Firewind montre sur cette nouvelle galette, une progression fulgurante, un univers musical musclé sur fond sacré, un travail pur et mélodiquement abouti. C'est clairement le meilleur album de leur carrière.
La Grèce, ce merveilleux pays qui nous fait tant rêver pour tout ce qu'il représente, le berceau de la philosophie occidentale, la présence de racines de la science, la création d'une mythologie aussi captivante que riche en symboles, sa gastronomie, son eau bleue et j'en passe…
La Grèce sait aussi surprendre pour d'autres raisons : outre leurs légendaires groupes de Black et Death mystiques, brille aussi un groupe qui s'est attiré un solide respect au panthéon du Heavy Power en 18 ans d'existence. J'ai nommé « Firewind ».
De la formation initiale, il ne reste qu'un seul maitre d'oeuvre, tel un Sparte refusant d'abdiquer, le génial guitariste, Gus G.
Firewind, c'est un combo qui enchante par la qualité de ses oeuvres et qui nous montre un long chemin parcouru depuis la sortie du tout premier opus, « Between Heaven and Hell » en 2002. 6 albums suivront dont le très bon « Few against Many » de 2012.
Cette même année, un jeune prodige Belge de la batterie, Johan Nunez, que j'ai eu l'honneur de connaître lors de son passage chez Mystica, rejoint Firewind.
Un an plus tard, nous aurons droit à un album Live, histoire de montrer ce que les musiciens ont dans les tripes.
En 2015, le groupe s'enrichit dès l'arrivée de son nouveau chanteur Teuton, Henning Basse très connu par sa carrière chez Metalium.
En 2016, nous pûmes découvrir une réminiscence de vie avec la sortie de 2 singles, « Hands of Time » et « Ode to Léonidas ».
Alors qu'un lundi de décembre 2016, j'écoutais l'émission radio Web « Heavy Metal Assholes » de United Rock Nations, voilà que passait un bon morceau de Firewind. Votre serviteur fut scotché par la qualité musicale qu'il découvrait. La cause était entendue, il me ferait grand plaisir de découvrir la nouvelle production.
Voici que sort une toute nouvelle galette pour ouvrir l'année 2017.
Comment Firewind peut-il sonner avec Messire Basse ?
Au niveau musical, serons-nous toujours dans la courbe ascendante vers le progrès ?
C'est que voyez-vous, quelques spécialistes pensent que nos Grecs manquent encore d'une particularité permettant de les identifier ; il leur faudrait une sorte de « griffe ». A la décharge du groupe, eu égard aux nombreuses modifications de line-up, nous pouvons dire que ça n'aide pas à appuyer une certaine personnalité.
L'album s'ouvre avec « Hands of time » qui démarre en mode power speed-épique classique pour laisser Henning nous montrer toute la puissance de son chant, son timbre un peu rugueux mais diablement énergique. Le riffing est super dynamique et engagé. C'est un peu Helloween qui marcherait aux amphétamines. Je suis carrément sous le charme tant le sire Basse tient la dragée haute sur la musicalité déjà bien nantie en consistance. La frappe de Johan est magistrale et forme une très belle osmose avec la rythmique endiablée du jeu de basse de Petros.
Pas le temps de souffler, « We defy » maintient la forte pression sur votre abdomen. Ca défile à 200 à l'heure, ça scotche les neurones. La technicité est énorme, le rythme est effréné. Ce morceau est énorme et le son est excellent. Le mastering de Dennis Ward met vraiment en valeur les qualités du groupe et ma foi, le Dennis possède une énorme expérience au sein de la crème de la crème.
Firewind nous plonge dans les combats lors de la seconde invasion Perse, nous menant au pas de course, lance à bout de bras, sur le champ de bataille des Thermopyles.
Troisième piste de l'album qui s'annonce déjà somptueux, la très profonde ode à Léonidas, Roi agiade (une des deux familles Royales) de la puissante Sparte. Léonidas tombera sous les javelines Perses mais restera noblement gravé dans l'histoire. Le morceau est véloce et assez travaillé tant au niveau du clavier qu'au niveau du riffing. Qu'il est loin le temps où des monarques se battaient pour la liberté de leur peuple. C'est justement le sens de ce sacrifice qui est ici mis à l'honneur. Dans cette excellente ode, le chant de Henning comporte les variations teintées d'émotion.
« Back on the Throne » poursuit le récit, nous menant cette fois dans un registre plus typé Heavy. La puissance est toujours présente. Le riffing est saccadé, secondé avec brio par une basse nettement plus martiale. Le chant est agressif pour ensuite prendre le chemin du semi-recueillement. Cette piste montre un autre aspect de Firewind sans perdre en richesse énergique. Le refrain risque de marquer en live.
Sur «Live And Die By The Sword », nous démarrons sur le volet ballade, avec un chant plus adouci. Sous les envolées de guitare, le tempo va s'accélérer au gré du temps pour nous emporter littéralement dans les combats épiques. Superbe interprétation.
6ème piste, « Wars of Ages », nous ramène dans la figuration heavy speed Power avec des mélodies assez classiques mais diantrement efficaces. Le chant alterne ici volontairement entre passages tendres et déterminés pour mieux se calibrer sur l'esprit du hit. Le refrain est génial.
Nous enchaînons avec « Lady Of 1000 Sorrows » qui prend une ambiance plus calme, plus mid tempo tout en gardant son aspect d'âpreté. Le jeu mélodique de guitare enchante l'auditeur sur les ronflements d'une basse qui guide la valse virevoltante. C'est carré, limpide et efficace.
Surprise, sur le titre éponyme, nous sommes écrasés par le lourd riffing, bercé par un clavier éthéré. Ce qui est horrible c'est que ce morceau est énorme mais ne dépasse pas les 2 minutes. C'est un coït auditif interrompu créant grande frustration.
Nous comprenons que l'intention était bien d'intégrer « Immortals » en prémisse du très épique 9ème titre «Warriors And Saints », s'inscrivant parfaitement dans la cohérence d'ensemble amorcée dès les premières notes de l'album. La batterie se démène avec grande classe et fougue, assez sollicitée par les progressions guitaristiques. Le morceau est grandiose.
Nous terminons sur le plus atmosphérique « Rise From The Ashes » qui balance son mordant à l'approche de la première minute. Encore un refrain magistral bien prenant doté d'un peps titanesque.
Alors là, si on ne perçoit toujours pas de « griffe typique » chez Firewind, on n'en verra plus jamais car sur cet album, on sent un engagement fabuleux. Un travail mélodique conséquent a été réalisé et les musiciens sonnent en cohérence sous la houppe de la cohésion. Le chant de Messire Basse apporte une envergure appréciable tant il vit l'esprit de l'oeuvre.
L'album tourne en boucle et vous surprend à chaque fois par les petites finesses glissées subrepticement çà et là.
Merci Firewind d'avoir pondu ce bijou, tel un orfèvre sur l'autel du Heavy Power. Si l'on considère que l'hommage est construit sur des faits historiques et non sur base d'un monde imaginaire, cela donne en sus une dimension sacrée comme parviennent à le faire les blackeux Hellènes de Nocternity.
En conclusion, Firewind montre sur cette nouvelle galette, une progression fulgurante, un univers musical musclé sur fond sacré, un travail pur et mélodiquement abouti. C'est clairement le meilleur album de leur carrière.
Histoire d'aller mesurer l'efficacité du combo, ne loupez pas le coche, deux dates sont programmées en France :
- 22 Février 2017 : O'Sullivan's Backstage by the Mill, Paris.
- 23 Février 2017 : La Laiterie, Strasbourg.