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ARK

Enora
Journaliste

Crossfaith

Il y a du très bon et du très mauvais dans "Ark", mais il y a surtout une étrange et inexplicable dissolution de l'identité de Crossfaith.
11 titres
Metalcore, Electronicore
Durée : 37
Sorti le 26/06/2024
1058 vues

Avec les années, Crossfaith est passé du statut de petite pépite japonaise dont personne ne soupçonnait la pérennité à groupe bien établi de la scène Metalcore/Electrocore mondiale. Avec quatre EPs et quatre albums – « The Dream, The Space » (2011), « Apocalyze » (2013), « Xeno » (2015) et « Ex_Machina » (2018) – à son actif, le groupe n’avait pourtant plus rien sorti depuis les cinq morceaux de « Species » (2020). Mais voilà qu’ils proposent un nouvel opus à leurs fans sous la forme d’« ARK ».

Un album qui s’ouvre avec une courte introduction est devenu un procédé bien trop répandu pour en être intéressant, et c’est donc assez rapidement que nous passons sur ‘The Final Call’ qui emprunte aux jeux vidéo avec une orchestration accompagnée d’un voix féminine robotique qui annonce : « Back to zero ». Et puisqu’on en parle, ‘ZERO’ est un titre qui permet de renouer avec ce qu’on connait de la discographie de Crossfaith avec, peut-être, des transitions un peu plus brutes. Mais l’énergie est au rendez-vous, tout comme le scream de Kenta Koie qui nous avait manqué !

Comme souvent, Crossfaith a invité d’autres artistes pour des featuring plus ou moins réussis… Du côté du moins, on peut citer le répétitif ‘God Speed’ avec Wargasm (Electronic Rock, Royaume-Uni) et le négligeable ‘L.A.M.N’ avec Bobby Wolfgang (Electronic Rock, Royaume-Uni). Le point commun de ces deux titres ? L’absence notable de l’identité du groupe japonais qui semble s’être entièrement dissoute pour un résultat fade. A l’inverse, la collaboration avec SiM (Alternative Metal, Japon) intitulée ‘Warriors’ est particulièrement intéressante ! Leur travail commun donne naissance à une petite bombe qui mêle des refrains qu’on veut reprendre à pleins poumons à des couplets purement Metal tout en conservant les spécificités des deux groupes qui les étalent sur le pont et le virage final très chaloupé.

Là où les choses se compliquent pour Crossfaith, c’est que cette alternance de succès et d’échecs se poursuit sur le reste de l’album. ‘My Own Salvation’ se démarque par le travail du batteur, Tatsuya Amano, qui met en place une rythmique entraînante, secondé par la basse d’Hiroki Ikegawa. Ce petit retour aux lignes Electro d’« Apocalyze » (2013) annonce presque ‘HEADSHOT !’, très proche des morceaux énervés et dansants qui ont fait la renommée du groupe. Mais la plus belle réalisation d’« ARK » est sans aucun doute ‘DV ; MMYSY5T3M…’ sur lequel Crossfaith embrasse des influences Death et Djent !

En dehors de ‘DV ; MMYSY5T3M…’ qui ne peut que surprendre, on peut supposer que les fans du groupe apprécieront ‘My Own Salvation’ et ‘HEADSHOT !’ mais que ceux qui attendaient des nouveautés soient déçus tant Crossfaith reste dans sa zone de confort. Ce qui n’est finalement pas si mal en comparaison des décevantes ‘Night Waves’, ‘Afterglow’ et ‘Canopus’ qui concluent cet album. Si on perçoit la jolie intention derrière les deux premières qui se veulent des ballades, il faut admettre que la réalisation est plus que douteuse, que ce soit dans la composition ou dans la production. Après ces deux titres pauvres et à l’impact émotionnel quasi-nul, ‘Canopus’ et son cruel manque d’intérêt musical porte le coup de grâce à l’album dans une ambiance niaise.

C’est un bien étrange mélange de très bonnes choses et d’autres beaucoup plus tristes que Crossfaith nous propose avec « ARK ». Cette inconstance surprend de leur part, mais le plus étonnant est encore la disparition de leur patte dans leurs featurings. Espérons que cette faiblesse n’est que passagère et qu’ils ne se condamnent pas soit à la répétition des éternels mêmes standards soit à une disparition progressive de ce qui fait leur singularité.


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