Cela devait bien arriver à un moment ou un autre. Après six opus avec Slipknot, autant avec Stone Sour, cinq bouquins, et des tournées mi-spoken words mi-concerts en solitaire et en acoustique ces dernières années, voici donc le premier effort sous son blase pour Corey Taylor.
Le natif de Des Moines (État de l'Iowa) a enregistré son méfait avec ses copains Zach Throne et Christian Martucci aux grattes, Jason Christopher à la basse (tous trois acolytes notoires de Corey) et Dustin Schoenhofer (Walls of Jericho) aux baguettes. Pour ce « CMFT » (comprenez « Corey Mother Fucking Taylor »), l’homme aux masques du Knot a voulu un disque fun, festif et éclectique. A bientôt 47 balais, l’américain a choisi de mêler toutes ses envies et ses influences en s’éloignant de ses deux formations références. Dixit l’intéressé, c’est un « mélange de tous les genres qui me plaisent ».
On trouve donc des pistes bien rentre-dedans (le groovy 'Culture Head' avec des grosses rythmiques de grattes et des vocaux puissants) et du Metal rock mélodique accrocheur qui rappelle le répertoire du Sour. Tout cela est efficace au possible. C’est bien simple, ça donnent envie de sauter partout, d’hurler ces mélodies entrainantes et addictives (le dansant 'Kansas'). Du kiff à l’état pur avec ces soli de sixcordes en cascades ('Meine Lux'), du glam rock fédérateur type Poison ('Samantha’s Gone') et des hymnes aux accents pop (le tubesque 'Black Eyes Blue').
Pour le reste l’étasunien s’aventure donc dans des contrées là où on ne l’attend pas forcément. Le numéro #8 de qui vous savez déambule entre country-metal débridé ('HWY 666'), rock teinté de blues ('Halfway Down'), punk furieux ('Everybody Dies On My Birthday', l’explosif 'European Tour Bus Bathroom Song') et morceau aux accents jazzy ('The Maria Fire'). N’oublions pas la fusion metal et rap ('CMFT Must Be Stopped') avec les artistes de hip-hop Tech N9ne and Kid Bookie (avec qui Corey a déjà collaboré par le passé). Que dire à part que c’est absolument What The Fuck mais qu’est-ce que ça fonctionne grave avec ces phrasés rappés et ce refrain qui vous rentre dans le crane et qui ne veut plus en sortir.
Aux travers de textes et de compositions (dont les premières idées remontent pour certaines à sa période lycée) qui ne collent pas trop avec les univers de ses deux groupes phares, Taylor se dévoile, différemment, autrement. Le chanteur montre un côté plus doux, plus sensible ('Silverfish'). Il y a deux ans, notre homme s’est mis au piano et du coup à écrit un titre pour sa chère et tendre épouse Alicia Dove, membre de la troupe de danse Cherry Bombs (la ballade romantique 'Home'). Le pote du clown Shawn Crahan se montre ici délicat et tout en émotion dans un moment personnel et touchant.
Frais, enthousiasmant et diversifié, ce « CMFT » va probablement décontenancer les aficionados des combos phares de notre frontman. Malgré tout, laissez-vous séduire par ce bol d’air qui fait du bien signé mister Corey Taylor.