CHILDREN OF BODOM
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Metal
Chroniques

Hexed
Baptman
Journaliste

CHILDREN OF BODOM

«Si Hexed ne réinvente pas la formule si bien éprouvée de COB, il est indéniable que sa qualité homogène et son efficacité constante tout du long font honneur à l'héritage des leaders du death mélodique. »

11 titres
Metal
Durée: 45 mn
Sortie le 08/03/2019
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Certains groupes dont les finlandais de Children of Bodom n'ont besoin d'aucune introduction. Voici plus de 25 ans que nos sales gosses préférés, éternels adolescents à problèmes, dominent la scène death-mélodique mondiale avec leur formule Made in Finland dévastatrice et leur attitude de mecs qui n'en ont rien à foutre.

Riffs agressifs, mélodies au synthé qui restent immédiatement dans la tête, solos de guitare de haute voltige, fond de tapis de double grosse caisse/blast beats délivré en 6ème vitesse et choeurs enragés d'une bande de gars qui veulent en découdre faux à la main...tels sont les ingrédients du cocktail explosif. Porté par les screams du charismatique frontman et guitar-hero Alexi-Wrathchild-Laiho et ponctué ça et là des déclinaisons les plus fleuries du juron à quatre lettres, chaque morceau est délivré autant avec précision qu'avec la brutalité et la rage primale d'un gros coup poing en pleine face. A l'instar du sinistre faucheur qui les accompagne depuis les débuts, la musique de Children of Bodom balaye tout sur son passage.

Il est somme toute assez facile d'y trouver son compte. Les fans de hardcore et deathcore à la Hatebreed apprécieront la violence des riffs et des textes avant de se jeter à corps perdu dans le champ de bataille qu'est la fosse des concerts de la formation. Les amateurs de métal symphonique reprendront en choeur les mélodies du claviériste Janne – Warman- Wirman tout comme le feront les réticents au chant scream et au death metal qui se laisseront séduire à l'occasion. Les guitaristes ou fans de shred et néo-classiques reproduiront en air-guitar les solos d'Alexi Laiho tout en chantant les notes une à une, et, pour couronner le tout, même les fans de black métal pourraient esquisser l'ombre d'un sourire, ce d'autant plus avec ce nouvel opus, ''Hexed'', comme on le verra plus tard. Tout le monde est bienvenu dans la Hate Crew.

Longue et impressionnante carrière oblige, Children of Bodom est entouré pour beaucoup de ses fans, d'une certaine nostalgie. Pour peu qu'on ait entre 25 et 30 ans, le groupe représente les années de collège/lycée quand on s'échangeait encore des CD dans des boîtiers cristal fendus de partout ou des clés USB remplies de MP3 dans la cour de récréation. Ou, pour peu qu'on soit musicien, quand on mobilisait le PC familial pour télécharger des partitions GuitarPro des solos d'Alexi Laiho. On l'a tous fait, allez. C'est aussi avec COB que beaucoup d'entre nous ont été initiés pour la première fois au métal extrême et au chant scream. Les albums du trio sacré ''Hatebreeder'' (1998), ''Follow The Reaper'' (2000) et ''Hate Crew Deathroll'' (2002) sont depuis intouchables et chaque hardcore fan espère en secret que le nouvel opus du groupe fera resurgir l'émotion et l'adrénaline engendrées par ces albums fondateurs.

Soyons francs, même si on aime bien COB, ces attentes ne sont pas toujours satisfaites. Il est arrivé à la bande à Alexi de produire par le passé des morceaux et opus en demi-teinte, pas mauvais, certes mais en-dessous de ce qu'on a pris l'habitude d'attendre de leur part. On peut penser à ''Relentless Reckless Forever'' (2011) par exemple, un peu mou, qui manquait de titres véritablement mémorables malgré sa réussite commerciale avec le titre 'Was It Worth It ?' ou ''I Worship Chaos'' (2015), inégal et regrettablement sans grand impact qui avait été accueilli de manière mitigée par la critique et par les fans. Cette petite et excusable baisse de régime n'excluait pas toutefois la présence occasionnelle d'excellents titres, reflets de la gloire passée, comme les très efficaces 'Your Days Are Numbered', 'Transference' ou 'Halo Of Blood' tous les trois sur l'album ''Halo Of Blood'' sorti en 2013.

