Fin 2020, après une dizaine de skeuds avec ses groupes Slipknot et Stone Sour, Corey Taylor proposait son premier (et plutôt éclectique) effort en solo « CMFT » (comprendre « Corey MotherFucking Taylor », l’un de ses surnoms). Dans les mois qui ont suivis, malgré les contraintes sanitaires, le vocaliste et ses potes accompagnateurs ont tout de même réussis à donner quelques gigs aux USA (une trentaine sur 2021).
Présentement, notre « The Sickness » (autre sobriquet) et sa clique sont de retour avec « CMFB…Sides ». Comme son nom l’indique, il s’agit d’un regroupement de « Faces B » initialement prévues comme bonus pour des éditions spéciales ou des singles. Une fois cela dit, que valent ces dites chansons (quasi intégralement mises en boites lors des sessions du précèdent méfait) ?.
Avec ce genre de livraisons, c’est un peu toujours le même débat. Est-ce des « fonds de tiroirs » sans intérêts ou au contraire un délicieux « Supplément Chantilly » ? Bon déjà, on ne s’étonne pas trop de voir figurer ici des compos de Kiss et de Metallica (ces deux gangs ayant déjà été revisités avec Stone Sour en 2015 sur l’EP « Meanwhile in Burbank… »). Corey est super à l’aise. Sa version de 'Holier Than Thou' (déjà sortie l’an passé sur le gargantuesque coffret hommage « The Metallica Blacklist ») est bien Heavy. En plus d’une appropriation dans le respect de l'original (tout en y mettant sa touche personnelle), on a le droit à la toute fin à un (trop court) extrait d’un autre missile de nos Four Horsemen ('Whiplash'). Belle beigne.
Pour la reprise du Big Bisous ('Got To Choose'), c’est le même combat. Nos gaillards nous embarquent dans cette variante plutôt fun (sympa les « oh oh »). Et puis franchement, avec une pochette pareille (montrant les membres du quintette maquillés comme Paul Stanley et ses comparses), tout est dit sur l’admiration de Corey & cie envers les hommes aux extravagants costumes.
La suite est tout aussi plaisante. C’est notoire, Corey aime les covers, l’unplugged, et les grands écarts musicaux (le récent disque acronyme en est la preuve). Depuis bien des années, entre deux livraisons de ses projets phares, le garçon propose (seul ou avec deux-trois copains) des prestations mi-spoken words mi-acoustiques. A ces occasions, le #8 du Knot reprend des titres et des combos qui lui tiennent à cœur.
Ici, du côté des trucs électriques et plutôt énergiques, c’est l’éclate totale. « Neck » et ses gaziers nous font taper du pied ('On The Dark Side' de John Cafferty & The Beaver Brown Band). On a envie de sauter partout ('Shakin'' d'Eddie Money) voire de jouer des coudes virilement dans une fosse (le punkisant 'All This And More' des Dead Boys). Tout bon tout ça.
Les choses plus dépouillées et tranquilles ne sont pas mal non plus (la douceur 'Kansas', 'Halfway Down'). Dans le genre, l’adaptation de 'Lunatic Fringe' de Red Rider en mode gratte sèche (avec un court accent flamenco sur l’intro) est excellente. Un petit moment de grâce nous est offert avec un doublé live ('Home/Zzyzx' capté lors du livestream « Forum Or Against 'Em » l’an passé). S’accompagnant lui-même au piano, le natif de Des Moines fait une tendre déclaration d’amour à son épouse Alicia (à qui il dédie la première partie du morceau). L’enchainement entre les deux plages passe bien. Le titre fini, mister Taylor s’exclame « Nous l'avons fait, nous l'avons fait ». Oui, pour sûr, vous l’avez fait et plutôt bien fait même.
Même si le séquençage retenu peut décontenancer (on passe du gros Hard rock à l’acoustique en passant par une piste live pour finalement revenir en studio), l’ensemble s’écoute (et s’apprécie) avec plaisir. Ce « CMFB… Sides » se savoure comme un gros gouter (d’un peu moins de 39 minutes) qui est là pour nous faire tenir jusqu’au prochain (et plus copieux) diner/album (dont les démos sont déjà prêtes). « Bon appétit ».
