Report Blink 182 à l'Accor Arena le 09/10/2023
Stephane Masson
Journaliste

«Blink 182 enflamme l'Accor Arena»

Créé 09/10/2023
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Fuck le sommet, Blink-182 va plus haut

Sept ans après son départ de Blink-182, revoilà Tom Delonge dans les rangs du trio... qui s’est lancé dans une tournée titanesque pour l’occasion ! De passage à l’Accor Arena ce lundi 9 octobre, les Américains nous ont régalé

20 heures 45. Ponctuel, le monolithe Blink-182 se pose sur la scène de l’Accor Arena au rythme de la bande-originale de 2001, l’odyssée de l’espace. On aura connu entrée plus subtile, mais au moins le ton est donné !

Les tubes s’enchaînent. Les démonstrations aussi. Les trois musiciens sont de retour et ils comptent bien le faire savoir ; jusqu’à jeter une serviette sur le visage de Travis Barker après avoir parfaitement délivré “Feeling This”.
Qu’à cela ne tienne, il jouera Violence les yeux bandés ! Monstre de technicité, ce n’est d’ailleurs que le début de son récital. Tantôt bardé de lances flammes, tantôt suspendu à plusieurs mètres au-dessus de la scène, le batteur signe un set impressionnant. Une leçon de style qui n’a d’égale que la savoureuse crudité des propos de ses compères. Delonge et Hoppus lancent en effet des insanités plus vite qu’ils ne changent d’instruments, rallumant
l’Arena pour se moquer d’une madame Hoppus plus intéressée par son portable que le concert de son mari et lançant le sacrilège “On emmerde les Beatles, les Stones et Led Zeppelin, notre prochain album est meilleur que toutes leurs discographies réunies !”. Mais loin d’eux l’idée d’être méchants, ce ne sont que des grands enfants !

“It’s emo time,” scandent-ils alors. Comme si leurs flight cases rose ne nous avaient pas mis sur la piste ! C’est éclairé par la lumière de centaines de portables qu’ils entonnent “Stay Together for the Kids”. Dans le public, des presque adultes biberonnés à “No one told you life was going to be this way” s'accrochent à leurs derniers neurones atrophiés par une réalité toujours plus sombre. Mais heureux soient les fêlés, car ils laissent passer la lumière. "Life is too short to last long" chante Hoppus. La vie est trop courte pour durer. Mes yeux se gonflent. Je réalise ce que je viens d'écrire. Si les grandes barioles des années 2000 déferlent de nouveau sur les ondes, c’est que leur optimisme désabusé n’est plus un bonbon acidulé mais bien un produit de première nécessité. Un remède au temps qui passe. Le rempart d’une génération trop occupée à vouloir pousser les murs pour tenter de s’en
échapper. Nous sommes chez nous ce soir. Les lasers fusent. La scène s’enflamme et la salle aussi. Une nuée de slammers s’abat sur la sécurité. Quelle bande de joyeux dégénérés on fait !

Et comme si cette épiphanie n’avait suffit à entamer ma crédibilité auprès des grands costauds flanqués de part et d’autre de ma pinte tiède, voilà que Hoppus saisit son micro et revient sur le cancer qu’il a vaincu en 2021. Ma gorge se serre. Mais ce serait mal connaître ces animaux que de les imaginer en quête de larmes faciles. “N’applaudissez pas, je n’y suis pour rien,” lance le bassiste. “Je n’ai même pas essayé d’avoir le cancer !” Aux premières notes de “Adam’s Song” se mêlent des milliers de rires gras. Fourbes.

S’ensuivent tous les plus grands tubes du groupe. Les mains se lèvent et les moshpits se creusent. Les aliens gonflables s’écrasent contre les bananes géantes. Plus rien n’a de sens, et on ne va pas s’en plaindre !

Noir. L’heure du rappel a sonné. Mais que leur reste-t-il à jouer ? C’est avec le tout nouveau “One More Time” que Blink-182 tirera sa révérence ce soir. La voix de Delonge se brise. Nous aussi on était heureux de vous retrouver messieurs. Surtout quand “One More Time” cette fois de Daft Punk étrangle les enceintes de l’Arena éclairée. Il fallait y penser ! Réussir à être aussi idiot et génial à la fois relève du prodige... et on vient d’en voir trois sur scène.

Une fois n'est pas coutume, aucun hymne ne se déverse sur les pavés. Pas la peine, la catharsis est faite. Blink ce n'est pas une joie qu'on transmet mais qu'on ingère. Qu'on respire jusqu'aux tréfonds et qui rend tout le noir un peu plus blanc. Le silence s'est fait. La vie a repris. En mieux.

Jessica Saval


Setlist :
1- Anthem Part Two
2- The Rock Show
3- Family Reunion
4- Man Overboard
5- Feeling This
6- Violence
7- Up All Night
8- Dumpweed
9- Aliens Exist
10- Dysentery Gary
11- More Than You Now
12- Edging
13- Dance With Me
14- Happy Holidays, You Bastard
15- Happy Holidays, You Bastard (paly a second time faster)
16- Stay Together for the Kids
17- Always
18- Down
19- Bored to Death
20- I Miss You
21- Adam’s Song
22- Ghost on the Dance Floor
23- What’s My Age Again?
24- First Date
25- All the Small Things
26- Dammit
27- One More Time