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Savigaila

Julie Legrand
Journaliste

Erdve

 Aussi torturé que fascinant, l’album ‘’Savigaila’’ nous offre une expérience inédite au cœur de l’esprit humain 
11 titres
Sludge Metal/Post-Hardcore
Durée : 44
Sorti le 23/08/2021
1711 vues

Amateurs de Black, de Hardcore et de Sludge, je vous invite à un voyage au plus profond de l’esprit humain! Entrons au cœur de l’univers aussi unique que torturé des Lituaniens ERDVE et de leur album ‘’Savigaila’’ !

Avant même de parler des productions, parlons de la couverture, tant celle-ci est explicite. En effet, derrière cette sobriété presque trompeuse, et par-delà cet homme noir, souillé et en feu, nous sommes face au programme de l’opus : c’est sombre, dérangeant, mais aussi dangereusement intriguant ! Le choix de cette couverture est parfait pour retranscrire parfaitement la volonté de cet opus : aborder ‘’l'apitoiement sur soi’’ et la manière dont nous surmontons les bonnes comme les mauvaises émotions.

Parlons maintenant des titres ! Si je devais en faire une brève présentation, je dirais d’eux qu’ils sont aussi poignants que fascinants et aussi lourds que magistraux. Lors de leur écoute, nous pouvons ressentir une sorte d'engourdissement face à la palette d’émotions qui s’en dégage. La variété musicale est la force d’ERDVE : le groupe a su mélanger plusieurs genres sombres et énervés au sein de onze morceaux qui se complètent sans pour autant être redondants.
Le travail sur l’ambiance est à saluer. En quelques secondes, nous nous baignons dans les eaux sombres d’un esprit torturé. Embourbés mais fascinés, une seule voie s’offre à nous, écouter la suite de l’album tant la tentation est forte.

Si nous écoutons ‘Votis’, l’instrumentation y autant saturée qu’étrange. Grâce à un rythme lancinant, un lieu insaisissable et impalpable se façonne devant nous. La plupart des notes étant déformées, nous avons presque une sensation d’une perte de spatialisation. Combinée à un jeu oppressant, un petit stress, voire une peur, pourrait presque se faire ressentir. ‘Pleure’ est son homologue et nous offre une production encore plus immersive !
Dans un registre différent, nous avons ‘Betonas’. Bien plus lourd, nous sommes martelés à coup de riffs monstrueux, tandis que des cris désespérés accompagnent les instruments. La force de ce titre réside dans sa capacité au changement : certains moments sont plus lourds que jamais, mais ils sont joués en alternances avec de brefs bruits blancs. Le passage de l’un à l’autre donne une grande vivacité à l’ensemble, mais également un poids monstrueux à chacune note qui est jouée. Petite prévention fort sympathique : le rythme y est très prenant, ne soyez pas surpris si une soudaine envie de bouger vous prend !
Enfin, laissez-moi vous parler de deux titres diamétralement opposés dont la symbiose est étrangement satisfaisante : l’avant-dernier intitulé ‘Skilimas’ et le final ‘Takoskyra’. ‘Skilimas’ est une véritable plume blanche qui tombe du ciel. Il s’agit d’un jeu mélancolique, sans accompagnement, au piano. Ne vous y trompez pas cependant : malgré la légèreté des notes, un poids est collé à cette plume et nous le ressentons. Petite pensée à la toute dernière note sortie dans le son le plus grave possible, vibrant ainsi durablement en nous. Enfin, l’album se clôt sur ‘Takoskyra’. Mélange entre un jeu lourd à la touche mélodique et un chant crié désespéré, nous avons là le final parfait. Le fait qu’il soit à la suite d’un morceau mélancolique joué au piano lui donne naturellement un côté maussade. À titre personnel, j’ai tout de même eu l’impression qu’un léger espoir se faisait ressentir, cependant il s’agit là d’une perception subjective et je suis curieuse de savoir ce que vous en pensez.

Il est temps de terminer cette chronique rédigée avec le plus grand des plaisirs. ‘’Savigaila’’ se révèle être un condensé d’émotions qui parvient à secouer nos esprits autant que les instruments et la voix secoue nos tripes. C’est une expérience peu commune qu’il faut vivre pour comprendre à quel point cet album est véritablement incroyable. Il se dégage des morceaux tellement de richesse et d’émotions que l’écoute en devient subjective et entre en résonance avec nos propres pensées.
J’ai été complètement conquise et je suis convaincue que vous le serez aussi ! C’est désormais à votre tour d’entrer dans le monde agréablement torturé d’ERDVE !

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