Peut-on être et avoir été ? C'est la question qui se pose à toute tête d'affiche lorsque le soufflet retombe. En l'occurrence, si Skid Row a eu le privilège de régner sur le début des années 90 avec ses deux premiers albums et des titres devenus cultes (« Youth gone wild », « 18 and life », « Monkey business »), plus dure a été la chute avec une production raréfiée et le départ du charismatique chanteur Sebastian Bach.
Sur la forme, Skid Row a résolu l'équation, avec une manière originale d'occuper le terrain, à travers un triptyque d'EP, dont « Rise of the damnation army » est le deuxième tome (après « United World Rebellion », sorti en avril 2013 - cf. notre chronique ci-dessous). Dave Sabo et Rachel Bolan, les principaux compositeurs de Skid Row, qui multiplient les activités au sein du business musical (managers, producteurs) en connaissent trop les ficelles pour ne pas avoir flairé la bonne idée ; en l'occurrence créer l'événement (une sortie, une tournée, un merchandising) avec seulement un tiers d'album, en l'occurrence 5 titres et 2 reprises. D'où d'emblée, vlan, 2 étoiles enlevées par l'impitoyable chroniqueur à qui, ah ah mes gaillards, on ne la fait pas, non mais oh !
On en enlève encore une pour la TVA et les impôts, mais on ne sombre pas dans la mauvaise note : les 2 restantes sont épargnées, par la grâce du talent de composition du duo susnommé. Energique, bâti sur un mur de guitares et la voix haut perchée et légèrement éraillée de Johnny Solinger, le rock de Skid row se classe toujours à l'extrême du spectre glam.
C'est notamment à ce style qu'il emprunte avec une certaine légèreté (cf « Give it the gun », qui a des accents de Mötley Crüe) et des riffs percutants pétris de groove (« We are the damned » « Zero day »). Ajoutons assez de variété, entre une ballade qui, si elle ne brille pas par son originalité, évite les tonalités les plus convenues, et l'énergie punk de « Damnation Army », ce qui au final, nous assure une écoute sympathique.
Pas possible au final de vraiment dire de mal de cet album bonsaï (en ces temps de politiquement correct, il serait impossible d'évoquer un album nain !) : à l'image des deux reprises qui le clôturent (un Queen pas vraiment plus énergique que l'original et un Aerosmith qui a l'originalité de remplacer un blues par un mur de grattes), il n'y a aucune faute de goût, mais assurément aucun génie non plus.
Verdict : quand on a été, on ne peut plus se permettre d'être à moitié !