Y’en a qui méritent vraiment la hype qui leur tombe sur le coin du râble. Quand on décide de monter un groupe dans un style qui ne colle pas vraiment avec la culture locale (parce que bon, faut dire ce qui est, Bergen – Norvège – c’est pas vraiment le désert de Californie), qu’on se lance en étant encore étudiant, qu’on sort un disque avec une structure locale, a fortiori en pleine pandémie de COVID – induisant par là une impossibilité TOTALE de promouvoir le disque en tournée, y compris localement – on n’est pas vraiment destiné à rencontrer le succés.
Sauf que, pour le quartet SLOMOSA, c’est exactement comme ça que tout a commencé. Et malgré ces handicaps, petit à petit un buzz enfle autour de leur premier album éponyme (dit « album au chameau », en référence à l’illustration de pochette ), qui les amène à se produire une première fois à Clisson lors de l’édition 2022 du HELLFEST, déjà avec un complet remaniement des effectifs (seul le leader Benjamin BERDOUS reste de la formation ayant enregistré le premier album). La mise en œuvre d’une tournée européenne plus récente avec des formations plus installées (ELDER, en l’occurrence) leur donne l'occasion de labourer le terrain qui s'offre à eux , tout en testant l’impact de quelques-unes des compositions qui constituent le second opus ici chroniqué.
Et le fait est que question enfonçage de clou, Benjamin et ses potes s’y entendent pour s’affirmer. Non content de s’appuyer sur un lexique fondamentalement Desert Rock (KYUSS s’y tapit dans l’ombre…), le quatuor (quartet ? C’est vous qui voyez…) sait marier sa fuzz à d’autres influences : mis à part le planant et puissant « Afghansk Rev » aux arpèges ondoyants (car nimbés d’Univibe), le dansant et plutôt funky « Rice », ou le vrombissant et chamanique (car construit sur un seul accord) « Monomann », SLOMOSA saupoudre sa matière sonore d’un soupçon de pop (pour les chœurs de la bassiste Marie Moe) et de grunge (pour les harmonies sortant parfois des sentiers battus, ou le solo minimaliste de « MJ »). Les musiques du monde passent subrepticement la tête dans l’entrebaillement de la porte (« Dune », orientalisant au possible, et évoquant paradoxalement le berimbau brésilien par l’utilisation d’un bourdon à la guitare acoustique).
Dans la continuité du premier opus, le son rend sans ambigüité aucune, hommage à la scène Stoner des origines, avec cette fuzz gorgée de basse et aux aigus relativement poncés. Les arrangements vont à l’essentiel, avec peu d’overdubs. La présence d’un chameau sur la pochette du précédent disque fait rétrospectivement sens (l’animal étant bien connu pour sa légendaire sobriété…)
Au final, l’on comprend dès la première écoute qu’il eût été dommage que les obstacles que le groupe s’était lui-même collés à sa création, condamnent SLOMOSA à l’anonymat le plus total. Car c’est bien à un coup de pied dans le derche de la scène Stoner – canal historique – auquel on a droit ici. Suivez le buzz : la Fuzz est de retour, et ça va tout déchirer !!!