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Stiigma

Enora
Journaliste

Beyond The Styx

« Stiigma », une fresque musicale noire et morbide, un serpent qui prend le temps de nous séduire par des mélodies hypnotiques avant de nous broyer
10 titres
Metal
Durée : 28
Sorti le 23/02/2018
10834 vues

Beyond The Styx, c'est une aventure commencée en 2011 aux portes de Tours, en France, au nom du Hardcore, auquel les musiciens rendent hommage à travers leur trois albums, et c'est leur dernier-né, « Stiigma », que nous vous présentons aujourd'hui.

Le groupe ne nous laisse même pas quelques minutes pour nous préparer et nous plonge dans un chaos d'une agressivité infinie avec « Neoblivion ». Rapidement, un break vient interrompre la cadence infernale qu'imposaient les premières mesures et conférer un peu plus de groove à ce morceau très enlevé. Le timbre du scream, très sec, presque étouffé parfois, peut surprendre mais on s'y fait assez vite. « Poison IV » prend la relève dans une ambiance plus sombre et inquiétante qui monte peu à peu. Alors que la mélodicité était très palpable sur le premier titre, on passe sur une composition qui joue beaucoup plus sur la rythmique ici avec une batterie très mise en avant et sur laquelle la guitare laisse tomber quelques riffs presque Black, mais mon coup de coeur va indéniablement au passage à la basse, extrêmement bien mixé par ailleurs ! Ce qui est impressionnant avec ce groupe c'est qu'à chaque fois qu'on croit atteindre le summum de la brutalité, ils nous prouvent qu'ils en ont encore sous le pied et qu'il leur suffit de pousser un petit peu pour atteindre un autre niveau. Le chanteur semble se lâcher un peu plus sur « ParanØmmunation », ce qui donne presque l'impression que la ligne musicale est moins travaillée que sur les titres précédents, mais ce retrait des instruments nourrit la folie qui anime les hurlements. La rythmique vient du Core, la ligne musicale flirte avec le Black, et la puissance est tout simplement au-delà de tous les styles, autant vous dire qu'on se régale.

Avec « Decima », le groupe sort un peu du schéma rythmique qu'il nous avait proposé jusque là, enfin en apparence car un break n'est jamais loin. Certains vont vous dire que tous les morceaux sont pareils, et pourtant le groupe propose une palette d'une grande diversité ; mais une constante demeure : la violence ! Néanmoins, ne me faîtes pas dire ce que je n'ai pas dit, il ne s'agit pas d'un bourrinage gratuit et chaque chanson a été pensée et articulée, à l'image de « King S », en featuring avec Rom V. A nouveau, je retrouve ma basse adorée, mais c'est surtout les réponses et superpositions de voix qui apportent une petite touche particulière à la chanson. « Danse Macabre » porte bien son nom tant il est aisé d'imaginer une fosse se mettre à bouger en rythme avec, bien entendu, un grand et joyeux mosh pit au milieu ! Tout dans la ligne rythmique appelle au mouvement et on se laisse aspirer par le côté lancinant du duo basse-batterie. On aurait presque l'impression de changer de groupe avec « DTNT » où on retrouve presque une certaine influence Punk (c'est léger hein !). Finalement, le morceau prend un virage assez radical et semble être le plus brutal de l'album. Les riffs angoissants répondent à des screams déments, le tout sur une ligne rythmique langoureuse mais menaçante.

C'est au tour de Sly de se joindre à Beyond The Styx sur « Lightmare », une chanson trépidante et qui oscille entre passages à pleine vitesse et breaks plus lourds. Quelques hurlements en choeur ponctuent le tout avec une guitare un peu plus discrète jusqu'à son solo sur lequel s'enchaîne un passage rappé. Je ne suis pas fan du flow mais c'est probablement personnel. On aurait presque l'impression que le groupe se calme avec « Walls (Cement of Disorder) » et on effleure des groupes de genres tout autre sur les premières secondes, mais c'est décidément toujours une rythmique sautillante qui marque les compositions de cet album afin de nous rappeler, si jamais on l'oublie, qu'il s'agit de Hardcore pur et dur, et en même temps pas tant que ça car le groupe ose faire quelques tentatives qui le sortirait presque de cette nomination générique qu'on a tendance à appliquer à tout et n'importe quoi dès que ça devient agressif. Et pourquoi est-ce que je ne vous laisserais pas aller découvrir le dernier morceau, « Checkface », par vous-mêmes ? Profitez-en bien surtout.

Beyond The Styx signe un album d'une rare qualité avec « Stiigma ». Le groupe pose les bases d'une fresque musicale noire et morbide qui avance vers nous de façon implacable jusqu'à nous dévorer, mais pourquoi ne pas se laisser faire ? Car, à la manière du serpent, les musiciens prennent le temps de nous séduire par des mélodies hypnotiques avant de nous broyer.

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