Il a beau avoir bientôt soixante-dix balais et être dans le circuit depuis cinquante piges (les débuts d’Accept remontent à 1971), le gars Udo ne semble pas décider à raccrocher ses mitaines en cuir cloutées. Rien que ces douze derniers mois, le teuton a publié « We Are One » (en compagnie de la fanfare militaire Das Musikkorps Der Bundeswehr), le « Live in Bulgaria 2020 – Pandemic Survival Show », ainsi que l’EP « Arising » avec son projet annexe Dirkschneider & The Old Gang. Ouah, mais où diable trouve-t-il donc l’énergie ?
En cette fin de 2021, voici donc « Game Over », dix-septième opus sous la bannière U.D.O. Une fois encore, l’infatigable braillard d'outre Rhin est généreux en proposant pas moins de seize morceaux (treize de base et trois bonus) qu’il a goupillés avec ses deux nouveaux musiciens (le bassiste Tilen Hudrap et le guitariste Fabien « Dee » Dammers).
On (re)trouve ici tous les ingrédients de la zique de Herr Dirkschneider. Riffs gras ('Fear Detector', 'Speed Seeker', 'Metal Damnation') et rythmiques appuyées ('Like A Beast'), soli décapants ('Unbroken'), accroches mélodiques ('Empty Eyes', 'Thunder Road'), sonorités « à l’allemande » ('Midnight Stranger'), tout est là. Rien ne manque, pas même les refrains fédérateurs ('I See Red') ou les gimmicks rassembleurs pour lever les foules (les « oi oi oi » de 'Marching Tank', les « hohoho » de 'Time Control'). Au revoir les récentes et grandiloquentes orchestrations symphoniques, on repart sur le front du bon gros (son cher) heavy metal ('Holy Invaders').
Notre icône du rock, qui a pratiquement buriné les tables de la loi du heavy germanique, reste - encore et toujours - dévoué au genre. Rien d’étonnant donc à l’entendre scander que le métal ne nourrira jamais (l’archi cliché et pourtant efficace 'Metal Never Dies'). Vu son parcours, on sait de toute façon qu’il continuera à prêcher pour le dieu METAL jusqu’au bout du bout.
Alors, c’est vrai, tout cela n’a rien d’innovant ou d’original. Même si ça reste du U.D.O. « classique », cela demeure bien ficelé. Pour peu qu’on adhère au truc, on se laisse emporter et on se surprend – par moments - à secouer la tête (le galopant 'Prophecy'). Toute la clique (comprendre les deux derniers arrivants, l’autre guitariste Andrey Smirnov, et le rejeton du chef Sven Dirkschneider aux baguettes) est derrière le patron pour soutenir la cause.
Car oui, malgré l’âge qui s’affiche au compteur, le natif de Wuppertal ne lâche rien. Globalement rageur (merci ce timbre si unique et distinctif), notre briscard sait aussi se faire plus doux voire presque crooner (la ballade 'Don’t Wanna Say Goodbye').
Du coté des lyrics, outre les thèmes typiques du heavy, Udo s’inquiète et s’interroge sur notre planète. Selon lui, « Si l'humanité ne repense pas certaines choses, cela pourrait avoir des conséquences dramatiques ». Les changements climatiques, les catastrophes naturelles, ou les mineurs/enfants soldats qui se trimballent avec des armes à feu ('Kids And Guns'), sont quelques-uns des sujets qui l’interpellent. Pour lui, « il est urgent de faire quelque chose ». Là-dessus il n’a pas tort.
Tout fan du German Metal Tank et de heavy metal « à l'ancienne » appréciera ce très correct nouvel effort. Les aficionados du flipper (mais pas que) le savent, après le « Game Over », il y a un « Same player, shoot again ». Alors, vous savez quoi monsieur U.D.O, fais-toi/mous plaisir.