«Il ne faut pas se voiler la face, « Who Do You Trust » va en décevoir plus d'un tant Papa Roach semble s'être totalement perdu en alignant des clichés »
Papa Roach est sans doute l'un des groupes qui a le plus aidé à populariser le Metal (ce que certains regretteront et d'autres pas) depuis 1993. 2019 marque la sortie du dixième album du groupe, « Who Do You Trust », mais ce qu'on peut dire après une écoute attentive c'est qu'on pourrait douter des « bonnes » idées du groupe.
La première chose qui vient à l'esprit à l'écoute de ‘The Ending', c'est que Papa Roach semble avoir emprunté des éléments à gauche et à droite jusqu'à créer ce mélange improbable qui tient de la musique du film « Tron » mais aussi du Rap US, le tout avec des effets vocaux bien trop marqués qui rendent la voix de Jacoby Shaddix plus fatigante qu'appréciable. Avec sa ligne instrumentale minimaliste, ‘Renegade Music' pourrait être réussie si le groupe proposait quelque chose de plus pêchu et pas seulement d'énergique et sombre. Tout ça est du déjà vu et revu et il faut reconnaître qu'on a connu Papa Roach plus créatif (et on remercie Rage Against The Machine pour les bonnes idées qu'on retrouve) ! ‘Not The Only One' surprendra plus d'un auditeur avec son ouverture à la guitare acoustique et son atmosphère dans une veine très Pop US qui flirte par moments avec Wilson ou Royal Republic. Pour le coup, il sera dur de rassembler plus de clichés que sur ce titre sur lequel on ne s'attarde pas tant il déçoit.
Peut être qu'on a enfin trouvé un morceau qui en vaut la peine avec le titre éponyme… La basse de Tobin Esperance laisse planer un groove entraînant qui contraste avec des passages plus légers où la voix et la rythmique prennent l'ascendant. Le seul « problème » avec cette chanson c'est qu'elle semble vouloir recréer la fougue des premiers albums du groupe sans parvenir à retrouver la même authenticité. L'ouverture de ‘Elevate' laisse présager un titre intéressant mais, encore une fois, dans un genre totalement différent de ce qu'on a entendu jusque là. Le morceau en lui-même semble totalement déconstruit avec une superposition de passages Rap et de moments Pop édulcorés dont on pourrait se passer. L'idée de contraste entre des guitares dissonantes et un choeur vocal chaud était pourtant prometteuse. On fera l'impasse sur ‘Come Around', un titre dans un esprit teenager Punk plutôt décevant venant de Papa Roach. Le groupe semble s'essayer à tout ce qui a fait ses preuves, manquant de maturité et de créativité. ‘Feel Like Home' est la ballade facile et prévisible de l'album mais elle a au moins le mérite d'être crédible et plutôt sympathique, comme quoi tous les espoirs sont permis !
La sobriété de ‘Problems' devrait être bénéfique à la chanson puisque ce qu'on peut surtout reprocher à l'album est de vouloir en faire trop. Malgré tout, les musiciens retombent vite dans leurs travers de proposer de la Pop gentillette mais plate et vide. Les claviers douteux et l'air de déjà entendu font leur grand retour sur ‘Top Of The World' qui mêle sonorités orientalisantes, effets Electro, rythmique légère et ambiance qui se veut street. Malgré la belle énergie de ‘I Suffer Well' qui prouve que l'esprit de Papa Roach n'est pas mort, la chanson n'est pas fondamentalement intéressante et manque de sincérité. Les premières notes de ‘Maniac' auraient presque quelque chose de séduisant avec leur côté stellaire et planant, légèrement baigné de Psyché. Le style groupe un peu dépassé la jouant Rock atmosphérique perché mais commercial pourrait réussir aux Américains. Sachant que le dernier titre d'un album doit marquer les esprits, ‘Better Than Life', trop stéréotypé, est à côté de la plaque…
Il ne faut pas se voiler la face, « Who Do You Trust » va en décevoir plus d'un. Papa Roach semble s'être totalement perdu, alignant des clichés et donnant dans des genres dont on les croyait enfin sortis. La morale de l'histoire est que le teenager Rock ne va pas à tout le monde, et certainement pas à la bande de Jacoby Shaddix.