batterie, Tor Egil Kreken à la basse, Chris Baum au violon, Ben Levin et Magnus Bormark à la guitare sur la majorité des titres. Si vous croyiez avoir fait le tour de l'esprit génial d'Einar Solberg, laissez sa chance à 'Grotto' qui semble tiré d'un show de Broadway à la Tim Burton ! La glaçante 'Splitting the Soul' joue de sonorités orientalisantes et peut s'appuyer sur une solide collaboration avec Ihsahn (Emperor, Peccatum). Après s'être aussi bien entouré, l'artiste nous offre un titre mélancolique en solo intitulé 'Over The Top'.

La conclusion de "16" prend la forme des onze minutes de 'The Glass Is Empty', une composition ambitieuse et mouvante qui mobilise Toti Gudnason à la guitare et au piano, Pal Gunnar Fiksdal à la trompette, Runar Fiksdal au trombone, Pordur Sigurdarson à l'orgue et la chorale de l'orchestre philharmonique de la ville de Prague. Ciselé avec élégance et magie, ce morceau est une oeuvre fleuve magistrale qu'il faut écouter plusieurs fois pour pleinement en saisir la richesse ! Celle-ci illustre le talent d'Einar Solberg poussé à son apogée au cours d'un album qui promet de marquer durablement les esprits et les coeurs.