Wake The Sleeping Dragon!
Maitre Jim
Journaliste

SICK OF IT ALL

«Une petite envie de NYHC pour le week-end? Ca tombe bien, Sick Of It All sort aujourd'hui son 11ème album, et il y a de quoi se faire plaisir!»

17 titres
Hard-Core
Durée: 33 mn
Sortie le 02/11/2018
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Si on présente Sick Of It All comme un pionnier du New-York Hardcore ou NYHC pour les intimes, certains objecteront qu'Agnostic Front, Cro-Mags, Gorilla Biscuits ou encore Warzone étaient là bien avant et ont posé les bases du mouvement. Et ce ne serait pas totalement faux d'ailleurs. Alors, pour faire simple, disons que Sick Of It All est l'un des groupes les plus actifs et les plus emblématiques du hardcore new-yorkais. Et ça, c'est un fait.

Du Japon à l'Europe, des States à l'Amérique du Sud, des planches du mythique CBGB aux main stages des plus gros festivals, les 4 garçons de Queens parcourent le monde depuis plus de 30 ans ! Et que ce soit sur les routes ou en studio le groupe ne s'épargne jamais et se montre toujours aussi productif. Grâce à un line-up presqu'inchangé, une énergie constante et un immense respect de la part de sa fanbase, Sick Of It All compte déjà 10 albums, sortis aussi bien sur des labels indépendants que des majors, sans altération du son ni de son engagement.

De retour sur Fat Wreck Chords, label californien bien connu pour être le repaire de formations punk-rock mélodique comme Lagwagon, NoFX ou Strung Out, qui avait déjà publié 2 albums et 1 live il y a quelques années, les New-Yorkais dévoilent « Wake The Sleeping Dragon ! ». A noter que la sortie de ce 11ème album se fait conjointement avec Century Media, autre maison célèbre mais nettement plus métal et aussi vieille connaissance de Sick Of It All. En voilà une sortie originale.

Bon alors, que les fans se rassurent, Sick Of It All ne s'est pas mis au pop-punk à roulette ni au death metal obscur. Malgré les années, le groupe qui n'a jamais fait dans la dentelle n'a rien perdu de sa verve et de son énergie. Pas d'intro superflue, pas de breaks interminables, pas de soli inutiles et de mémoire de chroniqueur, pas d'autre instrument que le combo guitare / basse / batterie / voix de grognard. Et ce nouvel opus ne fait donc pas exception.

On pourrait regretter le manque de prise de risque et même d'originalité, oui mais voilà, quand on veut du Sick Of It All, on a du Sick Of It All, et c'est vraiment mieux ainsi. D'ailleurs le groupe est conscient de sa longévité, de son attitude et de sa constance malgré l'évolution de la scène depuis 30 ans. Se donner à 100% et partager la même rage sur scène sans pour autant se transformer en prêcheurs. C'est ça l'esprit Sick Of It All.

Musicalement, « Wake the sleeping Dragon ! » est donc assez classique. Rien de très nouveau. L'album est fait de titres rapides, énergiques, accrocheurs, dans la plus pure tradition des 2 minutes max, tantôt hardcore, tantôt (un peu plus) punks. Justement, ces titres mélodiques coïncident avec les featurings de Tim Mc Ilrath, l'excellent vocaliste de Rise Against sur ‘Bull's anthem' et de Chuck Ragan (Hot Water Music) sur le morceau de clôture ‘The new slavery'. Ailleurs dans l'album, d'autres chansons résonnent un poil plus punk-rock que d'habitude : ‘Self-important shithead' emballé en 58 secondes et ‘2+2' dont le petit riff de guitare sent bon la Californie. Moins rapide, mais plus musical et surtout bien soutenu par un gang de choeurs, ‘Always with us' pourrait passer pour un morceau de street-punk.

Pour le reste, c'est résolument du NYHC, tendance rapide et pas trop heavy. Là où certains groupes envoient du breakdown, des sons assez lourds et des stridences, Sick Of It All est tout en rapidité et en backing vocals. A commencer par ‘Inner Vision', le premier titre entre-dedans et direct, toujours avec ce grain de voix surprenant mais finalement si familier. ‘Mental furlough', ‘Work the system', l'excellent ‘That crazy white boy shit' et ses gros back-ups ou ‘Hardcore horseshoe' avec son riff bien tranchant sont taillés dans la même veine. Pas de calcul, que de l'adrénaline. Et de la vélocité.

Dans un rythme plus posé, le titre éponyme ‘Wake the sleeping dragon' et ‘Deep state' complètent la démonstration des frères Koller et de leurs potes Majidi et Setari, respectivement aux fûts et à la basse. Une manière de montrer, si c'était nécessaire, que le mid-tempo du NYHC reste quand même rapide.

Au final et sans aucun doute à ce sujet, « Wake the sleeping dragon ! » est un très bon album de hardcore. Simple, sans prétention, bien réalisé, sans longueurs. Pas le meilleur de l'année, pas le meilleur du genre et pas le meilleur de Sick Of It All (pour cela, il faut se replonger dans les mythiques « Scratch the surface » ou « Built to last »). Mais nettement au-dessus des quelques galettes de ces dernières années. La production est nickel et le son est soigné, peut-être même un peu trop. L'essentiel est là : la voix crasse de Lou Koller est toujours là. Les riffs rapides et énervés du frangin aussi. La basse donne de l'ampleur à tout ça et le batteur est un métronome parfait. Donc très bien, sans être exceptionnel. Mais rappelons une chose, et sans tomber dans le cliché absolu, le NYHC, ça se passe sur scène. Espérons que les 4 amis nous gratifient de quelques nouveaux morceaux à l'occasion de leur prochain passage en France (6 dates entre le 10 et le 18 novembre !!!), eux qui ont justement l'habitude de piocher dans leur répertoire old school pour faire danser leurs fans dans la fosse. Car on ne le dira jamais assez : le hardcore ça se vit en live. Et ça aussi c'est un fait.