"Viva Rock N’ Roll" est un album fait pour la scène, les amplis chauds et les bières. Un disque sans second degré, qui revendique le plaisir brut de jouer fort et bien.
Après un premier album éponyme remarqué en 2022, le power duo canadien Deraps revient avec "Viva Rock N’ Roll", un deuxième opus qui ne cherche pas à réinventer la roue, mais à la faire tourner à toute allure. Mené par le jeune prodige de la guitare Jacob Deraps, souvent comparé à Eddie Van Halen pour sa virtuosité et son énergie scénique, le groupe continue de creuser dans le sillon du hard rock joyeux et vitaminé des années 80. Entouré d’un batteur au groove imparable, Josh Gallagher, Deraps n’a pas l’intention de ralentir. Mieux : avec "Viva Rock N’ Roll", ils déclarent leur amour inconditionnel à une époque où le rock sentait l’essence, le cuir et l’excès.
Ce nouvel opus nous frappe comme une décharge de pure adrénaline. Le titre éponyme "Viva Rock N’ Roll" donne le ton : tempo élevé, solo jaillissant, voix heavy rock parfaitement assumée, et cette impression de jam de garage parfaitement millimétrée. Dans cette veine survitaminée, on trouve également "The Legend of Larrikin Laddie" - notre coup de cœur - , morceau nerveux et mordant proche de l'esprit de Airbourne.
L’école Van Halen apparait clairement sur "Last Fall", "The Dawg Stomp" et "Black Sheep Boogie" sans complexe et sans honte, mais actualisée dans le grain, la prod, et le sens de la dynamique. Là où certains revivalistes s’égarent dans le mimétisme stérile, Deraps assume l’influence tout en injectant un groove très actuel et une sincérité palpable.
Mention spéciale pour "Animal Eyes" très proche des guitares groovy si chères à Nuno Bettencourt mais également sur le plan de la construction mélodique, vocale y compris au niveau des chœurs. "Solitaire" est probablement le titre le plus atypique car il mélange à la fois un chant plus rock au timbre proche de celui de Billy Idol associé à des riffs , solo et chœurs dans la pure veine Van Halen. Sa construction est intéressante et à la marge de l'ensemble de l'album.
Mais tout n’est pas strass et distorsion. L’album explore aussi des terrains plus nuancés, voire mélancoliques avec "Setting Sun" (et sa fabuleuse intro acoustique) voire "Blindside" et son côté bluesy proche de l'esprit ZZ Top en plus pêchu. Ces deux titres montrent une autre facette du duo : le jeu de guitare se fait plus contenu, plus expressif. Gallagher, souvent dans l’ombre de la guitare, y fait preuve d’un sens du jeu tout en retenue, en soutenant l’ensemble avec un groove ample, presque bluesy. Ces titres agissent comme des respirations subtiles.
Au fond, "Viva Rock N’ Roll" est un album fait pour la scène, les amplis chauds et les bières. Un disque sans second degré, qui revendique le plaisir brut de jouer fort et bien. Ce que propose Deraps n’est ni rétro, ni passéiste : c’est intemporel. Leur rock ne court pas après les tendances, il les ignore. Et c’est précisément cette posture – modeste, directe, fidèle à une certaine idée du fun – qui rend ce deuxième album si attachant.
Il ne révolutionnera pas la scène, et ce n’est pas son ambition. Mais il rappelle que, parfois, la formule la plus simple – un bon riff, un refrain fédérateur, une dose d’énergie et un zeste de folie – reste la plus efficace.