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La Chronique de The Effigy
Il y a vingt cinq ans déjà que Dimmu Borgir est descendu sur terre avec son black metal atmosphérique norvégien. Au gré des albums Dimmu acquière une reconnaissance de plus en plus forte mais par la même occasion, commence dès le troisième disque Enthrone Darkness Triumphant, à susciter des polémiques chez les fans de black. Le groupe se mue de plus en plus vers le symphonique, recherchant par la même occasion un son de plus en plus net et mieux produit. La grosse scission se fait avec Puritanical Euphoric Misanthropia qui voit une large partie des fans de la première heure rejeter le groupe qui ne perd rien au change vu le nombre de nouveaux adeptes qui adoptent le groupe. Le symphonique prend de plus en plus de place et se grave pour la postérité sur le cd/dvd Forces Of The Northern Night dévoilant les lives avec le Norwegian Broadcasting Orchestra et le Cantorum Choir donné en 2011 et 2012. L'album studio suivant est tout d'abord prévu en 2014, puis en 2015, suivi encore d'une annonce pour 2016 pour au bout du compte arriver maintenant sous le nom d'Eonian. Le fan a été patient ; le tout est de savoir si cela en valait la peine.
Les effets électroniques sont de sorties en introduction de « The Unveiling », suivis par la lourdeur d'un rythme macabre et grandiloquent. La suite partira plus amplement dans une tendance black pour les lignes de guitares mais les couplets relativement allégés donnent une autre ambiance alors que l'orchestre et les choeurs véhiculent un déferlement d'images renvoyant la musique du groupe à l'aspect cinématographique qui prend de plus en plus de place dans sa musique. Dimmu Borgir montre d'emblée qu'il ne cherchera pas vraiment le compromis mais qu'il continue l'aventure du grandiloquent qu'il semble tant aimer. Le second titre, « Interdimensional Summit » ayant été dévoilé depuis pas mal de temps, l'auditeur a déjà eu l'occasion de se rendre compte d'un réemploi de certaines sonorités alors que l'ensemble du titre se veut plus classique dans la lignée des deux derniers albums studios.
Après un moment en deux temps d'introduction, « Aetheric » déboule avec un riff assez classique dans le côté black mais le titre contient plusieurs mouvements différents, pas loin de rappeler les travaux d'orchestration d'un Therion ou d'un Epica. Certaines parties ne touchent absolument plus au côté violent mais se dévoilent en pur metal symphonique. Plus étrange avec ses effets guitares, « Council Of Wolves And Snakes » passe par l'ambiance amérindienne alors que les couplets parlés dévoilent l'histoire. Le break très lent et posé est assez majestueux, relevant toujours le côté musique de film.
« The Empyrean Phoenix » est plus direct pour sa première moitié. La seconde partie est basée sur l'orchestration et les choeurs ainsi qu'un solo assez simple techniquement mais bien à propos dans l'expression du morceau. Quand une voix d'outre tombe ouvre le bal de cette manière, l'on ne peut s'empêcher de penser à un vieux Venom. « Lightbringer » sort la double pédale pendant que les mains droites de nos guitaristes attrapent des tendinites inévitables. Le morceau ne parait pas complexe au premier abord mais les écoutes répétées dévoilent un travail acharné et une exécution de jeux à souligner.
Un moment grandiose apporte le très bon « I Am Sovereign ». Pas très loin de la comédie musicale croisée à l'opéra version total metal. Certain verront là un moment kitch alors que d'autres remarqueront le traditionnel de la musique slave. Il faut admettre que le groupe n'a peur de rien, il laisse libre court à sa liberté créatrice et rien que cela est un mérite en soit sachant à quel point certaines personnes sont prêtent à lui sauter dessus à la moindre occasion. « Archaic Correspondence » est un bon titre traditionnel mais soulève une question au niveau sonore. Encore une fois le même son vst est utilisé pour les notes mélodiques et nous trouvons qu'il aurait été bon de varier de ce côté là aussi.
Quand une entrée majestueuse se fait sur les instruments à cordes de l'orchestre, l'auditeur est attentif à l'émotion. Le groupe donne tout ce qu'il possède sur les passages rapides d' « Alpha Aeon Omega » alors qu'il pose l'ambiance lugubre sur les couplets. Le titre est basé sur la mélodie et n'hésite pas encore une fois à se modifier en cours de route. L'orchestre procède à un arrangement assez mélancolique en contraste avec la base musicale du groupe. Un superbe titre pour les fans actuels du combo. Quand vient le temps de se quitter, Dimmu emploie cette fois la répétition additionnée. L'instrumental « Rite Of Passage » tournera sur le même thème alternant les variantes de notes et d'instrument. Simple mais très bien conçu, ce titre est une clôture somme toute très logique à l'album. Efficace pour terminer en beauté.
