Qui n’a jamais rêvé d’aller découvrir les 36 kms de plages du Brésil ?
Chacun retiendra des images diverses : le football, le carnaval et ses jolies dames, le pays du mojito, de la Feijoada accompagnée de ses haricots noirs,…
Je retiens un autre contexte plus difficile : 206,1 millions d’habitants dont un ratio de 7,4 % de gens vivant sous le seuil de pauvreté.
Vous me direz quel est le lien avec le groupe qui nous préoccupe ? Leur origine, leurs racines, justement.
Pour avoir vu ce trio féminin Brésilien au Métal Méan Festival en août 2015, à travers une prestation scénique époustouflante et inoubliable, nous pûmes réaliser la détermination de ces gentes dames, tout le travail réalisé depuis leur formation officielle en 2010.
A l’époque, elles défendaient leur 1er album « Victim of Yourself » sorti en 2014. Les métalleux présents lors de ce live exceptionnel se souviendront des larmes de bonheur versées par la chanteuse, Fernanda Lira, lorqu’elle réalisa qu’elle et ses amies venaient de livrer une très haute prestation.
Cela inspire le respect pour ces damoiselles, bossant âprement leur plan de carrière.
Nous voilà deux ans plus tard avec une seconde galette dans l’escarcelle et l’occasion pour nous de faire le point.
Dès l’écoute de la première piste de cette cuvée nouvelle baptisée « Agony », nous réalisons qu’il y a une évolution sans doute liée à l’acquisition d’une belle expérience lors des nombreuses tournées écoulées.
Le premier titre « Arrogance » nous plonge dans un bon Thrash old-school incisif, puissant, mordant et speedé. Le chant nous semble moins clair que sur le premier album, laissant entendre quelques bases légèrement Death.
La rythmique est puissante et les riffs vous plombent l’air ambiant. C’est un bon morceau.
Suivent « Théory of Conspiracy » et « Déception » qui prennent la même orientation supra-boostée.
A la différence que sur ce second morceau, le spectre de Slayer hante votre esprit tant le morceau est conduit de main de maître(sse). Prodigieux ! Le mythique groupe référé semble s’essouffler tandis que nos jeunes chamanes ressuscitent, non pas le Trash, mais son essence, ce qu’il était à la base.
Clairement mon premier morceau coup de cœur !!
« Déception » s’insinue déjà dans ce même créneau et nous montre le doigté de la batteuse « Pitchu » accompagnant dignement les bons riffs rapides de Prika.
« Intolérance means war » démarre un peu à la manière d’un Cannibal Corpse tout en gardant son orientation Thrashy. Assez sympathique et seond coup de coeur.
Nous partons ensuite dans une courte croisade en guerre Sainte toujours au pas de grande course…et heureusement, la ligne de fin d’album est encore lointaine.
« Failed System » ralentit juste un fifrelin mais loin du trot. Nous gagnons un répit et profitons de riffs ponctuant le très bon jeu de basse de notre agréable vocaliste. Son successeur « Hostages » prend le même registre mais comprend de légers breaks.
Le 8ème morceau me plaît nettement moins, car il surprend et son démarrage change un peu la griffe générale.
Fort heureusement, « CyberWar » apporte une toute autre surprise, vous plongeant cette fois dans un univers plus punkoïde et c’est agréable car il se complète d’un refrain purement Heavy. C’est frais.
« Hypocrisy » vous apporte un autre angle de légèreté, moins agressif mais prônant le travail du riff guitaristique, sorte de scratch des cordes. Et le vocal reprend de plus belle toujours dans son Trash "Deathisé".
Nos dames, craignant sans doute que l’on puisse prendre goût au repos mental, repartent de plus belle sur le dynamique « Devastation ».
Cerise sur le gâteau, « Wayfarer », dernier morceau nous laisse entrevoir une vocaliste qui se la joue Bluesy, dans un petit bar empli de fumée, où s’entrechoquent les verres de whisky. Le morceau dure plus de 6 minutes et montre un autre registre, jusqu’à 1 minute 40 puisque Fernanda retourne dans son chant plus brutal, plus touffu pour proposer un final à la Skye (éminente Blues Woman). Bien agréable expérimentation.
En conclusion, nous mesurons le solide travail réalisé par le trio, nous offrant un album sincère, humble mais soigné.
Si vous le trouvez « convenable mais sans plus », je vous invite à y intégrer la dimension sociale, le parcours laborieux de nos dames, leur aptitude à retravailler le Thrash à la base, à sublimer ses racines tout en suivant le chemin de l’efficacité et de la constance, je pense pouvoir dire qu’ « Agony » n’est certainement signe d’essoufflement du combo. Loin de là, nous sentons un gain en maturité et une volonté de s’ouvrir à l’expérimentation comme le fît jadis le « Roots » de Sépultura.
Je suis persuadé que ces filles possèdent encore une marge de progression et donc de quoi nous surprendre lors d’une autre aventure.
Je ne puis que vous exhorter à les voir en concert, car sur les planches, les Brésiliennes mettent tout le monde d’accord. La relève des plus grands est déjà assurée. Bravo Nervosa.