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Sentence

Fabien
Journaliste

Beyond The Styx

Dix brûlots, dix bâtons de dynamite excédant rarement les trois minutes, l'objectif est clair, ne pas perdre son temps et marquer son territoire par un robuste jet d'urine métallique.
10 titres
Metal
Durée : 30
Sorti le 04/02/2022
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Nous avions appris à l'école que Tours était une ville moyenne, un petit chef-lieu tout mignon traversé par la Loire. Erreur funeste! Vaste fumisterie ! Complot géographique... on nous ment, je veille au grain, la vérité doit être rétablie... elle est terrifiante. A Tours, naît, vit et prospère le Styx, l'affluent de la haine où se baigna Achille et où officie Beyond the Styx, meute tourangelle de cinq aspirants cerbères à la muselière déchiquetée.

En ces temps de réchauffement climatique et de pénurie d'eau, la présence de ce cours d'eau démoniaque permet au quintette de s'hydrater tout à loisir et l'effet de cet élixir de démence est immédiat. Ça sent l'émeute, le coup de boule, le wall of death voire le bubon sur l'épiderme diaphane d'un dandy endimanché. Et qui dit bubon dit pus et qui dit pus dit geyser prêt à jaillir, ''Sentence '' est ce geyser.

Pour vous situer ce quatrième méfait sur le guide michelin du metal, les gars de Tours lorgnent tantôt vers Madball, tantôt vers Body Count (le flow rap en moins), les fondements sont hardcores, les guitares sont costaudes et le chant possédé. Bref, c'est un groupe de hardcore, point. Chronique suivante.

Il eut été évidemment scandaleux de s'en tenir là et cela n'aurait surtout pas rendu justice à la qualité de ce bruit et de cette fureur. Il ne suffit pas en effet d'être énergiques ni apparemment sincères pour faire un bon disque, il faut ce petit supplément d'âme que possèdent amplement les vieux garnements de Beyond the Styx, à savoir être capables de composer des morceaux qui, s'ils n'inventent pas la poudre, savent bigrement la faire parler. Dix brûlots, dix bâtons de dynamite excédant rarement les trois minutes, l'objectif est clair, ne pas perdre son temps et marquer son territoire par un robuste jet d'urine métallique.

Un signe ne trompe pas, c'est le mouvement quasi-pavlovien d'une nuque qui à chaque nouvelle piste ne sait plus où donner de la tête et qui capitule avec délice devant ce groove sauvage et goudronneux porté par une rythmique en béton armé et un riffing énorme. 'DC' et sa slam part dégoulinante et jubilatoire, 'chain of life' et sa cavalcade urticante, les ingrédients sont souvent les mêmes mais l'assaisonnement fait tout. Une pincée de ceci, une nuance de cela, et nous voilà derechef contraints de désarticuler un corps qui n'en demandait pas tant. Bref, ça sonne juste, ça ne lasse jamais et ça tape là où ça fait du bien.

Monsieur Emile, égosilleur en chef, peut donc à loisir éructer librement ses griefs dans la mesure où il se sait accompagné comme son ombre par un squad incendiaire qui vibre à l'unisson. L'ensemble est corrosif, primesautier, les choeurs sont virils et sentent la communion entre amis de longue date. Oubliez les envolées lyriques, les vibratos délicats, Beyond the Styx fait dans la scansion de stade ('New World Disorder')... Primaire et régressif, le ''no way'' de 'Scorch AD' donne envie de coller des baffes et des torgnoles aux mufles, aux idiots voire à tous les autres. A noter, la participation plus que pertinente de nombreux guests et notamment d'un certain Guillaume D qui ajoute pour l'occasion une dose supplémentaire de testostérone à un projet qui avait déjà pourtant tout ce qu'il fallait dans sa besace cloutée.

Avant d'emprunter l'autoroute de l'enfer, il vous faudra au préalable faire trempette dans ce Styx tourangeau afin de montrer si vous en êtes dignes. La baignade est évidemment interdite, la bouée est dégonflée et les maîtres-nageurs ont le rictus narquois, démoniaque et sardonique... vous êtes maintenant au courant. Sur ce, bon bain.

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