Bien qu’il reste le meneur et l’auteur-compositeur principal du groupe de power metal allemand Edguy (qu’il a cofondé en 1992), Tobias Sammet n’a rien sorti de nouveau avec ce combo depuis « Space Police - Defenders Of The Crown » en 2014 (on ne compte pas la compile « Monuments » et ses quelques inédits de 2017). Ces dix dernières années, le natif de Fulda est surtout resté actif avec son autre projet Avantasia.

En ce début 2025, le frontman teuton revient donc avec ladite formation et un dixième effort studio nommé « Here Be Dragons ». Comme à l’accoutumé, Tobias a tout composé seul et s’est chargé des enregistrements ainsi que la production en binôme avec son comparse de longue Sascha Paeth (qui s’est en plus occupé du mix et des parties de guitares). A l’instar de ses précédentes réalisations, la tête pensante germanique a convié plusieurs vocalistes (ici au nombre de huit) pour partager le micro.

Certains habitués sont de retour. Dixième participation pour Michael Kiske (Helloween), neuvième pour Bob Catley (Magnum), cinquième pour Ronnie Atkins (Pretty Maids), quatrième pour Geoff Tate (ex-Queensrÿche) et « seulement » deuxième pour Roy Khan (ex-Kamelot). Du coté des petits nouveaux, miss Adrienne Cowan (Seven Spires), Tommy Karevik (Kamelot) et Kenny Leckremo (ex-H.E.A.T) ajoutent leurs noms à la déjà très longue liste de contributeurs recrutés. Dixit Herr Sammet « Ce nouvel album porte l'esprit le plus aventureux et le plus audacieux que ma musique ait eu depuis des décennies ».

A l’écoute du successeur de « A Paranormal Evening with the Moonflower Society » (2022), on note effectivement ici des combinaisons d’idées plutôt intéressantes. La chanson éponyme, en duo avec Mister Tate, l’un des « héros vocaux » de Tobias, mêle arrangements orchestraux, claviers en avant et riffing de guitare puissant. Dans le genre autre réussite, on retient le tandem avec M. Bob Catley ('Bring On The Night'). La compo, écrite en quelques heures, un soir de début juillet 2024 en hommage à Tony Clarkin, fondateur et guitariste de Magnum, décédé six mois plus tôt, renvoie aux disques période 80’s dudit groupe de rock progressif anglais par l’utilisation de sonorités et de synthés typiques de ces années. Mention spéciale à l’association avec Roy Khan ('Everybody's Here Until The End') qui, malgré sa forme de ballade et des parties au piano, parvient à nous emporter dans un grand final épique.

Cela étant dit, on retrouve aussi et une fois encore tous les éléments chers au maître de cérémonie germain. Les morceaux intègrent ce qu’il faut de chœurs entêtants et de refrains accrocheurs ('The Witch' et 'Phantasmagoria' avec, respectivement, le gars Karevik et « le vrai roi du Danemark » Atkins tous les deux en mode vénère). Au rayon des speederies power metal, les partenariats avec messieurs Kiske ('The Moorland At Twilight') et Leckremo ('Against The Wind') donnent dans l’efficacité. Le commentaire est le même avec les deux titres que Tobias s’est garder en « solitaire » (le court et percutant 'Creepshow', le mélodique 'Unleash The Kraken').

Avant de conclure, il faut mentionner la pochette « dans le thème » à nouveau créée par le peintre illustrateur britannique Rodney Matthews (80 piges en juillet prochain) à qui on doit les artworks de skeuds pour Thin Lizzy, Nazareth, Diamond Head, … entre autres. Solide et foisonnant de bonnes idées, « Here Be Dragons » est un opus de qualité qui s’inscrit dans la continuité de la discographie des plus recommandable de Avantasia.