En solo sous son blase (depuis 1975), Alice Cooper a publié vingt-deux opus studios. Cela étant dit, avant tout cela et en seulement quatre ans (de 1969 à 1973), le « Coop’ » avait déjà livré pas moins de sept skeuds avec son Band (dont notamment « Killer », « School’s Out » et « Billion Dollar Babies »). Présentement, quasi CINQUANTE-DEUX piges (oui vous lisez bien) après leur dernier album ensemble (« Muscle Of Love » en 1973), les musiciens de ladite formation originelle remettent le couvert.

Hormis le six-cordiste Glen Buxton, décédé en 1997, tous les autres anciens membres (77-78 balais en 2025) sont de retour : le guitariste Michael Bruce, le bassiste Dennis Dunaway, le batteur Neal Smith. Le producteur/collaborateur de longue date Bob Ezrin a lui aussi été rappelé. En fait, les zicos ont reconnectés depuis une grosse décade : intronisation au Rock and Roll Hall of Fame en 2011, apparitions ici et là sur les efforts en solitaire ou des shows de notre pape du shock rock. Pour combler l’absence l’ex-camarade disparu, c’est Gyasi Heus – repéré dans un club de Nashville – qui a été choisi.

« The Revenge Of Alice Cooper », le titre de ces retrouvailles, est une déclaration, une promesse. Il n’est jamais simple de (tenter de) faire revivre le passé, surtout avec du nouveau matériel. A l’écoute du rendu, c’est indéniablement « old-school » à souhait, « Cooper-ien » en diable. On (re)trouve le côté théâtral, sombre et horrifique, des premiers méfaits.
D’aucun y verront sans doute une approche « putassière » pour plaire aux fans. Cela étant dit, l’alchimie entre nos désormais septuagénaires est restée intacte.

Le côté « vintage » (l’ode à la jeunesse rebelle ricaine des 50’s-60’s 'Wild Ones', 'Up All Night' et son riff serpentant) et les paroles empreintes de clichés ('Kill The Flies') ou d’humour potache ('Inter Galactic Vagabond Blues' et ses amants extraterrestres) sont pleinement assumés. Les morceaux sont globalement énergiques et entrainants ('Blood On The Sun', la reprise des The Yardbirds 'I Ain’t Done Wrong'), parfois traversés par des intros/passages pour faire frissonner ('Black Mamba' ponctuée par une participation discrète de Robby Krieger de The Doors). Avec une prod’ claire et organique de l’indissociable producteur canadien, tous les protagonistes sont bien mis en valeur.

Même si Glen n’est plus là, son esprit plane/hante le disque. Ici, une chanson composée à partir d’un vieux riff exhumé d’une démo/jam session de 1973 ('What Happened To You'). Là, un clin œil (une bribe de 'Billion Dollar Babies' en fondu sur 'Money Screams'). Plus loin, une plage hommage ('See You On The Other Side') dans laquelle le sieur Vincent Furnier chante : « Je sais qu'un jour nous jouerons à nouveau ensemble ». Pour finir, une version alternative et inédite, restaurée dans le plus grand soin à partir de bandes longtemps considérées comme perdues, d’un hit de « Easy Action » ('Return of the Spiders 2025').

Après plus d’un demi-siècle de « pause » discographique, les membres survivants du line-up fondateur du Alice Cooper Band enfante un « The Revenge Of Alice Cooper » globalement réussi. Ramené à onze/douze pistes (au lieu des seize présentes), cette offrande aurait encore plus gagnée en efficacité. Baroud d'honneur ou annonciateur d’autres choses dans l’avenir ? Alice se déclarant « prêt à retravailler avec eux quand ils veulent », tout est possible.