Après 14 ans d'un silence assourdissant qui ne vous aura forcément pas échappé, le quintet grindcore revient avec « Regarde les hommes sucer », nouvel album fleurant bon l'anus et autres arômes délicats. Fidèle à ses valeurs d'origine, Gronibard reste volontairement compte tenu des compétences limitées de chacun de ses membres, c'est en tout cas la stratégie de comm que le groupe a adopté, débile et misogyne.
1998. Pendant que les bleus défendent à tout-va pour attraper une coupe du monde, cinq Lillois attaquent et décident d'enregistrer leur première démo. 2h et cinq guitaristes plus tard, cette affaire de l'extrême est pliée. 600 copies se vendent dans la foulée. Pas mal pour un titre fabriqué à base d'extraits de films débiles des 70?s et de films de cul. Sans maitriser leurs instruments, sans savoir composer, sans la moindre promo, nos Zuckerberg du Grindcore semblent avoir trouvé la formule magique.
2001. Alors que des tours s'effondrent à l'autre bout du monde, Gronibard signe son premier contrat avec une maison de disques. Hasard ? Coïncidence ? L'histoire jugera. Seule certitude, en quelques jours, « Gronibard », le premier LP du groupe, est mis en boîte. Bilan : gros carton dans la scène métal. Last but not least, un candidat de la Nouvelle Star - l'émission de télé-crochet dont tout le monde parle alors - reprend un des morceaux du groupe. Admirablement entouré par leurs proches, Anal Capone et sa bande parviennent heureusement gardent la tête froide et affichent un calme que bon nombre de groupes scandinaves leur envient.
Ensuite, tout se brouille. Allergique au stakhanovisme outrancier de l'époque, Gronibard détend ses bretelles, prend son temps. Trop, peut-être. Un EP en 2005, un deuxième LP en 2008,...Puis le silence complet. L'encéphalogramme plat. Un rythme de croisière qui aurait pu envoyer le groupe au fin fond de la fosse des Mariannes.
Sur scène, le groupe va progressivement se faire aussi rare qu'un bon morceau d' Ultra Vomit. A ses débuts, il fait pourtant feu de tout bois et joue partout : dans un festival au Portugal avec des stripteaseuses, dans la cour d?une brasserie lilloise (pour l'occasion, ces esthètes se font payer en boudins). Novateurs et fans des barbus qui (se) grattent, le quintet va jusqu'à partager une date avec Corbier du Club Dorothée lors d'un « cassoulet show » historique.
Sur les jantes à force d'écumer les scènes, le groupe décide alors, contrairement aux Rolling Stones, de ne plus faire que les dates qui font marrer les membres du groupe. Du plaisir, du plaisir, rien que du plaisir. Et juste ce qu?il faut de sodomie auditive. De retour au festival Motocultor en 2019, le groupe déjà culte fait voler la boue dans le public. Généralement vêtus de leurs seuls instruments sur scène, les membres de Gronibard sont des gens de qualité, ce que l'état civil du line up du groupe prouve haut le slip : Anal Capone (Chant), Albatard (basse), Godemichel (batterie), Nocrome (lead guitare), Merdic (guitare de secours).
Année présidentielle, 2022 sera avant tout marquée par le retour de ces génies du buzz non maitrisé. Un come-back pas si évident. Depuis « Satanic tuning club turbo », leur dernier album sorti il y a 14 ans, la société a changé. Eux aussi, puisqu'ils ont profité de ce laps de temps pour trouver enfin des femmes gratuites et leur faire des enfants pour les occuper.
Désormais, les réseaux sociaux font la loi, sans trop de discernement. La nuance n'est plus vraiment de mise. Pas grave, ça n'a jamais vraiment été la qualité principale de Gronibard, n'importe quel thésard en conviendra. Un brainstrorm fructueux et quelques bières finissent de lever les derniers doutes du groupe. Il se penche alors avec assiduité sur le « toujours difficile troisième album ». Grâce à un énorme travail de fond (deux à trois répétitions par an) et un profond travail de réflexion sur sa direction musicale (En bons fans de Fad Gadget, ils ont envisagé de sortir un album de synthpop avant de renoncer), Gronibard revient donc avec « Regarde les hommes sucer », son album le plus abouti à ce jour. Le tout sur un label d'exception : Season of Mist.
Coincé au stade anal depuis sa création, le groupe se retrouve sans trop savoir comment en parfaite adéquation avec notre époque de merde.
Et cet album alors ? « Regarde les hommes sucer » dure 34 minutes et recèle 16 morceaux courts, compacts et rentre-dedans. Gronibard ne respecte rien et tire sur tout ce qui bouge, y compris lui-même. Parmi les nombreux morceaux de bravoure, citons notamment le conceptuel « Mon siamois maléfique », le bouillant « L'enfer des zombites », le fantastiquement fumeux « Sperm Smoker » ou encore le très louche « Le monstre des zizis ».
Message à tous les headbangers : vous n'avez pas fini d'avoir mal au crâne.
Ps pour les fans du groupe : Planquez bien vos dards, revoilà Gronibard.