Daath est un groupe américain qui gravite entre l’Indus, le Melodeath, le Groove Metal et, plus récemment, le Prog Death. Formé en 2003 (mais existant depuis 2000 sous le nom Dirtnap), le groupe se met en pause après quatre albums entre 2013 et 2022. Après quelques singles, « The Deceivers » marque leur grand retour après presque dix ans d’absence ! J’en profite pour glisser qu’on retrouve, comme souvent, l’équipe du Fascination Street Studios d’Orebro en Suède pour le mixage et le mastering qui sont très propres.
Tout au long de l’album, Daath a invité des guitaristes dont je vous indique le nom entre-parenthèse pour chaque morceau, et c’est Spiro Dussias qui ouvre le bal pour un featuring sur ‘No Rest to End’ ! Il est assez étonnant de retrouver quelque chose de caractéristique de Children Of Bodom dans la ligne de clavier de Jesse Zuretti, ce qui ne se reproduira d’ailleurs pas sur le reste de l’album. Sur ‘Ascension’ (feat. Dean Lamb (Archspire)), c’est la technicité et la rapidité du batteur Krimh qu’on ne peut s’empêcher de remarquer. En même temps, quand on voit son CV : Septicflesh, Devin Townsend (live), Harakiri for the Sky (live), ex-Decapitated, ex-Behemoth (live), ex-Vesania (live)…
Il est très intéressant de constater que le groupe a œuvré à un certain équilibre qui permet de pleinement profiter de la virtuosité de chaque instrumentiste. Si les guitares trouvent toujours une occasion de briller, la voix de Sean Zatorsky s’efface par moments pour mettre en avant la batterie – comme sur l’ouverture de ‘Hex Unending’ (feat. Dan Sugarman (Fallen Figure, Ice Nine Kills)) et ses ambiances solennelles et imposantes à la Samael – ou la basse – sur l’hypnotique ‘Purified by Vengeance’ (feat Mark Holcomb (Haunted Shores, Periphery)) par exemple – mais aussi les orchestrations – ce dont ‘Unwelcome Return’ (feat Spiro Dussias) offre un bel exemple.
Mais toute cette technicité ne s’étale pas en vain comme l’illustre le sombre et tourbillonnant ‘With Ill Desire’ qui constitue un bel hommage collectif au Death Metal dans toute sa richesse. Ce côté protéiforme de la musique de Daath se retrouve d’ailleurs sur les presque sept minutes de ‘The Silent Foray’ (feat Per Nilsson) qui se démarque par des variations incessantes entre batterie militaire, clavier sympho et riff effréné de guitare. Le résultat final est brut sans perdre en contraste, bravo. La conclusion se fait presque d’un trait avec les impressionnants jeux rythmiques de ‘Deserving of the Grave’ (feat Jeff Loomis (ex-Arch Enemy)) bluffant de précision et ‘Into Forgotten Dirt’ !
« The Deceivers » est un album qui assure un retour en force à Daath à qui cette absence de neuf ans semble avoir été profitable ! En plus de sa technicité, chaque musicien a amené avec lui un univers musical fort d’une grande expérience, ce qui n’empêche aucunement le groupe de faire cohabiter ces identités comme autant d’entités mobilisables au fil des morceaux et toujours de manière à servir le projet global porté par Daath.