Avec ''Saddiction'', Hangman’s Chair sublime une fois de plus la laideur pour en faire du beau, transformant le béton craquelé de nos cités en prairie verdoyante
Hangman’s Chair est de ces formations dont la musique ne peut laisser indifférente. Soit on lâche l’écoute au bout de trente de secondes pour se poser devant Hanouna, soit on se laisse aspirer par le vortex d’émotions généré par le quatuor parisien, quitte à ne plus vouloir en sortir. Délaissant le sludge boueux des débuts pour un spleen sonore bardé de reverb depuis quelques années, les ‘’joyeux drilles’’ nous reviennent avec leur nouveau long, qui se veut la suite directe de ''A Loner'', tant sur le fond que sur la forme.
'To Know The Night' ouvre le disque de la plus belle des manières et pourrait s’avérer un potentiel single via son côté accrocheur et son chant harmonisé.
'The Worst Is Yet To Come' surprend agréablement avec son contraste entre rythmiques plombées et guitares aériennes. Ce mélange de lourdeur et de légèreté, marque de fabrique du groupe depuis ''Banlieue Triste'', se retrouve tout au long de l’opus, bande-son d’une réflexion sur la dépression et la solitude dans nos cités bétonnées.
'Kowloon Lights', doté de superbes mélodies vocales et illustré par un clip magnifique, retranscrit parfaitement ce sentiment d’oppression intérieure qui croît lentement mais surement, plongeant celui qui la subit dans un labyrinthe de ténèbres, à l’image du bidonville hong-kongais auquel le titre renvoie.
Raven Van Dorst vient poser sa voix sur '2 AM Thoughts', composition aux relents postcore où le temps semble suspendre son vol pour quelques instants.
Certaines intonations vocales rappellent le Chino Moreno de Crosses ('44YOD'), 'Canvas' lorgnant quant à lui du côté des Deftones par son rythme lancinant.
'In Disguise', pièce émotionnellement puissante, emprunte à Type O Negative cette beauté triste si caractéristique de la bande à Peter Steele. Peut-être le morceau le plus fort de cette cuvée 2025.
L’opus se referme sur 'Healed', longue pièce musicale qui laisse poindre une touche d’espoir dans ce chaos ambiant, fournissant aux condamnés une corde non pas pour se pendre mais pour se hisser hors du trou.
Mise en son par un Francis Caste qui rend toute sa splendeur aux guitares cristallines et à une section rythmique percutante, cette collection de neuf joyaux devrait combler tous les amateurs de musique qui prend aux tripes et guérit les âmes. Une réussite incontestable.