Enregistré à Londres en novembre 1969, le premier méfait éponyme de Black Sabbath sortira finalement en Angleterre le vendredi 13 (et tant pis pour les superstitieux) février 1970. Capté dans des conditions live (avec un budget de 600 livre sterling et seulement deux jours d’enregistrements plus un pour le mix), ce disque demeure aujourd’hui encore un incontournable pour tout un tas de zicos et de metalleux. Des riffs lourds (merci l’accordage un demi ton plus bas), une musique sinistre et inédite (pour l’époque), des textes aux inspirations sataniques (référence à Lucifer, …) ou fantastiques (cf. les écrits de H.P. Lovecraft et J.R.R. Tolkien), un artwork fantomatique (selon la légende, l’étrange femme sur la pochette n’était pas présente lors des sessions photos), le crucifix inversé à l’intérieur du livret… Bref, le Heavy metal était né.
Dix-sept ans plus tard, le jeune et surdoué guitariste Zakk Wylde, né Jeffrey Phillip Wielandt, rejoignait le groupe de Ozzy Osbourne (vocaliste originel de qui vous savez). Entre albums et tournées, la suite appartient à l’histoire.
C’est notoire, l’adoration que porte notre sixcordiste à la bande à Tony Iommi remonte à loin. Du coup, depuis quelques années, entre deux efforts de son Black Label Society, le chanteur-gratteux étasunien se fait plaisir en arpentant le globe avec son combo de reprises Zakk Sabbath pour rendre hommage au Sabbat Noir. Pour célébrer le 50e anniversaire de la parution du 1er chapitre de la riche discographie du Sabb’, le sieur Wylde a eu l’idée de réenregistrer ledit opus. Entouré du bassiste Rob « Blasko » Nicholson (Ozzy, Rob Zombie) et du batteur Joey Castillo (Queens Of The Stone Age, Danzig), Zakk a opté pour une relecture de la version US de la galette référence ('Evil Woman', la cover de Crow, incluse sur le format européen est donc ici absente).
Baptisé « Vertigo » (clin d’œil au label du même nom qui sorti la rondelle originelle en son temps), cette réinterprétation a été captée dans des conditions similaires au matériel initial. Suivi et filmé par une petite équipe de tournage (interview et making-of sont intégrés au DVD accompagnateur), le trio s’est donc enfermé dans un petit studio et à tout capter (sur un deux pistes) en 24 heures.
Tout y est, au presque. Après quelques sons (inquiétants) de pluie et de cloches d'église (gimmicks maintes fois réutilisés depuis lors), voilà qu’arrive THE riff de gratte (le démoniaque et manifeste doom 'Black Sabbath'). Dissonant et pachydermique, ce triton (trois tons) si particulier et caractéristique écrase tout. S’ensuivent alors les compos si connues. On retrouve bien l’harmonica ('The Wizard'), les accents jazzy ('Wicked World'), et la grosse basse groovy inventées par le quatuor de Birmingham ('Wasp / Behind the Wall of Sleep / N.I.B'). La conclusion s’opère avec les très longues parties instrumentales et les soli Hendrix-iens ('A Bit of Finger / Sleeping Village / Warning'). Conserver l’esprit et l’authenticité de l’œuvre référence sans pour autant copier notes à notes, telle était la volonté de nos protagonistes. Respectueux, les trois larrons ont tout de même opéré quelques subtiles adaptations (un passage ralenti par ci, un solo prolongé par-là) afin de s’approprier les chansons.
Vous l’aurez compris, ce « Vertigo » est un hommage sincère aux icônes britanniques et à un disque qui a déclenché tant de choses. Il y a cinquante piges, en seulement quelques mois d’intervalles, les parrains du heavy metal enchaînaient leur premier essai éponyme, le classique de chez classique « Paranoid » et un jouissif « Master Of Reality ». Nos légendes ayant (semble-t-il) désormais tiré définitivement leur révérence en 2017 après leur tournée « The End », l’existence de Zakk Sabbath est donc bénie. Mister Wylde & cie, une suite s’impose. A bon entendeur…