TerrorVision
Enora
Journaliste

ABORTED

«« TerrorVision », LE bijou des sorties Death (tout sous-genres confondus) de cette fin d'année avec une incroyable qualité musicale mais surtout des atmosphères d'une force rare »

11 titres
Death Metal
Durée: 45 mn
Sortie le 21/09/2018
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Aborted est un groupe belge formé en 1995 et dont le seul membre fondateur encore présent et le frontman, Sven de Caluwé, rejoint en 2010 par le batteur Ken Bedene, en 2012 par le guitariste Mendel bij de Leij, suivi trois ans plus tard de Ian Jekelis, et enfin du bassiste Stefano Franceschini en 2016. Cette année, le groupe nous propose un monument du Death Metal avec leur dixième album : « TerrorVision » !

Une atmosphère étrange, sombre et inquiétante se met en place derrière les quelques notes de piano glaçantes de ‘Lasciate Ogne Speranza' avant que l'auditeur soit précipité dans le tourbillon de ‘TerrorVision', dominé par la batterie frénétique et surpuissante de Ken Bedene qui ne se refuse rien, cassant le rythme de son blast beat à coup de break pour repartir de plus belles alors que les screams du frontman se mêlent aux guitares dans un chaos musical d'une incroyable qualité. Aborted poursuit sur sa lancée avec ‘Farewell To The Flesh', une chanson portée par une énergie folle, une ligne musicale terrifiante de technicité et un groove irrésistible. Les musiciens nous surprennent en dressant une fresque du Death Metal dans sa totalité, mobilisant des influences qui vont de Bloodbath à Archspire en passant par des groupes plus proches du Grindcore. Après ces vagues de violence, l'angoissant ‘Vespertine Decay', dévoilé il y a une semaine à peine à travers un clip, résonne, plus langoureux et vénéneux. Contrairement à de nombreux groupes, Aborted ne s'enferme pas dans une brutalité acharnée et parfois stérile, offrant au contraire des perspectives musicales sans cesse renouvelées et bien pensées. Les lignes mélodiques de Mendel Bij De Leij et Ian Jekelis, aux guitares, gagnent en profondeur et impressionnent par leur virtuosité.

Oubliez tout ce que vous croyez savoir sur la violence ; Aborted nous en balance une définition brûlante en plein visage avec le monstrueux ‘Squalor Opera', véritable bombe musicale qui emporte tout sur son passage, laissant un flot sanglant dans son sillage. En live, cette chanson s'annonce comme un véritable carnage et sa ligne rythmique ne laissera personne insensible : préparez le pit ! La grandiose ‘Visceral_Despondency' passerait presque inaperçue après un tel monument musical mais le groupe n'a rien laissé au hasard et joue sur un duo basse-batterie déchaîné pour maintenir la tension à son maximum. Quelques touches de clavier intelligemment ajoutées à la composition lui font prendre des airs de cirque de l'horreur. Efficacité et régularité sont de mises sur ‘Deep Red', militaire dans son exécution et proche du Grind dans la ligne de chant de Sven De Caluwe, véritable maître de cérémonie sur cet album qui condense décadence et violence. Prêtez bien l'oreille aux emprunts old school qu'on peut déceler sur ce titre. La rythmique plus déliée de ‘Exquisite Covinous Drama' en fait une chanson parfaite pour headbanguer et se laisser porter par quelque chose de plus lent et hypnotique.

L'ambiance se fait plus sombre et lourde sur ‘Altro Inferno', en particulier grâce à une ligne de guitare étouffante qui ne tarde pas à rendre le morceau suffocant. Comment ne pas saluer l'incroyable pouvoir évocateur d'Aborted qui nous emporte dans ses morceaux avec une facilité déconcertante, usant également de quelques touches de basse seule pour conférer une assise plus solide encore à ce titan musical ? Le groupe semble inarrêtable avec ‘A Whore D'oeuvre Macabre', qui marque les esprits autant par son titre, relativement amusant, que par sa force qui vient de l'équilibre que trouve le groupe entre une palette de screams de toute beauté, des guitares torturées, une basse lourde et une batterie lancée à toute allure sur une pente de plus en plus dangereuse. Cet album s'achève avec ‘The Final Absolution' qui a de quoi en dérouter plus d'un avec son ouverture d'abord sobrement habillée de sons électro et qui ne tarde pas à basculer dans quelque chose de beaucoup plus dramatique et d'une ampleur bien supérieur ! Après ce début tout en majesté et en puissance, Aborted martèle une rythmique au groove plus qu'entraînant et auquel on cède sans trop résister.

« TerrorVision » est LE bijou des sorties Death (tout sous-genres confondus) de cette fin d'année ! Aborted conjugue des lignes de guitares virtuoses à une rythmique frénétique et écrasante, le tout dominé par des screams d'une puissance rare. Au-delà de cette incroyable qualité musicale, l'album se démarque aussi par la force et la prégnance des atmosphères que le groupe crée et déploie sous nos yeux ébahis.