Eloy sort enfin son petit dernier intitulé ''The Vision, The Sword and The Pyre part1'' où en français ''La Vision, L'Épée et le Bucher''. Il sort sur leur propre label Artist Station Records. Groupe formé autour de leur leader Frank Bornemann depuis le début des années 70, seul le bassiste Klaus-Peter Matziol est de la partie depuis 1976. Le groupe s'est formé dans la ville d'Hanovre déjà connue pour être de la ville natale des membres de Scorpions. Eloy est connu aussi pour être le fer de lance de la scène prog allemande, et il est reconnu dans le monde entier grâce à des albums comme ''Oceans'' sorti en 1977. C'est une des influences du mouvement Neo Prog des années 80.
Le groupe revient après 9 ans d'absences, date de la sortie de leur précédent effort ''Vision''. Cet album est en fait la première partie d'un projet plus grand. Il traite ni plus ni moins de la vie de Jeanne d'Arc. Passionné par la vie de la ''Pucelle d'Orléans'', Franck Bornemann selon ses dires crée avec cet opus l'oeuvre de sa vie.
Pour cela il a pris du temps pour composer, seul, ces 13 titres. Les fans d'Eloy ne seront pas dépaysés par les compositions de ce projets, car il propose les mêmes ingrédients qui ont fait son succès par le passé. Il a cependant su, dans une certaine mesure, moderniser ses compositions et s'adapter à son temps.
Sa musique est ancrée dans les années 70 proche de la frange la plus symphonique du style. C'est-à-dire une musique à dominante de claviers. Plus proche de l'école anglo-saxonne des Yes ou Pink Floyd que du Kautrock de Can. Justement on pense à la période de ''The Wall'' du Floyd quand on écoute cet album d'envergure. Pour vous donner un exemple, écoutez les titres ''Autumn 1428 at Home'' ou ''The Prophecy'' pour vous donner une idée des références du Monsieur. Un morceau comme ''Orléans'' est le plus Rock de l'opus et me fait penser dans une certaine mesure à ''Hells Bells'' d'AC/DC qui nous proposaient de très beaux arpèges électriques.
Ses influences personnelles, il va les chercher dans le rock, un peu de folk, le jazz et la musique classique comme il le faisait par le passé. De plus par rapport à des groupes de prog actuels, Franck Bornemann utilise sa maitrise technique à bon escient. On la sent présente mais cette maitrise technique est là poiur magnifier les titres. Cela se voit par peu de soli. On en trouve sur le titre '' Les Tourelles'' qui est composé au clavier et on retrouve aussi des soli de guitares sur ''The Call'' .
Cet album ne contient que du bon. Il y a des interludes musicaux bien sentis comme ''The Ride by Night... Towards the Predestined Fate'' mais aussi des morceaux de bravoure comme ''Chinon'' ou l'épique ''The Sword... the Dawning of the Unavoidable''.
Sa manière de chanter me fait penser à celle de Peter Gabriel. Sa voix a changé depuis ses jeunes années, mais il a réussi à garder toutes ses qualités d'antan. Franck utilise la technique ''chant narré" comme on peut l'entendre sur ''Chinon''. A noter le travail formidable du chant féminin par Bettina Lux et Susanne Schätzle. Qu'il soit utilisé lors des choeurs comme on peut en trouver sur le titre ''Vaucouleurs'' ou utilisé comme voix narrative comme sur ''Chinon'' voire en chant presque lyrique sur ''Why''. Il faut reconnaitre que c'est bien fait et inspiré. On voit que Franck a pris son temps et a pensé à tout. Rien n'a été laissé au hasard : de la production propre à la couverture qui colle au concept de l'album.
Il a fallu attendre près d une décennie pour que Franck Bornemann réalise son rêve. Cela en valait la peine car il a dépassé ce que l'on attendait de lui. C'est la meilleure production depuis ''Oceans''. Vivement la deuxième partie qui devrait arriver l'année prochaine. Le meilleur album de Rock Progressif classique de 2017.