« Self Hell » est plutôt inégal mais les bonnes idées de While She Sleeps permettent de passer outre les déceptions de la deuxième moitié de l'album qui a le mérite d'aborder frontalement le sujet de la santé mentale !
Les années défilent et While She Sleeps, dont l’énergie n’a jamais diminué, enchaîne les albums avec « This is the Six » (2012), « Brainwashed » (2015), « You Are We » (2017), « So What? » (2019) et « Sleeps Society » (2021). Chaque sortie s’accompagne d’une tournée ce qui a permis au groupe britannique de bien implanter son identité sonore et scénique dans le Metalcore actuel. Voyons donc ce que « Self Hell », leur dernière création, nous propose de nouveau !
Si vous suivez While She Sleeps depuis leurs débuts, vous devriez vous y retrouver avec des morceaux comme ‘Rainbows’ et sa rythmique ronflante, et ‘Down’ en featuring avec Alex Taylor, le chanteur de Malevolence. Le groupe reste fidèle à son ADN musical et on reconnait sans peine leur petits rituels mélodiques, comme dans l’écriture des lignes de guitares de Sean Long et Mat Welsh qui sont hyper reconnaissables ! Le groupe nous rappelle ses racines musicales et brandit le Metalcore qui a fait son succès comme pour ancrer cet opus dans une certaine continuité. La voix et surtout l’incarnation de Lawrence Taylor sont toujours au rendez-vous, que ce soit en live ou sur album et c’est un vrai bonheur de sentir son engagement !
La continuité que nous venons d’évoquer permet au groupe de s’aventurer sur d’autres terrains, plus Electro notamment avec ‘Self Hell’ ou l’interlude ‘No Feeling is Final’ en featuring avec Aether. Profitons-en d’ailleurs pour souligner la très belle introduction intitulée ‘Peace of Mind’ : en un peu plus d’une minute, elle nous plonge dans une ambiance contestataire chère à While She Sleeps qui ne sacrifie cependant pas ses préoccupations musicales à son envie de théâtralité ! En plus de ces éléments Electro, l’autre ligne directrice de « Self Hell » semble être le recours à des voix parlées enregistrées avec un son de radio ; on aime ou on n’aime pas mais il y en a presque partout (et c’était déjà le cas sur les derniers albums).
Maintenant que vous connaissez les grandes lignes, penchons-nous sur l’effet global de cet album qui s’ouvre, comme je le disais, avec une très bonne introduction, suivie de l’excellent ‘Leave Me Alone’ qui mêle du In This Moment à du vieux Linkin Park pour un résultat final très réussi ! Nouveau succès avec le morceau éponyme qui mobilise la joie brute et le défoulement Punk d’un Frank Carter and the Rattlesnakes…et puis tout s’essouffle avec les airs adolescents de ‘Dopesick’, puis ‘To the Flowers’, assez peu mémorable, ou encore ‘Enemy Mentality’, groovy mais prévisible. Heureusement que l’excellent ‘Radical Hatred Radical Love’ arrive en conclusion et nous sauve de l’ennui vers lequel nous plongions !
On pouvait s’y attendre mais « Self Hell » continue sur la lancée des précédents opus et aborde frontalement le sujet de la santé mentale, des traumatismes, des attentes et des codes de la société, de l’expression de son intériorité, de la quête de liberté. Pour transmettre ce message, While She Sleeps s’appuie sur des recettes qui ont déjà prouvé leur efficacité et s’aventure un peu plus loin vers l’Electro et la création d’ambiances sonores plutôt que de chansons à proprement parler. En témoigne la présence d’une introduction (‘Peace of Mind’), d’un interlude (‘No Feeling is Final’) ainsi que d’un morceau instrumental (‘Out of the Blue’), le tout sur un album de seulement 42 minutes ! C’est donc un album inégal mais les bonnes idées du groupe permettent de passer outre les déceptions de la deuxième moitié de « Self Hell » !