Ils commençaient vraiment à nous manquer nos sympathiques primates helvètes de Monkey3. Quasiment cinq piges après « Sphere » (avril 2019), les maîtres du Rock Psychédélique instrumental repointent leurs museaux avec « Welcome To The Machine », référence évidente à Pink Floyd (on va y revenir) et au dit morceau présent sur leur second effort de 1975 « Wish You Were Here ».
Au programme, trois-quarts d’heure de zique et « seulement » cinq pistes (deux dépassant les dix minutes et une autre les douze). D’après le dossier de presse qui accompagne le disque, les thèmes musicaux proposés ici s'inspirent de films tels que « 2001 : L'Odyssée de l'espace », « The Matrix », « Sunshine », « Solaris » ou encore « 1984 ». Dixit le combo, cet opus est « une réflexion sur l'avenir de l'humanité à travers la dualité entre l'homme et la machine ».
Cette septième livraison du quatuor Lausannois nous propulse une fois encore dans l'espace lointain (mention spéciale à la magnifique pochette créée par Sebastian Jerke rappelant le Cube Borg dans l'univers Star Trek). Nos petits singes manient et maitrisent les mises en ambiances, les montées crescendo en intensité, les passages envoûtants et les breaks progressifs ('Collision'). La formation suisse nous enveloppe dans un maelstrom auditif unique, tour à tour sombre, mélancolique, épique mais toujours captivant.
De l’écriture des compositions à la production, en passant par les arrangements, tout est des plus ciseler. Les détails foisonnent. Ici un battement de cœur, là une voix étrange robotisée, plus loin un grésillement d’enceinte et une pluie battante, etc. Plusieurs écoutes (on recommande au casque) sont nécessaires pour tout/mieux appréhender ce tourbillon.
Les interventions de six-cordes de Boris sont dingues ('Kali Yuga' et ce solo de guitare qui laisse sans voix). Ses puissants riffs se voient télescopés par les nappes de claviers psychédéliques de dB ('Ignition'). Arrivé courant 2021 en remplacement de Kevin, le nouveau bassiste Jalil trouve sa place dans ces alternances de parties hypnotiques, de changements de rythmes, d’envolées Metal Stoner ('Rackman') et des renvois malins à Pink Floyd ('Collapse' et ses variations de thème emprunté au Flamand Rose britannique).
Une fois encore, Monkey3 réussit à nous embarquer dans leur univers aussi déconcertant que profond et totalement fou. « Welcome To The Machine » est un sublime album dont l’acquisition ne se discute même pas.