Il s’est déjà écoulé cinq ans depuis la dernière livraison du « plus français des groupes australiens ». Le bulldozer « Rolling » date effectivement de 2018, et l’on se demande bien dans quel état le combo nous revient au sortir du tunnel du (de la ?...rayer la mention inutile) COVID.
Car dès avant la pandémie, et malgré une production régulière et qualitative, le quintette montrait des difficultés à soutenir ses œuvres en tournée. Non pas que les prestations fussent de piètre qualité (ce serait plutôt le contraire). Le fait est que des ajustements réguliers de personnel et une rareté des dates proposées venaient brouiller les cartes à propos d’une formation qui, sur disque, augurait d’un joli potentiel.
Les membres du groupe éparpillés aux quatre coins de la planète (façon puzzle, selon l’ami Raoul Volfoni…ceux qui savent sauront), et chacun occupé à diverses activités (naissances, engagements musicaux locaux…), le leader Lex Koritni a donc fini par prendre le taureau par les cornes et revu sa feuille de match. C’est donc réduit à un quartet (Lex prenant officiellement la place de guitariste en plus du chant), et avec trois nouveaux membres(Tom Fremont à la guitare, Mathieu Albiac à la basse, et le transalpin Daniel Fasano aux baguettes), que KORITNI (le groupe) revient fouler nos conduits auditifs.
Côté genèse de l’album, c’est la pause imposée par le (la ? rayez la…bref…) COVID qui a amené l’ami Lex à reprendre sa guitare, et à force de gratouille machinale devant sa télé, fait remonter la pulpe créatrice du patron. De fil (cordes de guitare, devrait-on dire) en aiguille (de vu-mètre de console d’enregistrement), les riffs, les structures, les paroles se sont petit à petit agglomérés, et c’est quasi tout seul (à une intro-outro d’album près, jouée par Tom Fremont, plus une rythmique assurée par l’ancien guitariste Luke Cuerden), que Lex est parvenu à constituer le résultat qui nous intéresse présentement.
Et là où le précédent opus oscillait franchement entre hard rock sauce Vegemite (pour les titres les plus énervés, notamment) et country rock bluesy, le taulier fait ici un -léger- pas de plus vers la multiplication des influences.
Car même si la base de sa cuisine reste le blues électrique, il y a dans les harmonies, l’écriture et les arrangement quelque chose de plus « moderne » qui interpelle l’auditeur.
Notamment, on vient titiller le Heavy Metal (carrément! Si, si...) sur les titres les plus rapides (« No Strings Attached », et SURTOUT le monstrueux « Funny Farm », qui mettra le feu dans les pits de tout bon festival !), lorsqu’il ne s’agit pas de mettre un peu de Southern Rock (« Go Hard or Go Home », même si le refrain est plus puissant) voire de la pop (« Tonight », qui dénote un peu, et sonne un tantinet plus faible). Evidemment, bon sang ne saurait mentir, on ressort le slip kangourou pour quelques citations AC/DCiennes (les chœurs du refrain de « Born to Lose »).
Petit clin d’œil à sa patrie d’adoption, on notera pour l’anecdote dans l’introduction de « Bone for You », qu’on entend Lex donner des ordres à son chien…en français !
Côté production et arrangements, c’est toujours aussi chatoyant pour les oreilles. Il y a dans l’écriture une certaine finesse qui vient maintenir l’attention de l’auditeur, en toute discrétion. Le travail rythmique évite la lassitude, par une recherche de variété dans les pulsations entre les morceaux, mais également à l’intérieur même des chansons.
L’on est particulièrement admiratif du travail effectué sur les chœurs, mais également de la basse. On entend rarement l’instrument sonner aussi bien sur un album Hard Rock : le son est ENORME !!!
Les solos, qui révèlent la maîtrise de l’instrument du patron (dans les passages véloces, niveau shred, ça calme !) évitent la démonstration technique, au bénéfice de la dynamique des morceaux. C’est pertinent et jouissif.
L’on ne sera pas étonné de lire dans les crédits de l’album, que le mixage a été réalisé par Kevin « Caveman » Shriley, car cela s’entend de bout en bout : c’est équilibré, dynamique et puissant à la fois.
Après quelques errements et une tendance à peut-être vouloir trop en faire sur de précédents opus, Lex KORITNI vient confirmer une orientation entamée – au moins- avec « Rolling » : pas d’esbroufe, de l’efficacité, de la puissance et de l’engagement. La progression se fait ici en réussissant à diversifier un tantinet les couleurs, sans dénaturer un socle définitivement Rock et Bluesy.
Reste pour les nouveaux membres du groupe à s’approprier cet album, afin le défendre sur les routes. Gageons qu’avec un répertoire de cet acabit, il n’est pas impossible qu’ils apportent leur écot au réchauffement climatique. Car tout est ici mis en œuvre pour mettre le feu dans les salles de concert…et sur vos platines !