Il n'est jamais évident d'accepter le changement. Et naturellement, la comparaison avant/après se fait. D'autant plus quand ce sont des éléments profondément "ancrés" dans notre vécu qui font l'objet de ce changement. On a tous comparé des plats cuisinés, des remakes ou suites de films et j'en passe. L'esprit d'analyse et la critique sont logiquement activés. Et il est parfois difficile de briser l'ancrage pour être le plus objectif possible.

Quand Linkin Park a recommencé à faire l'actualité, une oreille curieuse, sans être pressée, s'est attardée sur le projet. Le premier single," The Emptiness Machine" avec son introduction agréable mais sans réelle surprise ( le rap chanté de Shinoda- un riff simple et efficace) portant la patte du combo avant l'arrivée et la présentation au monde du nouveau membre , Emily Armstrong, et ce fut un bouleversement.

Force est de constater que la nouvelle "recrue" est efficace et sa voix se mêle parfaitement au morceau et à l'esprit. Ce morceau fût l'accroche parfaite pour susciter l'envie de se plonger dans le nouvel album de Linkin Park.

Le second single, "Heavy Is A Crown" a confirmé cet intérêt. Des sonorités connues, un riff et un flow de Mike SHINODA reconnaissables et le doute avait disparu : Linkin Park est de retour,

Quelques écoutes m'ont été nécessaires afin de me détacher totalement de la version antérieure de Linkin Park, ce qui est à la réflexion idiot car Linkin Park a toujours été un groupe repoussant ses limites et n'ayant aucune difficultés à croiser les styles. Mais dès la première écoute, le sentiment général est le suivant: l'album est extrêmement réussi, la plupart des morceaux font mouche et ca sonne Linkin Park. Ca transpire, respire Linkin Park.

Le travail sur le son est tout simplement phénoménal, Mike Shinoda étant l'artisan principal, et démontre une nouvelle fois à quel point cet artiste est doué, chaque morceau ayant son identité propre, et l'ajout de passages électroniques apporte une dimension "aérienne" aux compositions ("Overflow" par exemple, aurait pu être composé par Massive Attack epoque "Mezzanine"), l'ensemble sonnant très actuel tout en rappelant d'anciens titres ( par des ajouts de scratchs , ou des accords de guitare).
Il apparaît également que l'influence de Linkin Park sur les groupes actuels est importante, Bring Me The Horizon en tête.

L'association du flow de Mike SHINODA et le chant plus rock , et à fleur de peau d'Emilie ARMSTRONG est tout simplement parfaite. Ni supérieure ou inférieure à celle avec Chester BENNINGTON, juste différente mais tout aussi géniale.

Le métalleux que je suis a été agréablement surpris d'entendre des morceaux aussi percutants que ceux composés par le groupe en début de carrière à travers "Two Faced" et son final explosif , "Cut the Bridge", "Casualty" ou encore "Heavy Is The Crown". Pourtant , quel plaisir de reprendre les refrain de "Stained" ou "Over Each Other" ou de se laisser embarquer par "Overflow", certainement les morceaux les plus forts émotionnellement.

La polyvalence vocale d'Emily ARMSTRONG apporte une sensibilité nouvelle, un chant clair tout en douceur , capable de glisser doucement ves les hurlements et la rage avec ce grain dans la voix , tout simplement envoûtante.

Linkin Park a synthétisé son héritage, traversant les genres, offrant des compositions très actuelles, puissantes, sensibles pour ce nouveau chapitre. L'histoire est terrible, belle, triste, magnifique, mais elle n'est pas finie.

Est-ce la nostalgie qui fait effet, un épisode dépressif, la joie des retrouvailles ou la magie mais Linkin Park a encore réussi avec cet album à me bouleverser.
Merci.