La vie d’un groupe est tout sauf un long fleuve tranquille, et THE OLD DEAD TREE ne vous dira pas le contraire. Pourtant auréolé d’une bonne réputation durant la première décennie de ce siècle, le quintette français a vu se succéder quelques coups durs (décès du premier batteur dès les débuts de la formation, difficultés à stabiliser le lineup, usure entrainant un hiatus conséquent, redémarrage avorté du fait de la pandémie…) qui ne l’ont pas épargné et qui ne donnaient pas cher de l’avenir de la formation.
C’est oublier quelque peu le "Nankurunaisa" si cher à nos amis nippons, qui veut que « avec le temps, tout se règle ». Car en effet, malgré le passif copieux évoqué précédemment, et près de 17 années sans autre activité que quelques concerts épars et deux EP, « Second Thought » vient asséner que le Vieil Arbre n’est pas encore mort, contrairement à ce que le blaze du combo voudrait nous faire croire.
Dès les premières notes, l’on prend conscience de l’ancrage dans un style constituant un marqueur fort du début des années 2000. C’est très gothique dans l’intention, avec le recours à des passages au tempo retenu, où les guitares laissent s’épanouir les accords de puissance. Les arrangements des chœurs sont assez solennels, évoquant les chorales d’église. Pour le coup, le quintette semble reprendre les négociations là où il les avait laissées avant le long hiatus qu’il s’est imposé.
La construction des compositions fait fi du classique couplet-refrain, au profit de structures plus progressives. C’est assez surprenant, dans le contexte de titres relativement ramassés (leur durée oscille entre 3 et 4 minutes 30, on est loin des cadors du genre n’hésitant pas à étirer leurs titres sur la dizaine de minutes). C’est également bienvenu, dans la mesure où cela maintient l’attention de l’auditeur, en le surprenant constamment.
Il y a également d’heureuses ouvertures sur d’autres genres musicaux qui viennent casser le marquage stylistique fort de l’album. Ainsi, l’on vient taquiner la note bleue en introduction de « Don’t Waste Your Time ». Dans un autre genre, « Without a Second Thought » vient faire un pas de côté vers des ambiances plus death-metal. Aussi, « Fresh Start » ressort les synthés et la voix de baryton d’un Dave Gahan pour évoquer Depeche Mode dans ce que la formation de Basildon a produit de plus théatral (« Walking in my shoes », ce genre de choses…). Enfin, « OK » surprend par ses passages parfumés au…rap metal.
Nonobstant, l’emprunt de ces chemins de traverse n’est pas suffisamment exploité pour éviter à « Second Thought » de se désengluer d’un style qui reste ancré dans une certaine époque, et l’album peut ne pas convaincre ceux à qui l’époque bénie d’un certain "gothisme" (EVANESCENCE ?) ne parle pas. De fait, l’on pourrait ne pas accrocher immédiatement à un album qui recèle de trop peu de moments de véritable émotion pour emporter d’emblée l’adhésion. Paradoxe : la qualité d’écriture est pourtant là, et augure de lendemains meilleurs pour la formation. Avec le temps, les choses se règlent...