En deux ans, Kanonenfieber est passé de projet solo de studio à phénomène scénique. Une ascension fulgurante, presque irréelle, portée par un concept fort : raconter la guerre – la vraie, celle qu’on ne glorifie pas – à travers les yeux des anonymes. Les textes sont inspirés de lettres, de journaux, de témoignages de soldats de la Première Guerre mondiale. Le résultat ? Un black/death martial, sans concession, mais toujours habité.
Ce live, c’est un condensé de tout ça. L’intensité de "Menschenmühle", la violence glaciale des EPs, et la montée en puissance de Die Urkatastrophe, leur dernier album studio. On y retrouve des titres comme "Sturmtrupp", "Panzerhenker" ou encore "Großmachtsfantasie", joués avec une précision chirurgicale mais toujours avec cette tension nerveuse propre au groupe. Noise, le cerveau masqué derrière Kanonenfieber, ne relâche jamais la pression. Et le public, capté avec justesse, fait partie intégrante du tableau : il scande, il hurle, il vit chaque note.
Ce n’est pas juste une performance musicale. C’est un moment. On sent dans chaque riff, dans chaque break, le poids de l’Histoire, la rage sourde, la mémoire qui gronde. Kanonenfieber transforme la scène en un espace de recueillement aussi bien que de déflagration sonore.
Le travail sonore est d’ailleurs irréprochable. Noise s’est occupé lui-même du mixage, confiant le mastering à Kristian Kohle. Résultat : un son massif, clair mais pas aseptisé, qui garde l’âpreté du live. Côté objet, les fans seront servis : double vinyle (avec de très belles éditions splatter), CD+Blu-ray digipak... un soin apporté jusque dans l’objet physique, ce qui devient trop rare pour ne pas être salué.
Live in Oberhausen, c’est l’évidence qu’un bon concert peut devenir un grand disque. Mais c’est aussi – et surtout – la confirmation que Kanonenfieber n’est pas là pour amuser la galerie. Le groupe raconte, transmet, frappe là où ça fait mal. Une claque. Et une leçon.