Ce nouvel album à l'avantage, où le désavantage, de fonctionner en deux temps. Il peut se dévoiler à la première écoute. C'est du moins l'impression qu'il donne et cela peut poser problème pour celui qui juge rapidement. Ayant l'impression d'avoir tout découvert directement, certains ne pousseront pas la découverte plus loin que ça. Alors qu'en fait, le deuxième temps dévoile de nombreuses subtilités, un grand savoir faire et une belle cohérence de l'ensemble. Dimmu Borgir n'a aucune crainte à avoir avec un album de cette trempe. Il déchaînera encore les passions entre les convertis et les réfractaires. Et quand on en est là dans sa carrière, c'est que l'on peut être certain d'être un grand. Un album réussi que nous ne pouvons que vous conseiller, mais rien que pour ça, ne serons nous pas critiqué ? Sur cette dernière touche d'humour car nous savons que nos lecteurs sont ouvert d'esprits, nous vous laissons le soin de la découverte par vous même.
La Chronique de Herger
Les voilà enfin de retour, les Maîtres du Black Symphonique Norvégien. Je veux bien sûr parler de Dimmu Borgir.
Il aura fallu attendre près de 7 ans pour voir arriver un nouvel album même si pendant cette période le groupe n'a pas été inactif entre le réenregistrement du très bon "Stormblast", des concerts et la publication du live sorti l'année dernière. Les norvégiens se sont concentrés sur Shagrath et Silenoz membres fondateurs du groupe ainsi que de Galder tête pensante du groupe Old Man Child.
On ne va pas tourner autour du pot longtemps: ceux qui pensaient que le groupe allait faire un retour aux sources et proposer un album proche du magnifique et sombre "Stormblast" vont être déçus. On a tout simplement droit à un très bon album de Black Metal Symphonique Moderne.
Ce qui saute aux oreilles dès les premières écoutes c'est la qualité symphonique de l'album. Le trio a pris un soin extrême à peaufiner les arrangements. Pour vous faire une idée, jeter une oreille sur la très bonne introduction "Alpha Aeon Omega"
Par ailleurs, la prédominance des chœurs, qui a été mis en avant par rapport à ce que le groupe a pu faire par le passé, participe au caractère grandiose des arrangements symphoniques. Ces chœurs servent aussi de moyen de remplacement au chant clair de Vortex. On trouve dans ces chœurs des passages féminins et masculins voire les deux ensemble. Certains reprocheront que ces choeurs font que la musique de Dimmu Borgir se rapproche plus d'Epica que des standards du style mais pour ma part cela fonctionne bien et apporte une touche additionnelle intéressante. Ces chœurs font beaucoup pour l'ambiance majestueuse de l'album qui se prolonge tout au long de l'album.
Les structures des compositions sont de qualité. Elles sont complexes. On a l'impression de se trouver à l'écoute de morceaux progressifs. Les changements de tempo sont fréquents: le groupe passe du rapide ou lent avec aisance. Les breaks sont de qualité comme sur "Counsil Of Wolves and Snakes", l'un des meilleurs titres de l'album qui contient un magnifique passage acoustique.
Des notes de claviers constituent un fil rouge tout au long de l'album. Ces notes rappelleront aux plus anciens ce que faisait Varg Vikernes sur "Dunkeilheit" ou "Tomet" sur l'album "Filosofem". C'est le cas par exemple du titre "Archaic Correspondance".
Les guitares constituent un certain paradoxe En effet, le combo norvégien nous délecte parfois de riffs typiques Black qui rappelleront les lignes dissonantes de Satyricon comme on peut l'entendre sur "The Unveiling" ou "Aetheric", mais aussi des grattes mélodiques et accrocheuses proches du standard du Heavy. Pour cela on peut citer les titres comme "Council Of Wolves and Snakes" ou "Interdimensional Summit".
Dans ce nouvel opus les voix claires ont quasiment disparues (dixit le départ de Vortex). Shagrath propose ses vocaux habituels qui rappellent le croasement du corbeau mais aussi des intonations gutturales comme sur "Alpha Aeon Omega" ou murmurées tel que l'on peut entendre sur "I Am Sovereign" qui est lui aussi l'un des meilleurs titres de l'album.
Pour finir, il faut reconnaître que le travail avec leur nouveau producteur Jens Borgen est une réussite. Le son tout au long de l'album est puissant, il restitue parfaitement le rendu des compositions. L'artwork est lui aussi très beau. Le groupe a toujours pris soin de fournir de belles cover d'album et celle-ci ne fait pas exception.
Dimmu Borgir n'en fait qu'à sa tête et produit un de ses meilleurs opus voire le meilleur de sa carrière mais le temps nous le dira. Grandiose sombre sont les Maîtres mots de "Enian". Pour ma part le meilleur album de ce début d'année.