Avec trois Raw Like Sushi, deux Budokan et quelques autres livraisons, Mr. Big a déjà proposé une grande quantité de disques Live. On peut donc légitiment s'interroger sur l'intérêt de ce Nième album enregistré en public. Pour faire court, ce Live from Milan, capté le 12 novembre 2017 à Trezzo sull'Adda (Italie), immortalise l'une des dernières prestations du batteur Pat Torpey. Depuis quelques années, n'étant plus en mesure d'assumer toutes les parties de batteries (en studio et sur scène), le marteleur de futs partageait les baguettes avec Matt Starr. Malheureusement, début 2018, le cogneur de toms s'en est aller rejoindre les anges de la musique suite à des complications avec sa maladie de Parkinson. R.I.P Pat.
Coté setlist, notre quatuor (à cinq donc) puise dans six de ses neufs rondelles parues (l'impasse totale est faite sur Get Over It, Actual Size et sur ...The Stories We Could Tell). Ce sont donc surtout le dernier opus en date Defying Gravity et aussi Lean into It (cinq compos de chaque) qui se taillent la part du lion. A eux deux ils représentent la moitié des titres joués. Le solde est pioché sur Bump Ahead, What If..., la galette éponyme et finalement Hey Man (respectivement quatre, trois, deux et un morceaux).
L'énergique \'\'Daddy, Brother, Lover, Little Boy (The Electric Drill Song)\'\' est l'opener parfait. Super riff, bien solide et puis le célèbre double solo à la perceuse électrique. Quelle entame. S'ensuivent les compos rock hard mid-tempo aux rythmiques en béton (\'\'Undertow\'\'), les harmonies aux petits oignons (\'\'Green-Tinted Sixties Mind\'\' et son lead de gratte à se taper le cul par terre), le rock entraînant (\'\'Alive And Kickin\'\') et les refrains accrocheurs (\'\'1992\'\', \'\'American Beauty\'\').
Les compères nous régalent. Ils savent y faire dans le genre couplet rock'n'roll old-school (\'\'Open Your Eyes\'\') ou des morceaux pêchus avec ce je-ne-sais-quoi d'entêtant qui reste en mémoire (\'\'Defying Gravity\'\').
Rien ne manque, rassurez-vous. Y a du groove (\'\'Everybody Needs A Little Trouble\'\'), des pistes plus calmes (\'\'Just Take My Heart\'\') voire acoustiques (\'\'Damn I'm In Love Again\'\' et of course la Hit ballade multi certifiée ambiance feu de camp \'\'To Be With You\'\') et bien sur la fameuse reprise de Cat Stevens (\'\'Wild World\'\'). Eric Martin demeure impérial derrière son micro malgré le poids des ans.
On n'échappe pas non plus aux « pauses » instrus démonstratives (\'\'Paul's solo\'\' et \'\'Billy's solo\'\'). Quand on a un virtuose ès guitare comme Gilbert et un maitre des quatre cordes tel Sheehan dans ses rangs, pourquoi s'en priver. Alors on a le droit à deux soli de chacun des protagonistes (sept et cinq minutes). Rien à redire si ce n'est, qu'a tout prendre, on aurait préféré deux véritables chansons (comme par exemple leur cover de Judas Priest \'\'Living After Midnight\'\' pour laquelle chaque membre change d'instrument : Billy et Matt aux grattes, Paul derrière les grosses caisses, Eric à la basse et le regretté Pat au chant). Est-ce vraiment nécessaire de rajouter ce type d'intermèdes alors que l'on trouve déjà pléthore de duels savoureux de nos instrumentistes à cordes sur de nombreux compositions (comme sur le fulgurant \'\'Addicted to that Rush\'\' ou \'\'Around The World\'\' par exemple) ? On chipote, ne boudons pas notre plaisir.
Prenons donc de \'\'Live from Milan\'\' pour ce qu'il est. A savoir, un très bel hommage au frappeur originel récemment disparu et un plutôt bon « greatest hits live » d'un all-stars band nommé Mr. Big toujours aussi impressionnant.