LUCIFER
Plus d'infos sur LUCIFER
Heavy Metal / Hard Rock
Chroniques

V
Aldo
Journaliste

LUCIFER

«Santé, sobriété!»

9 titres
Heavy Metal / Hard Rock
Durée: 40 mn
Sortie le 16/02/2024
770 vues

Sobriété…notion bien incongrue pour ce qui concerne le rock (la fameuse triade « Sex, Drugs and RnR » n’y invite pas particulièrement), a fortiori pour les musiques énervées qui constituent notre pain quotidien (ça joue très fort, ça speede souvent niveau rythme, ça provoque niveau propos et des thèmes – Satan m’habite, toussa…). Bref, on ne fait pas dans le juste milieu, il faut bien faire chier le bourgeois (et les parents, tant qu’on y est…)

Pourtant, et malgré certains excès passés (drogues et alcool, évidemment…) c’est bien la sobriété qui guide paradoxalement la carrière de nos cinq lucifériens, à l’origine teutons, aujourd’hui quasi-suédois (Johanna Sadonis restant seule représentante de nos amis d’outre-Rhin). Il n’est que de se remémorer leur passage au Hellfest (édition 2018, excellent cru). Malgré un décolleté à affoler une statue, Johanna Sadonis et ses potes assurent un set impeccable en terme d’exécution, mais inexistant en terme d’interaction avec le public…la musique et rien d’autre…Tout juste un coucou en quittant la scène, après une rasade de Gamay au goulot en mode « I don’t care ».
De même lorsqu’on évoque la discographie du combo : pas de titre, juste un numéro permettant de classer les opus dans l’ordre de parution. Simple, pratique et…sobre.
Enfin – et pour en venir à leur dernière offrande – on pousse carrément le concept au niveau de la forme, puisque la pochette de « Lucifer V » est…simplement noire, arborant un simple portrait de la chanteuse de face…pas de fanfreluche, de fioriture, on n’est pas là pour en mettre plein la vue comme à un défilé du VERSACE de la grande époque…circulez, y’a rien à voir !

En ce qui concerne la musique, par contre, ce serait plutôt la fête dans tous les recoins ! Les fans de Classic Rock se régaleront avec une collection de morceaux alliant efficacité et sens de l’accroche auditive.
En effet, au fil des neufs titres, le quintet délivre des ambiances globalement 70’s. Que ce soit avec le doomy « At the Mortuary », le zeppelinien « Slow dance in the Crypt » ou le plus big rock US « Strange Sister », les germano-suédois tracent un sillon emprunt de cette époque qui sentait bon les pattes d’ef, le patchouli, le tergal et les couleurs criardes.
La production est à l’avenant, avec des guitares à l’overdrive chaud et crémeux, un basse plutôt sèche et des vocaux noyés dans l’écho. Et puisqu’on parle des années 70, la voix de Johanna Sadonis évoque curieusement l’organe de la partie féminine des ultra-poppy ABBA. La Suède, encore…
Histoire d’être raccord avec la thématique plutôt « Hammer » du groupe, un orgue vient de ci, de là, apporter une touche gothique aux compositions.

Toutefois, LUCIFER sait se permettre quelques escapades : ici du côté du Hair Metal des débuts(« A coffin has no silver lining »), ou là du côté du Blues moite (« The dead don’t speak », « Nothing left to lose but my life ». On trouve même une similitude troublante sur « Fallen Angel » avec le « From Darkness » des norvégiens d’AUDREY HORNE.

Au final, on est emballé par les premières écoutes. Cependant, cet album s’appréciera plutôt par petites touches. Accumuler les écoutes en peu de temps tend à générer un sentiment de lassitude. Tout comme les bons vins que l’on déguste en petites quantités, a contrario d’alcools plus « bas de gamme » que l’on écluse parfois à outrance pour le regretter le lendemain, le leitmotiv pour cette cinquième offrande de LUCIFER sera : Santé, sobriété !