Le guitariste/chanteur Zakk Wylde vénère tellement Black Sabbath et Ozzy Osbourne qu’il a fait du Madman le parrain d’un de ses rejetons et qu’il a prénommé ses deux autres fils Jesse John Michael (vrai nom d’Ozzy) et Sabbath Page, c’est vous dire. Depuis maintenant dix piges, entre deux opus de Black Label Society, celui qui a déjà œuvré avec le Prince of Darkness en personne s’offre des escapades avec Zakk Sabbath, son tribute band hommage. En 2020, notre six-cordiste/vocaliste, accompagné par le bassiste Rob « Blasko » Nicholson (Rob Zombie) et le batteur Joey Castillo (Queens of the Stone Age), nous avait proposé « Vertigo », réinterprétation du premier effort éponyme des quatre icônes de Birmingham sorti cinquante ans plus tôt.
Un peu moins de quatre années plus tard, le trio récidive avec « Doomed Forever Forever Doomed ». Pour cette seconde fournée de reprises, nos trois larrons se frottent à la deuxième (« Paranoid ») et troisième livraison (« Master of Reality ») du Sabbat Noir. Comme pour le précédent album, les titres sont ici séquencés à l’identique des disques modèles.
Enfermée aux studios Black Vatican et Clear Lake Audio, la triplette s’est donc attaquée à tous ces désormais « classiques » commis par les gentlemen Iommi, Osbourne, Butler et Ward. S’autorisant quelques variations par endroits, nos protagonistes ont adapter plutôt fidèlement les emblématiques chansons du Sab’ britannique.
Pour ce qui est de « Paranoid » (1er CD), l’as du manche étasunien se fait plaisir avec tous ces riffs monstrueux ('War Pigs', le morceau éponyme). Un beau travail a été fait sur la production et le mixage. Le mur de distorsion est bien restitué (l‘incontournable 'Iron Man', 'Electric Funeral' et ses Wah-wah de départ). La basse de « Blasko » sonne plus grave et donne de la profondeur ('Hand of Doom', l’orgasmique 'Fairies Wear Boots'). Le sieur Castillo maltraite son kit en l’honneur de Bill Ward (l’instrumentale 'Rat Salad' et son fameux « solo » de batterie). Le chant du frontman barbu et amateur de kilt rappelle par moments celui de son père spirituel musical. Tout cela est exécuté avec sincérité et respect (l’étrange 'Planet Caravan' et ses vocaux trafiqués).
Avec « Master of Reality » (2eme CD), c’est également du bonheur en barres. Ici aussi, les trois américains ont su conserver l'authenticité et l’esprit du matériel original. Le rendu est lourd, massif et puissant ('Children Of The Grave', 'Into The Void') Rien n’est trahi, pas même les deux interludes instrus à la guitare ('Embryo', 'Orchid'). Il y a ce qu’il faut de réverb’ sur sa voix ('Sweet Leaf'). La section rythmique Rob/Joey se complète parfaitement ('Lord Of Tis World'). Là encore, le mix rend justice au tandem ('After Forever'). L’émotion et la tristesse n’ont pas été oubliées (la ballade 'Solitude' et sa belle ouverture au piano).
« Doomed Forever Forever Doomed » est bien plus qu'un simple hommage aux parrains du Heavy Metal et à deux de leurs offrandes références. Zakk Sabbath célèbre dignement l'héritage laissé par ce quatuor anglais qui a influencé et nourri tant de combos et de métalleux. On présume et espère qu’une relecture de « Vol 4 » arrivera dans quelques années. Vivement.