Déjà le quatrième album pour le trio de teigneux from Trondheim, Norvège. Avec la régularité d’un métronome -dans le cas présent, du marteau sur l’enclume- BOKASSA assoit la petite notoriété qu’ils se sont constituée en ouvrant en Europe pour les « patrons » de la Bay Area , à savoir METALLICA (les plus attentifs auront noté les guillemets…). Nonobstant l’absence de cohérence de ce plateau (les scandinaves ne proposant pas la même tambouille que les franciscains), la triplette avait ainsi pu faire déguster son ragoût de stoner sauce punkàroulette, gorgé d’énergie, à une plus large audience.
« All Out of Dreams » ne sort globalement pas du schéma établi : sur une base rythmico-harmonique typique des neurones-à-crête (« Garden of Heathen »), BOKASSA esquisse quelques pas de côté vers le hardcore (« The Ending starts today », « Everyone fails in the end »), le stoner (« Gung Ho ») et le heavy (« Straight Edgelord ») voire le thrash (« No more Good days »). C’est puissant, ça balance et c’est fait pour mettre l’ambiance bien comme il faut en concert, ou lors des barbecues entre potes.
Ceci dit, même si l’on dénote un souhait de renouveler le propos (la rigolote intro façon console 8bits de « All out of Dreams », ou le doomy « Crush (all heretics) »…), le résultat n’est pas aussi probant sur ce point. Le style adopté reste balisé et il manque au long de l’album d’un peu de surprise qui sortirait l’auditeur de la conduite en automatique.
Par ailleurs, les deux featurings de l’album (Lou Koller de Sick of It All sur « Garden of Heathen », Aaron Beam de Red Fang sur le ternaire « Bradford Death Squadron »), ne s’entendent qu’à peine, la faute à des tessitures et styles de chant sans doute trop proches de celui de Jørn Kaarstad . On frôle le soupçon de putaclic, histoire de toucher les fans des deux autres formations. C’est dommage, car sur le papier, et dans l’écriture des morceaux , la démarche était sans discussion possible cohérente.
Entendons-nous bien, la collection de morceaux proposée ici par le trio norvégien est tout sauf honteuse, et constituera une belle entrée en matière pour ceux qui n’auraient -à tort, soit dit en passant- pas encore porté d’intérêt au travail du combo. L’énergie développée apporte son lot de plaisir à l’auditeur qui ne s’ennuiera pas, et se surprendra à osciller de la tête, le sourire aux lèvres.
Cependant, on sent pointer un début de routine, qui à terme pourrait freiner l’ascension d’un groupe qui mérite – et qu’on pense capable de -mieux que cela. Le départ tout récent du bassiste Bård Linga est sans doute le symptôme d’un relatif épuisement de la formation, dont seul l’avenir nous dira s’il s’agissait d’un simple « petit » passage à vide. « All out of Dreams » n’en amène pas pour autant l’auditeur au stade de l’inquiétude, et promet de beaux moments…en attendant la suite.