On pourrait se demander pourquoi un tel attachement au passé. Dans le cas d'un groupe comme COB qui reste fidèle à son style d'album en album, il est difficile pour un nouveau titre de rester dans les mémoires. Les possibilités d'innovation étant très limitées, on se rend finalement compte que de fait, pour peu qu'on écoute le groupe depuis un certain temps, ce sont les titres qui restituent le mieux l'énergie de la jeunesse des productions des années 2000 qui marquent le plus les esprits et qui restent.

Dans ce cas qu'en est-il de ''Hexed'' ?

On se rend compte dès la première écoute qu'il fait indéniablement honneur à l'héritage et à la réputation du groupe sans bien sûr révolutionner la formule en quoi que ce soit. On y retrouve absolument tout ce qui fait le son si atypique de COB. Les passages classiques sont bien là dans le morceau titre 'Hexed' avec un solo au clavecin, on retrouve les gros riffs de guitare '' in your face '' qui attaquent pleine balle dès le premier titre 'This Road'. Les refrains porteurs et mélodiques comme celui d''Hecate's Nightmare' sans compter les solos du duo Laiho/Wirman sont aussi de la partie.

Au fil de l'écoute on découvre avec délectation des morceaux et passages de morceaux qui nous font directement penser à ''Hatebreeder'', en particulier le riff de 'Glass Houses' ou à ''Hate Crew Deathroll'' avec 'Under Grass And Clover' et 'Relapse (The Nature of My Crime)'.

''Hexed'' se distingue cependant de ces prédécesseurs grâce à quelques détails.

Déjà, il s'agit du premier album enregistré avec le second guitariste Daniel Freyberg, depuis son intégration en 2016, suite au départ de Roope Latvala. Cela dit, Freyberg s'est si bien inséré dans la formation que sa présence ne donne pas plus d'impression de nouveauté que cela.

Ensuite, esthétiquement, on est intrigué par la pochette au graphisme naïf et grossier qui dénote beaucoup avec le trait plus léché de la cover de l'album précédent. Avec ce traité graphique et les couleurs mauves et sombres qui habillent sa pochette, ''Hexed'' s'approprie quelques codes du black métal. On s'attend donc logiquement à un album sombre traversé par des ambiances symphoniques plus mystérieuses, avec des nappes de synthé inquiétantes, des tempos rapides menés blast beat battant et des longs screams. Promesse tenue avec le morceaux 'Kick in a Spleen' qui est sans doute dans le catalogue actuel du groupe le titre qui se rapproche le plus du black métal si on fait l'omission des solos de guitare et de clavier. C'est une petite surprise bienvenue et un des titres à retenir de ce nouvel album de la Hate Crew.

Le ton général de ''Hexed'' est l'agressivité. Il n'y a presque aucun moment de répit dans cet album ce qui devrait séduire les amateurs de la partie heavy de COB. Même les morceaux mid-tempo comme le très bon 'Soon Departed' parviennent à conserver l'énergie grâce à des refrains très porteurs et à des thèmes épiques. L'adrénaline et la frénésie nous parcourent du début jusqu'à la fin sans nous lâcher et c'est une sensation grisante. Aucun titre ne vient casser la dynamique et on navigue à vitesse supersonique entre ambiances fantomatiques, appels épiques à la rébellion et déchaînement de rage primale. Une performance qu'il convient de saluer et qui fait de ''Hexed'' un album très homogène en qualité et d'autant plus efficace. De ce point de vue et par comparaison avec les productions précédentes, on devrait être satisfait.

''Hexed'' contient un joli lot de riffs, refrains et thèmes porteurs. Les plus marquants sont sans doute 'This Road', 'Under Grass and Clover', 'Soon Departed' et 'Hecate's Nightmare'. On retiendra en prime 'Kick in a Spleen', le titre le plus violent de l'album.

De ce fait, et après plusieurs écoutes le constat se confirme : ''Hexed'' est à classer dans les bons albums du groupe, certes pas à la hauteur du trio légendaire, mais tout de même un net cran au-dessus des dernières productions. Une explication peut être le fait que le cycle de la livraison biannuelle a été brisé, ce qui a sans doute laissé plus de temps au groupe pour mûrir ses compositions. Il y a à parier que ''Hexed'' laissera plus de titres dans les setlists futures du groupe que ne l'ont fait ses prédécesseurs depuis le début des années 2010. C'est tout qu'on souhaite en tous cas.