Necrobreed
Anibal BERITH
Journaliste

BENIGHTED

«Benighted arrive une nouvelle fois à se surpasser pour atteindre l'apothéose du brutal death !»

12 titres
Death Metal
Durée: 38 mn
Sortie le 17/02/2017
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Fin janvier 2016, nous avions la chance d'interviewer Kevin Foley, ancien batteur du groupe de brutal death français Benighted, lors de la tournée européenne avec The Black Dahlia Murder où il nous confiait que le 8ème album des stéphanois était en cours de préparation et qu'il serait plus brutal que le précédent opus ''Carnivore Sublime''! Première interrogation mais comment est-ce possible?
Une année vient de s'écouler depuis ces révélations et nous voilà en présence du 8ème méfait du meilleur groupe mondial du genre. Il se prénomme 'Necrobreed' et oui je vous confirme dès ces quelques lignes qu'il est plus brutal que ''Carnivore Sublime'' et que tout ce qui se fait aujourd'hui, tout en sachant conserver l'entité même de Benighted sans pour autant tomber dans la facilité de faire quelque chose de simpliste et brutal juste pour être ''celui qui pisse le plus loin''.

Toujours enregistré en Allemagne au Kohlekeller Studio, 'Necrobreed' s'inscrit dans la continuité d'une relation durable avec les fondateurs Kristian ''Kohle'' Kohlmannslehner et Kai Stahlenberg puisque c'est le 3ème album depuis ''Asylum Cave'' qui passe entre les mains de ces spécialistes de musique engagée et sauvage. Cette collaboration de 6 ans est maintenant optimale et va permettre au quintet français de délivrer un son absolument parfait avec des techniciens de renom qui savent exactement ce que veulent Julien Truchan, le fondateur et vocaliste prodige du groupe, et ses acolytes.

Alors que l'album précédent traitait de la chute psychologique d'un individu en proie à ses psychoses, ''Necrobreed'' puise son inspiration toujours dans les déviances psychologiques d'un homme où la fiction rejoint la réalité puisque les textes sont issus du quotidien de Julien infirmier dans un hôpital psychiatrique et retranscrits de façon violente et horrible sur les 12 pistes de cette galette.

Ici, l'album traite d'un schizophrène qui se construit une famille en se cousant des animaux morts sur son abdomen et qui ira jusqu'au point de non retour fort bien décrit dans l'apocalyptique 'Mass Grave'. Mais avant d'en arriver là, le 8ème opus de Benighted débute par l'intro dérangeante 'Hush Little Baby' sur lequel la chanteuse de Chenille, Asphodel, prête sa voix avec un faux air malsain en train d'appeler les enfants pour dîner sur un fond de musique sordide accompagné d'un bruit de tuerie à l'ambiance glaciale d'un bon film d'horreur old school. Cette intro laisse place au brutal 'Reptilian' sur lequel on retrouve immédiatement la patte du groupe dans la composition de la musique et bien sûr, le chant avec le vocaliste de génie Julien Truchan capable de passer du growl death bien caverneux au pig squeal qui a fait sa renommée.
On reste dans l'ambiance film d'horreur avec des riffs créant une mélodie sordide qui me font penser à celle que l'on ressent sur le dernier album de Carnifex ''Slow Death''. La brutalité ultime est bien sûr au rendez-vous avec un rythme de blast effréné...comme j'aime à le dire, ça tartine sévère et ce sera comme ça sur les 38 minutes du skeud!

Point de répit donc pour l'auditeur, le combo fait ce qu'il sait faire le mieux et le fait bien. Il envoie baffes sur baffes en continuant la chevauchée infernale de son sujet schizo avec le très direct 'Psychosilencer' légèrement grindcore et un chant poussé à l'extrême avec un passage très slamming brutal death sur le dernier quart du titre pour un final tronçonné lourd et sombre.

Enchainement sans transition avec un léger roulement de tambour sur 'Forgive Me Father' avec Trevor de The Black Dahlia Murder en guest pour les parties plus éraillées. Cet album est un vrai rouleau compresseur où chaque titre est plus flippant l'un que l'autre et où la brutalité et la perversité mentale du personnage principal monte en puissance. Ce n'est que le quatrième titre et déjà on en a pris plein la tronche et le pire c'est que l'on en veut encore!

Pas de soucis, les stéphanois sont là pour ça et rempilent par 'Leatherface' obscure et terrifiant aux passages légèrement fédérateurs lors du refrain scandé, les riffs cristallins et son final écrasant au growl caverneux. Il est suivi de près par 'Der Doppelgaenger' chanté en allemand lui conférant un air encore plus agressif.

De nombreuses influences chez le guitariste Emmanuel Dalle, qui a composé principalement toutes les parties musicales avec les touches grindcore du titre éponyme, chanté en français; l'ambiance toujours aussi terrifiante s'accroît sur le très efficace 'Monsters Make Monsters' ou le plus coreux 'Cum with Disgust' sur lequel Arno de Black Bomb A, prête sa voix tellement ce titre est fait pour lui !

On enchaine sur l'opus avec le très brutal 'Versipellis' et ses blasts tabassés et fulgurants, ses riffs incisifs et tranchants ! On appréciera la recherche audio sur le vieux tuner radio de l'intro de 'Reeks of Darkened Zoopsia' qui nous fait passer de musique jazzy année 30 à des riffs plus saturés pour un morceau tout aussi agressif avec plus de passage en mid tempo tout en conservant un rythme soutenu.

L'histoire de notre schizophrène, avec qui nous cohabitons depuis plus d'une demi-heure, s'achève sur la pièce maîtresse de l'oeuvre, 'Mass Grave', qui sur près de 5 minutes offre un panel très varié et une densité musicale qui montre bien que la maladie du personnage atteint là son paroxysme et que l'issue est inévitablement la mort .... 3'35'' ''GAME OVER'' est scandé puis c'est l'agonie avec de longs cris plaintifs et douloureux sur des riffs plutôt black qui s'effacent petit à petit avec la fin de la piste...avec la fin de l'album....

Un 8ème album très attendu qui s'avère être une réussite totale tant par le côté créatif que technique. Benighted arrive une nouvelle fois à se surpasser pour atteindre l'apothéose du brutal death en proposant une musique violente et propre offrant à la fois de l'intensité et de la variété. Tout en étant extrêmement brutal, ''Necrobreed'' raconte une histoire digne des meilleurs thriller psychologiques ou film d'horreurs cultes que nous connaissons et sort ainsi des clichés du death pour offrir quelque chose de dense et novateur!

Anibal Berith