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Hin Elga Kvol

ALDO
Journaliste

Sólstafir

Un album à dompter...
9 titres
Viking/Black Metal (early), Post-Metal/Rock (later)
Durée : 48 minutes
Sorti le 08/11/2024
272 vues
Lorsqu’on écoute un album de Solstafir, il faut s’attendre à ressentir la rudesse du climat et des paysages islandais : le sifflement doux du vent, la puissance du ressac en bord de mer, la pluie, le grondement du magma…tout ceci transpire dans les dernières œuvres du quartette. Car loin du pur Black Metal de ses débuts, la bande d’ « Addi » Trygvasson a opéré un virage en proposant un matériau plus feutré, porté sur l’émotion et l’ambiance.

Mais avec sa dernière livraison, le quatuor islandais s’ingénie aujourd’hui à mixer et faire se télescoper les atmosphères. Ainsi, à l’écoute de « Hin Elga Kvol », on trouve le bercement et l’émotion pure de l’Ambient (nous y reviendrons…), mais surtout la puissance martiale du heavy metal (parfois industriel, comme dans certains accents du magistral «Kuml »…nous y reviendrons…), le déchirement du Black Metal (le titre éponyme, gavé de blastbeats et de hurlements, ou encore « Nu mun Ijosi deyja »). On fait un pas de côté vers des atmosphères plutôt surf mâtinées d’un soupçon de western spaghetti (les guitares twangy de « Blakkrakki »), quand il ne s’agit pas de brouter les plates-bandes du rock héroïque des années 80 (« Vor As », très U2 dans l’intention, ou encore « Gryla », dont la seconde partie bascule temporairement sur un propos plus éthéré).

Bref, alors qu’on était habitué à des albums plus cohérents, c’est un maelström de styles, d’influences diverses qui vient bousculer l’auditeur, lui faisant parfois perdre ses repères.
Et puis…et puis il y a ce monument qui vient clôturer l’album. Shamanique, habité par les incantations solennelles de Sigurjon Kjartansson (par ailleurs écrivain et scénariste TV chez nos amis de l’Ile de glace), le saxophone fantômatique de Jens Hanson, et un son de basse nimbé d’effet tremolo (rappelant subtilement le Angelo Badalamenti de « Twin Peaks »), « Kuml » (qu’on peut traduire par « pierre tombale ») concentre en lui le summum du savoir-faire des islandais pour bâtir des ambiances qui prennent aux tripes. Appairé avec son complément « Salumessa », il forme un dyptique qui restitue toute la mélancolie et la puissance des paysages islandais que le quatuor sait habituellement si bien restituer dans sa musique.

Tel un phare en pleine tempête, l’on retrouve la si caractéristique voix plaintive du frontman, systématiquement mixée sans aucun traitement ni effet, contrastant ainsi avec une instrumentation baignant dans la réverbération, et des saturations lourdes et grasses comme de la tourbe.

Varié, mais frôlant le foutraque à force de vouloir désarçonner l’auditeur par des changements assez radicaux d’atmosphères d’un morceau à l’autre, « Hin Elga Kvol » (l’album) risque aussi bien d’emporter d’emblée l’adhésion que de rebuter au premier contact, car requérant un certain effort pour en saisir la beauté. Un album à dompter…

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