Envie d’un moment calme ? Sachez que c’est LE moment idéal puisque The Tangent vient de sortir son 12ème album correspondant à ses 20 ans de carrière !
Au programme, de très longues productions à la sauce Jazz/Prog/Canterburry qui régalent ! Prenez garde cependant, les thèmes et l’humeur tranquille des morceaux risquent de vous contaminer après l’écoute !
L’album est pensé comme une narration musicale et textuelle abordant des destins liés par la solitude, l’enfermement, mais aussi par la volonté de s’en sortir. Nous pourrions imaginer des compositions lentes et bien sombres mais ce n’est pas le cas : les prods sont plutôt légères et ont du punch.
La vie coule dans ces morceaux chantés d’une main de maître par Andy Tillison qui possède beaucoup d’expressivité sans la voix. Les paroles sont très bien écrites et nous entendons donc un récit clair avec des nuances. Nous pourrions presque ressentir ce que ressentent ces individus : ces artistes qui veulent être libres, créer et tout changer (‘The Changes’), cette femme à la rue qui attend désespérément de l’aide (‘The lady tied to the Lamp Post’), ou encore cette personne perdue qui tente de se motiver pour ne pas gâcher sa vie (‘Waster Soul’).
Oscillant entre une voix claire ‘’simple’’ et une entre-voix chant-chuchotis, Andy nous mêle à ces histoires, nous convainc de les écouter et il réussit à nous faire faire cela avec brio !
Le travail du chanteur va de pair avec les musiciens qui réalisent un travail d’orfèvre. Que ce soit Andy Tillison qui s’occupe également du clavier, Luke Machin à la guitare et au chant bis, Jonas Reingold à la basse, Steve Roberts à la batterie et Theo Travis au saxophone et à la flûte, tout y est parfait !
Il faut dire que l’instru est impeccable : elle suit les récits avec expressivité et flexibilité. En effet, alors que le jeu est, par exemple, plutôt enthousiaste dans ‘The changes’, pour cause, la chanson parle d’une volonté d’avancer, il devient mélancolique et triste lorsqu’il s’agit du récit de la femme sans domicile fixe (‘The Lady Tied to the Lamp Post’).
Outre le genre dont le groupe est coutumier, nous trouvons une touche Jazz affirmée grâce à l’instrumentiste Theo Travis. Il donne à album opus un côté envoûtant qui se mêle à merveille au côté chargé du Rock ; Rock qui est d’ailleurs joué avec une très grande finesse.
Deux morceaux font mouche ! Le premier, entièrement instrumental, s’intitule ‘The GPS Vulture’. Après une introduction légère à base de clavier, saxo, batterie, guitare et basse, le jeu devient Rock. Tout au long de ces 17 minutes, nous avons des passages avec une certaine légèreté, d’autres avec des riffs plus chargés, mais également des portions qui ne sont pas sans rappeler du Free Jazz dû à leur imprévisibilité ! Quelques airs presque orientaux sur fond de saxo se font entendre. L’ambiance et le rythme sont excellents et progressent au gré de riffs, des cuivres, du clavier et de la percu. Vous l’aurez compris, la variété est de mise dans ce morceau très virtuose !
Aussi, à la fin de l’opus, nous trouvons en bonus un medley fort sympathique qui mérite qu’on l’écoute. Intitulé ‘In the Dead of Night/Tangential Aura/Reprise’, le jeu avance avec variété entre du Rock, du Jazzy-Rock et du Jazz (plus quelques moments imprévisibles). Le morceau évolue sans cesse et c’est addictif !
Je pourrai honnêtement en parler des heures tant l’opus m’a plu ! Si je devais être brève, je dirai que "Songs From The Hard Shoulder" est tout simplement incroyable, c’est même une véritable pépite ! D’une durée de 85 minutes, le groupe nous offre ici un répit musical basé sur des textes poétiques et une instru passionnée.
C’est le genre d’écoute qui met bien et qui nous détend pendant l’écoute et pendant un moment après la dernière seconde du dernier morceau.
Je terminerai donc cette chronique sur une citation très optimiste issue du tout premier morceau, ‘The Changes’ : ‘’Let's go through! Let's make something happen here! Let's not just go back to normal! Let's make something change !’’ (pour les non-anglophones : ‘’Allons-y ! Faisons bouger les choses ici ! Ne revenons pas à la normale ! Faisons que quelques chose change !").