Molotov Rocktail
Aldo
Journaliste

BOKASSA

«Ce disque recèle suffisamment d’énergie pour transformer une barbecue-party en machine à fabriquer du pogo et du circle pit.»

11 titres
Stoner Punk
Durée: 43 mn
Sortie le 03/09/2021
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BOKASSA…vu de chez nous, ce nom évoque principalement un dictateur africain, fan de pierres précieuses, qui valut quelques sueurs à un de nos anciens présidents.
Mais quand on est fan de Metal (au sens le plus large, s’entend…) on pense également à une triplette de graisseux tout droit venus de Trondheim, au pays des fjords, des moutons laineux et du fromage brun.

Ayant, par un miracle que d’aucun parviennent à expliquer encore aujourd’hui, tapé dans l’oreille de Lars ULRICH, cogneur de KIVOUSSAVEY, avec leur premier opus «Divide and Conquer", les dénommés Jørn Kaarstad, Olav Dowkes et Bård Linga se sont retrouvés embringués dans une tournée des popotes avec les quatre Cavaliers de l’Apocalypse, tout en nous assénant un second glaviot huileux, « Crimson Riders ». Il faut dire que leur ratatouille, habile mélange de rage punk et de lourdeur hypnotique, avait vite fait donné des démangeaisons au popotin des metalheads et convaincu la cantonade de leurs qualités.

Ceci dit, le fait est que dans la carrière d’une formation musicale, le troisième album est un jalon clé, qu’il faut savoir négocier habilement quand on veut s’inscrire dans la durée. Alors forcément, quand les norvégiens sortent du bois et annoncent que leur prochaine galette sort du four, la vigilance est de sortie. A quoi doit-t-on donc s’attendre ici ?

Nous irons droit au but : si vous vous demandiez ce que pourraient donner les fruits issus des amours entre, disons TRUCKFIGHTERS et SUM 41 (mais on aurait aussi bien pu dire RED FANG et OFFSPRING, hein…), vous allez avoir le résultat pile poil dans les esgourdes. Sur une assise faite de fuzz bien chimique, de batterie lestée au plomb –mais genre, à la tonne, hein…- BOKASSA nous balance des riffs écrasants, qu’ils viennent l’air de rien entreméler à d’autres motifs franchement plus « joyeux » et skate punk, soulignés par le chant passé au papier de verre de l’ami Jørn, hésitant entre glaviot « neurone à crète » et vindicte hardcore. Le tout est puissant et –skate punk oblige- également dansant. Ca flatte les cages à miel, ça met le smile et ça n’est jamais barbant.

Côté production, c’est en toute logique assez brut, ça va à l’essentiel sans en mettre plein la vue, même si les refrains sont tout de même un tantinet musclés par ce qu’il faut d’over dub pour flatter l’oreille des teenagers à roulette. Le traitement de la voix est assez particulier, puisque Jørn double souvent sa ligne principale hurlée par une piste de voix sur laquelle il suit la ligne mélodique en la chantant une octave plus bas, en chant clair. Ca vient injecter une dose d’ambigüité intéressante qui capter l’air de rien, l’attention de l’auditeur.

Petite singularité : le titre qui conclut l’album, « Immortal Space Pirate 3 Too Old For This Sith » (si ça c’est pas du fumeux, comme titre…) est d’une longueur ( 8 minutes) qui tranche avec les autres morceaux, et délaisse le punk pour servir un bloc épique et moite de pur Stoner, hypnotique et pesant. On ne s’y serait pas pris autrement pour un bouquet final qui a de la gueule.

Ceci dit, il manque le petit quelque chose qui fera dire, après quelques écoutes, que cet opus marquera le paysage musical d’une pierre blanche. La faute à une formule qu’il est bien difficile de révolutionner, sans doute… Malgré tout, on passe un bon, un excellent moment,même ! Aussi, votre serviteur le conseille-t-il sans hésiter, a fortiori aux fans de parpaings arrosés de mauvaise bière. Car ce disque recèle suffisamment d’énergie pour transformer une barbecue-party en machine à fabriquer du pogo et du circle pit.