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One Hour Before It's Dark

ALDO
Journaliste

Marillion

Aucun débat possible : cet album est un indispensable !
7 titres
Rock
Durée : 54
Sorti le 04/03/2022
3104 vues

MARILLION…ce groupe est une énigme.

Fort d’une communauté de fans passionnés, qui lui permet aujourd’hui de s’affranchir des labels (ils ont quitté la maison-mère EMI pour prendre leur envol en 1997 et développer un modèle singulier de financement participatif) il suscite enthousiasme et interrogation, tant leur (long) parcours atypique détonne.
Emergeant à l’aube des années 80 dans un style plutôt rock, se posant –malgré eux- en héritiers de Genesis , ils évoluent avec le départ de leur frontman Fish ( à l’issue du 4e album « Clutching At Straws ») vers une musique plus atmosphérique et pop, à la limite parfois de la BO de film. Avec l’arrivée de Steve Hogarth (« Season’s End »), plus subtil et versatile, ils affirment une volonté -affichée dès leurs débuts, ceci dit- de ne surtout pas suivre le schéma classique et commercial du couplet-refrain, développant des constructions en plusieurs mouvements, changeant de thème, de tonalité les doigts dans le nez, avec cette faculté de rendre tout ça très cohérent et évident. C’est vous dire le niveau des gaziers en termes de composition.

MARILLION, c’est avant tout un quintet de musiciens de grande classe. C’est d’abord Steve Hogarth, qui non content d’incarner littéralement ses chansons sur scène, assure également l’assise harmonique au piano et à la guitare. C’est aussi Mark Kelly, dont les claviers érigent de véritables cathédrales sonores, tantôt immenses, tantôt douillettes. C’est aussi Pete Trewavas, dont la basse tout en retenue, jamais lourde, ne se cantonne pas à l’assise rythmique du groupe, mais participe véritablement à la construction sonore de l’ensemble. C’est aussi Ian Mosley, le sage derrière ses fûts, lui aussi un monstre de finesse et de subtilité, jamais bourrin. Et puis il y a enfin Steve Rothery (seul membre originel du groupe), le sorcier qui fait pleurer ses guitares : une seule de ses notes, travaillée patiemment, vous emmène visiter les étoiles.

Le fait est que décrire la musique des anglais est assez difficile, tant elle vient avec aisance vous toucher à l’âme…Chaque album est différent, et en même temps tellement familier, a fortiori depuis « Sounds that can’t be made », qui a remis en selle les cinq d’Aylesbury après une longue période de perte de régime commercial consécutive au départ de Fish.

Et –on y vient enfin- « One hour before it’s dark » ne dérogera pas à la rêgle. C’est comme d’habitude gorgé d’émotion, jamais ennuyeux, épique et doux à la fois. C’est -l'actualité aidant- évidemment marqué dans les textes par les tourments de ce monde. On évoque le fléau du COVID, qui amène à devoir renoncer aux marques d’affection, sous peine de tuer bien involontairement par amour (« Murder Machine », aux sonorités plutôt urbaines). Surtout, on évoque l’état de santé de notre planète, et la charnière que constitue notre époque (« Be Hard on Youself »). Enfin, on réfléchit sur la notion de liberté (« Sierra Leone », évoquant l’exploitation du diamant dans ce pays d’Afrique, le sujet n’étant qu’un prétexte). Et puis surtout, il y a en conclusion le roboratif (15 minutes, tout de même…) « Care », dont le texte, rendant hommage aux personnels soignant qui ont essuyé les plâtres de la pandémie, est tout simplement truffé d’allusions…aux morceaux qui l’ont précédé. Malin et brillant…

Difficile d’être plus explicite, tant les mots manquent pour décrire l’indescriptible. La musique de MARILLION, bien que complexe, ne saurait être enfermée dans des mots. Elle se ressent intimement, et vient toucher l’auditeur au plus profond. La dernière livraison des anglais en est à ce titre une belle confirmation. Aucun débat possible : cet album est un indispensable !