Avec leur combo Kyuss (aujourd’hui culte), associés au vocaliste John Garcia et au guitariste Josh Homme, on peut dire que le batteur Brant Bjork et le bassiste Nick Oliveri ont popularisés (et probablement définis) le genre du stoner rock. C’était il y a (déjà) plus de trente piges. Après avoir quitté le groupe, Brant a rejoint Fu Manchu avant de se lancer en solitaire avec différentes incarnations. De son coté, Nick s’est rapproché un temps du rouquin Homme pour Queens of the Stone Age, à collaborer à tout un tas de trucs, avant lui aussi de se la jouer solo et de fonder Mondo Generator (auquel le gars Bjork participera).
Bref, en cette première partie de 2021, accompagné de l’ami Ryan Güt aux baguettes (Brant se gardant le chant et les grattes), nos deux compadres reviennent avec le projet « faisons simple » intitulé Stöner (avec tout de même un tréma sur le o). Il y a quelques semaines, on avait eu le droit à un « Live in the Mojave Desert » (enregistrement live d’un gig donné – en pleine pandémie et sans auditoire - dans le cadre d’un festival situé au cœur de la nature sauvage californienne).
Nommé « Stoners Rule » (là encore, pourquoi faire compliqué), le disque qu’on nous propose ici est la version studio dudit concert. Il s’agit des sept mêmes titres mais joués dans un ordre différent. Vu les historiques de nos deux têtes pensantes, on pouvait - assez légitiment - s’attendre à une sorte de tambouille hybride de leurs ziques respectives (Desert Rock planant pour le chevelu et Rock énervé punkisant pour le chauve à la barbichette). Dans les faits, ce skeud sonne surtout comme une livraison du gars Bjork mais accompagnée d’une basse mixée plus en avant et plus forte qu’à l’accoutumée.
Ce premier effort commun conserve tous les codes fondamentaux du style stoner. Des guitares sous-accordées, une 4-cordes bien lourde, des influences aux errances psychédéliques ou puisées dans le blues (le lent et langoureux 'Own Yer Blues', bah tout est dans le titre), et des compositions fleurant bon le sable et la chaleur du désert californien.
Globalement, ça fonctionne bien. On est en terrain familier. Entre la rythmique de sixcordes bien grassouillette (l’hypnotique 'The Older Kids'), les riffs simples mais efficaces ('Nothin'', le groovy 'Rad Stays Rad'), et la petite dose de funk qui va bien (l’entrainant et excellent 'Stand Down'), la « patte » du gourou aux multiples couvre-chefs se reconnait aisément. Les adeptes de longs passages instrumentaux impros-jams ont aussi de quoi se faire plaisir (l’envoutant paveton de treize minutes 'Tribe / Fly Girl'). Dixit nos lascars (et on veut bien les croire), ils se sont « amusés » et « éclatés comme des gosses sans pression extérieure » (en même temps ils se connaissent bien et de longues dates).
Hormis quelques chœurs et doublages de voix ici et là, une seule plage est chantée (qui a dit criée ?) par notre sanguin et souvent torse-poils bassiste (le nerveux et très Oliveri-ien 'Evel Never Dies'). Sinon, c’est Brant qui tient le lead du micro. Comme à son habitude, l’américain reste décontracté. N’est pas Mister Cool qui veut.
Même si tout n’est pas parfait (sentiment de « déjà entendu » par moments), se procurer ce « Stoners Rule » s’impose pour qui est fan de Brant et/ou du stoner tout court. Les sieurs Bjork et Oliveri envisagent leur Stöner comme « une entreprise à plein temps » et « à long terme ». Ces perspectives ne peuvent que ravir les afficionados de ce genre que nous sommes.